En ce moment, aucune loi n’exige que les centres de services scolaires ou les directions d’écoles mettent sur pied une politique sur l’anaphylaxie pour encadrer les élèves ayant de graves allergies. « Les choses ne bougent pas vraiment rapidement. Ça fait presque 15 ans qu’on demande une forme d’encadrement, pas nécessairement sous forme de législation. Ça peut-être une règlementation. Vraiment quelque chose qui viendrait du gouvernement pour uniformiser tout ça. Toutes les autres provinces canadiennes l’ont fait. On se demande juste pourquoi au Québec on ne le fait pas », souligne Dominique Seigneur, directrice du développement et des communications d’Allergies Québec.
« Ce n’est pas une option d’attendre qu’il se produise un drame. On veut agir en amont. »
— Dominique Seigneur, directrice du développement et des communications d’Allergies Québec
Cette uniformisation dans les pratiques permettraient de minimiser les risques d’incidents et de cesser de mettre en place des mesures au cas par cas comme le bannissement des allergènes dans certains milieux, selon Mme Seigneur. « Peut-être qu’on pourrait aller davantage vers de la formation du personnel scolaire. C’est rare quelqu’un qui sait se servir d’un auto-injecteur et qui sait reconnaître les signes de l’anaphylaxie. »
Allergies Québec souhaite que les discussions sur le sujet reviennent à l’ordre du jour du gouvernement provincial. « Il y a vraiment un absentéisme au niveau gouvernemental. Ceci dit, c’est un projet de loi non partisan. Dans les dernières années, on nous dit toujours “on va voir ce qu’on peut faire”, mais il n’y a rien qui se passe. On traîne un petit peu de la patte. »
Selon Mme Seigneur, certains écoles ont déjà mis sur pied des mesures « excellentes ». Cependant, dans d’autres milieux, la gestion des allergies est plus problématique. Jusqu’à 20% des premières réactions allergies se déroulent dans les écoles de la province, selon Allergies Québec. « Ce n’est pas une option d’attendre qu’il se produise un drame. On veut agir en amont. »
Importante augmentation
Ce sont environ 300 000 personnes, majoritairement des enfants, qui ont des allergies alimentaires au Québec.
« Certaines études, qui ne sont pas juste au Canada, mais partout dans le monde, montrent des augmentations de 18% en l’espace de dix ans. C’est énorme comme augmentation. C’est rare un bond aussi spectaculaire », mentionne Mme Seigneur en ajoutant qu’une réaction allergique est une réaction exagérée du système immunitaire.
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Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation. Certains cofacteurs comme l’asthme, l’eczéma, les allergies saisonnières, sont des conditions favorisant les allergies alimentaires, mentionne Dominique Seigneur. « Un enfant qui a des allergies alimentaires va avoir plus tendance à faire de l’asthme par exemple. On voit une augmentation d’autres conditions connexes. C’est certain que les allergies augmentent aussi. L’autre chose est qu’on vit dans un monde assez industrialisé. On pense que les gens ont un système immunitaire qui est un peu endormi. [...] Il surveille les petits rhumes, la grippe, la COVID-19, mais à part ça, c’est rare qu’il est en demande de façon soudaine. Cela fait que le système immunitaire se trompe. C’est pour ça par exemple que chez un enfant en bas âge, il peut attaquer les protéines d’arachides. »
« Il y a aussi la théorie de l’hygiène, selon laquelle on a transformé tout ce qui est à notre portée dans les dernières années, on a tout aseptisé et on n’est plus habitué de faire fonctionner [notre] système immunitaire. Encore une fois, il va se tromper comme il est tellement habitué qu’on assainisse et qu’on nettoie qu’il va attaquer des choses qui ne sont pas problématiques à la base », ajoute-t-elle.
En plus des différentes théories émises à propos de l’augmentation des allergies, Dominique Seigneur soutient que de plus en plus d’allergologues sont formés. Par le fait même, les diagnostics sont plus nombreux.
Elle rappelle que les allergies alimentaires peuvent se développer dans certains cas du jour au lendemain. « On ne peut pas prévoir si une personne va devenir allergique ou pas dans sa vie. »