Il s’agirait d’une première tentative de traversée intégrale du Québec : le périple s’étirera sur quelque 2785 km et devrait s’échelonner sur près de 100 jours.
La première partie du trajet, qui doit durer environ deux semaines, mènera Samuel Lalande-Markon de la Montérégie (au sud d’Huntingdon) jusqu’à la communauté crie de Chisasibi, dans la partie nord de la baie James, à l’embouchure de la rivière La Grande.
C’est à cet endroit que Simon-Pierre Goneau viendra le rejoindre. Ce dernier avait tenté une telle traversée en 2020 en vélo d’hiver, mais il avait dû rebrousser chemin en raison des mauvaises conditions météorologiques… combinées au début de la pandémie qui venait de se déclarer. Cette fois, c’est en ski qu’il entreprendra la traversée, un projet qu’il mijote depuis 15 ans.
Pendant deux mois, le duo montera vers le nord sur quelque 1250 km, ce qui l’amènera à parcourir la banquise côtière de la baie d’Hudson. Des ravitaillements sont prévus dans différentes communautés inuites.
Samuel Lalande-Markon, natif de Sherbrooke, n’en est pas à sa première expédition : il s’agit en fait d’un troisième chapitre d’envergure pour celui qui a mené l’expédition Transtaïga, en 2018, qui l’a conduit de Montréal à Kuujjuaq, puis de Blanc-Sablon à Waskaganish, en 2021.
« C’est en plein dans la lignée de ce que je fais depuis des années, commente-t-il. Autant on peut dire que ça me fait faire le tour, mais au contraire, j’ai l’impression que ça me donne juste plus envie de découvrir d’autres zones. J’aime beaucoup le concept d’expéditions multisports », raconte-t-il en soulignant que sa rencontre avec Simon-Pierre Goneau, qui a échafaudé cette traversée pour 2020, l’avait allumé.
« Il y a tous les éléments réunis : l’élément patrimonial, les cultures inuites, la beauté des paysages, la difficulté physique qui s’ajoute à tout ça, et en plus une première qui surprenamment, existe encore. On pourrait croire que le Québec a déjà été traversé dans son intégralité, mais non. Ça amène une réflexion super intéressante. Je trouve que ça dévoile notre rapport problématique au territoire québécois. Cette première-là, quelque part, ne veut pas dire grand-chose parce qu’évidemment le territoire nordique est habité par le peuple inuit depuis longtemps; il y a eu des expéditions dans le nord... Ça peut juste démontrer que le territoire moderne que l’on habite. Peut-être qu’on l’investit peu, notamment d’un point de vue symbolique. Il y avait cette volonté de dire : le Québec mérite ça. Il y a peut-être quelque chose derrière ça qui mérite une réflexion. »
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Outre son envie d’explorer le territoire, l’athlète a aussi envie de faire découvrir cette partie du Québec que l’on ne connaît pas. L’auteur et musicien a lu bien des récits d’aventures, notamment sur l’Arctique, mais constate que ce type de récits fait d’abord ressortir les lieux plus exotiques.
Plusieurs défis se poseront pour les deux aventuriers, dont la possible présence d’ours polaires, la météo et l’état incertain des glaces sur la banquise, laissant planer une incertitude sur les endroits où passer.
Samuel Lalande-Markon soulève d’abord le tronçon en vélo d’hiver comme le risque le plus grand.
« Ce qui frappe l’imaginaire, ce sont les ours polaires. À deux, en plus, on est un petit groupe. On s’est préparé au maximum, ça consiste en gros à bien gérer son environnement, être à l’affût… »
Le duo aura des pistolets à charge détonatrice pour faire peur; il aura aussi une arme à feu, mais l’aventurier souligne qu’il s’agit d’un tout dernier recours.
L’expédition doit se terminer à la fin du printemps, quelque 17 parallèles plus au nord.
Transtaïga avait donné vie à La Quête du retour. Cette expédition doit aussi mener à un autre projet d’écriture pour l’auteur. Elle vivra aussi ensuite sous forme de documentaire. Une petite équipe dirigée par la réalisatrice Marie France L’Écuyer rejoindra les deux membres afin de capter des images.