Gordyn est donc coupable de harcèlement envers deux victimes. Il est également coupable d’introduction par effraction et d’avoir intercepté des communications privées. Ces gestes auraient été posés entre juin 2018 et mai 2019.
Celui qui était détenu durant son procès a été acquitté d’un chef de voies de fait.
La procureure, Me Isabelle Dorion, a pris acte de la décision du jury autour de midi et demi, lundi. «Pour nous, la preuve était accablante. Bien qu’elle était volumineuse à présenter, c’est toujours rassurant de voir que justice est rendue dans ce contexte», lance-t-elle, soulignant le travail des employés du palais de justice et des jurés, qui ont été «patients, ouverts et qui ont mis de côté leur vie durant plusieurs mois pour embarquer dans cette aventure».
Faits
Selon la preuve présentée par le Directeur des poursuites criminelles et pénales, des appareils de surveillance ont été «subrepticement dissimulés» chez la victime de Gordyn, explique la procureure, Me Isabelle Dorion.
«Ce sont des dispositifs artisanaux qui avaient la capacité d’écouter en direct ce qui se disait, décrit-elle. Des experts de la division technologique de la Sûreté du Québec sont venus témoigner à la cour. Ce sont des experts en contre-mesure de surveillance qui ont présenté le type de dispositifs que c’était pour bien présenter la preuve et pour comprendre comment ils fonctionnent. On ne les voit pas tous les jours.»
La couronne mentionne que Marc Gordyn a été retrouvé avec quelque 5000 fichiers, donc des milliers d’heures de conversations et de moments de vie de sa victime. «Il avait ça en sa possession. Il pouvait les écouter à sa guise avec le bon matériel. C’était toute une collection de fichiers audios», décrit l’avocate.
Le chef d’accusation d’avoir intercepté des communications privées n’apparaît pas souvent sur les rôles des palais de justice. «Pour ma part, ce n’est pas un chef qui est coutumier de porter, avoue Me Dorion. Je souligne le travail du Service de police de Sherbrooke qui a été en mesure d’enquêter en collaboration avec la Sûreté du Québec.»
Comme il se représente seul, Gordyn a eu le droit de contre-interroger la vingtaine de témoins qui se sont présentés devant la juge. Or, lorsqu’est venu le temps pour la victime de s’amener à la barre des témoins, «tout a été mis en place pour qu’elle puisse témoigner sans voir son agresseur ni qu’il soit celui qui la contre-interroge», précise Me Dorion.
«Un avocat a été désigné à cet effet. Donc tout a été fait pour faciliter le témoignage de la victime à la cour. Au final, elle n’a ni vu l’accusé ni eu à répondre à quelque question que ce soit directement de sa part», complète-t-elle.
Forme
Me Dorion reprend son expression de «peu coutumier» lorsque La Tribune l’interroge sur Gordyn, qui se représente seul et devant jury.
«Est-ce que c’est anormal? Pas du tout. C’est son droit et c’est son choix. Combiné au choix d’avoir un procès devant jury. C’est un mélange peu coutumier qu’on a. C’est un procès de longue haleine. Ça arrive à travers le Québec. Mais ça amène des aléas. Quand on n’a pas quelqu’un avec un baccalauréat en droit devant nous, ça peut allonger le processus. On ne demanderait pas à un enfant de première année de résoudre une équation d’algèbre! Il faut donner les outils à la personne qui se représente seule pour qu’elle comprenne la suite des étapes.»
Est-ce qu’on s’en sortirait si tout le monde prenait ces décisions? «Il faut penser en termes de ressources judiciaires, répond Me Dorion. Un procès devant jury mobilise beaucoup de ressources qui sont en quantité limitée. Que ce soit le temps de cour, le temps tout court ou les greffes, mais le système judiciaire n’a pas la capacité de recevoir ce type de demande tous les jours.»
Le procès a commencé au début du mois de novembre 2022. En raison de conflits d’horaire, le procès a été suspendu et a repris le 16 janvier.