« Un garçon pas comme les autres » de Jean-Sébastien Girard : satisfaction extrême

Le premier spectacle solo de Jean-Sébastien Girard  « Un garçon pas comme les autres », contient une somme non négligeable de blagues à la limite du bon goût et de moments carrément touchants.

CRITIQUE / Le leitmotiv des rois du stand-up comic, « une ligne, un punch », Jean-Sébastien Girard ne connaît pas ça. Au contraire, son premier spectacle solo, « Un garçon pas comme les autres », contient une somme non négligeable de blagues à la limite du bon goût et de moments carrément touchants. Et pourtant, on en ressort avec un profond sentiment de satisfaction.


Voilà qui pourrait sonner comme un échec. Un spectacle d’humour « satisfaisant »? N’ayez crainte, on rit beaucoup durant ces 90 minutes, qu’a d’ailleurs beaucoup appréciées le public du Vieux Clocher de Magog vendredi soir. Mais c’est étonnant aussi à quel point on ne sort pas indemne de cette prestation. Plutôt touché. Sensibilisé même. Et rassuré de voir que même les plus grosses énormités que balance l’humoriste passent la rampe.

Le secret de la recette Girard, c’est probablement toute la compassion qu’il inspire. Lui-même a été surpris de voir comme l’assistance magogoise, au lieu de se rouler par terre, réagissait souvent par des « hooooonnn! » lorsqu’il relatait une des nombreuses anecdotes d’humiliation de sa vie. Quand on réussit à conquérir le coeur des gens comme ça, ils sont prêts à vous passer à peu près n’importe quoi.

D’où ce sentiment de satisfaction au sortir de la salle : celui de ne pas s’être juste dilaté la rate, mais d’avoir connecté avec l’humanité de quelqu’un (parce que des humiliations, principal thème de la soirée, tout le monde en vit). Certains en auront probablement appris davantage sur le vécu de ces centaines de petits garçons pas comme les autres qui se sentent tous inadéquats un jour ou l’autre, même s’ils demandent juste à être aimés dans leur différence.

Il faut quand même beaucoup de courage de la part de Girard de se dévoiler dans autant de moments de honte, alors que le commun des mortels préférerait probablement effacer tous ces souvenirs de sa mémoire. Au moins, il a compris cet élément fondamental de tout raconteur d’histoire : plus on est près de soi, plus on devient universel.

Bien sûr, il y a forcément une part d’invention et d’exagération dans tout ça. Mais comme Jean-Sébastien Girard appuie ses récits par de nombreuses photos et vidéos d’archives, toutes plus kitch les unes que les autres, difficile de mettre en doute la véracité de nombreux épisodes.

Le secret de la recette Girard, c’est probablement toute la compassion qu’il inspire.

Manieur d’ironie et d’euphémisme

Pour ceux et celles qui le suivent à la radio depuis longtemps, aucune surprise : l’humoriste demeure un habile manieur d’ironie et d’euphémismes, notamment quand il tente de créer une connivence avec les hommes dans la salle, comme si ses petites lubies d’enfance étaient de la plus grande normalité.

Par exemple décider quel serait le prénom il aurait aimé avoir s’il avait été une fille. « Et vous, Monsieur, c’était quoi, votre prénom de fille quand vous étiez petit? » demande-t-il à un spectateur.

Il joue aussi souvent avec le feu. Le passage sur le deuil périnatal de sa mère était vraiment limite. Est-ce parce que le public en région est plus sensible que le public urbain?

Le plus remarquable dans tout ça, c’est la façon dont Jean-Sébastien Girard réussit à transformer en rires ces douloureux moments qu’il a vécus comme enfant, adolescent et jeune adulte. Celui qui a finalement trouvé sa place et réalisé son rêve de travailler à Radio-Canada rebondit de façon tellement fantastique qu’il fait, en quelque sorte, oeuvre utile : il donne envie de l’émuler dans sa façon d’avoir traversé toutes ces épreuves.

Le plus émouvant, c’est probablement tout l’amour envers sa mère qui émane de cette soirée. Oui, les fils à maman ont un rôle à jouer dans la société. Les fils à papa devraient parfois essayer de les imiter un peu.