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Comparer les prix, profiter des aubaines, essayer de nouveaux produits, jaser un peu avec le caissier ou la caissière. J’ai toujours aimé ça.

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Plus maintenant. Le coût des aliments qui grimpe de semaine en semaine, pour ne pas dire de jour en jour, a effacé le plaisir que je retirais d’une sortie à l’épicerie. L’exercice est même devenu décourageant, exaspérant.

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Sept dollars pour une livre de beurre? Comme on! Treize dollars pour 340 gr de café moulu? Vraiment? Huit dollars pour 12 petits yogourts? On me niaise ou quoi? On rit de moi?

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Parce que c’est maintenant le sentiment que j’ai en sortant du magasin: d’être le dindon de la farce. Le dindon à 50$.

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«Si ça continue comme ça, on devra manger du baloney chaque soir, que je répète à ma conjointe en rentrant de l’épicerie. On va manger du baloney entre deux tranches de pain blanc cheap pas de beurre et avec de la moutarde “Sans Nom”.»

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Le baloney. Le bon vieux baloney. Une chance qu’on l’a celui-là.

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Non, je n’en mange pas régulièrement. Il n’y a pas grand-chose de «santé» dans une tranche de ce produit. Beaucoup (trop) de sel, beaucoup (trop) de gras. Au niveau nutritif… passons.

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Pour vous donner une idée, voici comment Google répond à la question «comment le baloney est fait»:

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«Le saucisson de Bologne (dit le baloney) est fait de restes de découpes de viandes, parfois de bœuf ou de dinde, mais plus souvent du porc. Une fois transformée en pâte, la viande est mélangée à différentes épices et matières grasses».

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Ichhhh…. Des restes de découpes de viande, dit-on. De quelles parties de l’animal parle-t-on au juste? Il y a certaines choses dans la vie qu’on ne veut pas vraiment savoir.

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Pas très alléchant tout ça. Sauf qu’une fois ou deux par année, ça me prend mon sandwich au baloney. C’est plus fort que moi. Deux tranches de pain POM dit moelleux, de la moutarde French’s parce que la Schwartz de mon enfance n’existe plus, et ce bon vieux baloney qui ne changera jamais de goût.

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Ma mère appelait le baloney «la viande des pauvres». Ça explique en partie la raison pour laquelle nous en avions souvent dans le frigo…

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Elle l’appelait ainsi parce que c’était bon marché, ça ne coûtait presque rien. Comme je disais, il n’y a rien de santé dans le baloney. Mais avec sept enfants à nourrir, le baloney, le midi, venait parfois «boucher un trou», comme disait mon père.

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Ça me rappelle la vieille blague plate:

«Un gars assez bien nanti qui aime “flasher son cash”, un parvenu mettons, dit à son beau-frère: nous sommes allés dans un bon restaurant hier soir manger un surf & turf.

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— C’est quoi un surf & turf?, demande son beau-frère qui a peine à joindre les deux bouts avec son maigre salaire de 60 000$ par année avant impôt, son logement dans un demi sous-sol à 2000$ par mois et deux enfants à nourrir.

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— C’est du homard et du filet mignon, répond l’autre. “Surf” pour un produit de la mer, “turf” pour un produit de la terre. Tu comprends?

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— Oui. Et c’est drôle, nous aussi on a mangé un surf & turf hier soir.

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— Ah oui!?, demande l’autre, incrédule.

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— Oui. Du baloney et de la barbotte.»

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Je vous avais prévenus qu’elle était plate…

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Je passais devant le comptoir des charcuteries l’autre jour à l’épicerie lorsque j’ai vu le baloney me lancer un clin d’œil. Comme pour me dire: «Denis, ça fait un an qu’on ne s’est pas vus. Tu ne m’aimes plus?»

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Bof, me suis-je dit, pourquoi pas? Ça va boucher un trou un midi et je serai bon pour une autre année. Allons-y pour 225 grammes. Le coût: 6,75$.

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Je n’en revenais pas. Le baloney se vendait à 3$ les 100 grammes. Donc 13,50$ la livre!

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Misère! La «viande des pauvres» de ma mère coûte plus cher qu’une livre de bœuf haché ou qu’un poulet entier. On me niaise ou quoi?

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Et moi qui se consolais devant la hausse des prix en me disant qu’on aura toujours le bon vieux baloney bon marché…

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«Si ça continue Manon, on va crever de faim!

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— Je vois que t’es passé à l’épicerie Denis. Et je sais ce que tu vas dire: si ça continue, on devra manger du baloney chaque soir.

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— Même pas! Ce n’est plus achetable!

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C’est peut-être une bonne chose. Qu’as-tu acheté pour le souper?

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— Je pensais à ça Manon. La rivière Rideau est à deux minutes d’ici.

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— Et…?

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— As-tu déjà mangé de la barbotte?»

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