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La question se pose : quel est l’avenir du hockey civil chez nous et au Québec? Surtout alors que le hockey scolaire s’impose de plus en plus.

À l’Association Hockey Jeunesse de Granby, le président Denis Bessette ne s’en cache pas. Il y a «sept, huit ans», l’association comptait 800 joueurs, en comparaison avec quelque 500 aujourd’hui. Mais la pertinence du hockey civil demeure et demeurera, clame-t-il.

«Le hockey scolaire prend de la place, mais je ne l’ai jamais vu comme un adversaire pour le civil, explique-t-il. Le civil propose une offre, le scolaire en propose une autre. Reste que le civil, pour initier les jeunes et pour l’accessibilité, aura toujours sa place.»

Pour initier les jeunes. Car peu d’écoles primaires au Québec — et encore moins dans la région — offrent un programme de hockey. Et pour l’accessibilité. Car on va se le dire, ce ne sont pas tous les parents qui ont des milliers de dollars à mettre sur la table pour permettre à leur jeune de jouer au hockey dans un cadre scolaire.

N’empêche que le hockey scolaire a une proposition très séduisante à bien des égards. Comme celle de l’horaire.

«Y’a des parents qui nous disent: \"Moi, ça fait mon affaire que le plus gros de vos activités soit la semaine, pendant les heures de cours\", souligne Jean-Vincent Piette, coordonnateur du programme de hockey à l’école secondaire du Verbe Divin. On mène une vie de fou et il y a des parents qui en ont assez de construire leur horaire de fin de semaine en fonction des entraînements et des matchs de hockey de leur enfant.»

Piette ne se réjouit pas des difficultés du hockey civil. Loin de là, insiste-t-il.

«Le hockey civil, ça reste la base de notre hockey. Si les plus jeunes ne s’inscrivent pas au civil, le scolaire va en payer le prix plus tard. Quand je vois le programme AAA et AAA élite qui ferme à Massey-Vanier, ça m’inquiète. Est-ce que les meilleurs joueurs de hockey d’âge pee-wee et bantam de notre région vont s’exiler à Sherbrooke? Est-ce qu’on va devoir envoyer nos jeunes de 13 et 14 ans vivre en pension? Ça n’a pas de sens!»

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Revoir l’offre

Rémi Meunier est le directeur général de Hockey Estrie, qui travaille avec le hockey civil. Mais l’homme est aussi proche du scolaire en raison de son implication au hockey collégial. Selon lui, il faut voir plus loin que la simple comparaison entre le civil et le scolaire.

«La grande question, c’est : pourquoi est-ce qu’au Québec, pays de hockey, les jeunes pratiquent moins notre sport?, demande-t-il. Honnêtement, on est rendu à l’étape où il faut tout remettre en question. Nos dirigeants ont souffert de myopie trop longtemps et il faut aujourd’hui revoir l’offre de services de A à Z. Et je peux vous assurer que les gens vont être surpris par les changements que l’on risque de proposer.»

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Meunier, un ex-athlète de niveau international en natation longue distance, est d’avis que tous les efforts doivent être mis afin d’élargir la base. Et en renforçant la base, on renforcera par conséquent l’élite.

«Et ça, ça passe inévitablement par le civil. La grande région de l’Estrie propose une qualité de vie exceptionnelle, il y a plein d’autres choses à faire pour un jeune à part jouer au hockey, mais il y a quand même des choses qui clochent dans le système. Il faut s’ouvrir les yeux et accepter que ça va peut-être faire mal.»

Toujours selon Meunier, le hockey scolaire offre «un cadre superbe pour le développement du joueur et de la personne».

«Pourquoi un parent va-t-il privilégier le scolaire aux dépens du civil? Parce que le hockey sera un élément de persévérance scolaire important pour l’enfant et parce que l’horaire proposé va permettre à la famille de souffler. C’est pas compliqué, le parent qui paie 4000$ ou 5000$ par année pour envoyer son jeune jouer au hockey à l’école s’achète de la qualité de vie!»

Reste que le hockey à 4000$ ou 5000$ n’est pas pour tout le monde. À titre de comparaison, il en coûte 1000$ à un joueur des Vics pour jouer cette saison.

«Attention, le hockey scolaire n’est pas parfait, avertit Meunier. Les écoles doivent remplir des chaises et le joueur devient aussi un client alors qu’il doit d’abord être en classe pour apprendre à réfléchir, à écrire et à calculer. Et il y a encore et toujours l’accessibilité, évidemment. Vous savez, notre hockey aura fait un très grand pas en avant lorsqu’il y aura arrimage du hockey civil et scolaire. Tout passe par là.»

Notre hockey a ses défis. Et ils sont importants. Pour le bien du sport, mais aussi de nos jeunes, il doit évoluer.

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Ceci dit, précisons que ce n’est pas la fin du programme de hockey des Gouverneurs, dont les Bisons de Granby sont les responsables. Les cinq équipes représentant l’école secondaire Massey-Vanier (au niveau benjamin, cadet et juvénile) poursuivront leurs activités au sein du Réseau du sport étudiant du Québec (RSÉQ).

«Ce n’est pas une annonce que l’ont fait de gaieté de cœur, explique Olivier Maltais, vice-président de Vics Hockey Excellence. La réalité est triste, mais elle est implacable : on n’a plus de joueurs. Pour faire vivre nos équipes depuis deux ans (pee-wee AAA, pee-wee AAA élite et bantam AAA), il a fallu avoir des dérogations pour aller chercher des jeunes à l’extérieur de la région, avoir plus de joueurs de deuxième année que normal et quoi encore. On a étudié la situation de près, on a refait le casse-tête 1000 fois, mais ça ne fonctionne juste plus. Et ça n’allait pas s’améliorer la saison prochaine.»

Il y a un million de pénuries dans tous les domaines de la société présentement, mais on commence à parler de pénurie de joueurs de hockey. Ce qui semble complètement surréaliste au Québec.

«La situation semble plus difficile dans notre région, reprend Maltais. Notre territoire est vaste, mais la population n’est pas si énorme.»

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Comment est-ce qu’on peut expliquer un manque de joueurs comme celui-là? Je serais tellement heureux d’avoir la réponse.

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Et il n’y a pas qu’au niveau élite qu’on cherche des joueurs. Maltais rappellera qu’il y a une dizaine d’années, il y avait cinq équipes de niveau novice à Waterloo. Aujourd’hui, il en reste trois en mettant Waterloo et Bromont ensemble!

On le voit aussi lors des tournois présentés dans la région, où il n’y a jamais eu si peu d’équipes du coin. Et les clubs de la région, en tournois comme en saison régulière, en arrachent plus souvent qu’autrement.

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«David Lapierre a tout fait»

Olivier Maltais n’a que de bons mots pour l’organisation des Bisons et David Lapierre, directeur du programme des Gouverneurs, qui ont travaillé très dur afin que le hockey AAA fonctionne dans la région, dit-il.

«Nos jeunes ont été dirigés par la meilleure tête de hockey dans la région et David a tout fait pour trouver des solutions. Mais personne ne peut inventer des joueurs, personne ne peut aller les chercher chez eux, dans leur salon. Je n’ai absolument rien à redire contre les Bisons et leurs gens.»

Les joueurs de niveau AAA de la région devront maintenant se tourner vers le programme de hockey des Harfangs de Sherbrooke et l’école secondaire du Triolet.

«On manque de joueurs, mais pas talent, ajoute encore Maltais. Le développement dans la région se fait bien, à preuve les cinq ou six joueurs qu’on a à chaque année avec les Cantonniers de Magog, dans le M18 AAA.»

La fin du programme AAA des Gouverneurs marquera forcément la fin de Vics Hockey Excellence, qui n’a aucun lien en passant avec l’organisation traditionnelle des Vics, dont la raison d’être est de chapeauter les trois équipes élites de la région.

Roy : «C’est triste»

Grand patron des Bisons, Christian Roy se dit très attristé par la fin du programme AAA.

«La situation est triste, mais on respecte la décision de Vics Hockey Excellence, laisse-t-il tomber. Mais on va continuer à faire du hockey avec le RSÉQ, on va continuer à former de bons joueurs et de bonnes personnes. Le programme AAA est tombé, mais les Gouverneurs sont bien vivants et tournés vers l’avenir.»

L’organisation des Bisons a d’ailleurs récemment prolongé de cinq ans son entente avec le Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs.

À l'évidence, le hockey scolaire est en meilleure santé que le hockey civil.

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