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Remplacer l’écran d’une voiture: plus dispendieux qu’on pourrait le croire

Pour moins de 600$, l’écran Kenwood Excelon DMX 709S offre un excellent rapport qualité-prix.

CHRONIQUE / Par un beau matin frisquet de décembre, l’écran d’infodivertissement de ma voiture a tout simplement décidé de ne plus démarrer ! Comme c’est désormais le cas avec une majorité des véhicules sur le marché, cet écran est le centre névralgique de plusieurs fonctionnalités de base, dont le contrôle du chauffage, élément non négligeable des hivers québécois ! Les écrans sont essentiels au fonctionnement des voitures et leur remplacement engendre une facture salée de plusieurs milliers de dollars. Quand l’obsolescence programmée s’invite dans votre bagnole…


Les voitures sont devenues de véritables vitrines technologiques, mais à long terme, tout cet attirail électronique peut occasionner son lot de problèmes. Âgée de sept ans, ma voiture est munie d’un écran de base d’à peine cinq pouces, avec la radio uniquement. Par contre, les sièges chauffants et une partie des contrôles de chauffage et climatisation sont uniquement disponibles par le truchement de l’écran d’infodivertissement. Pour remplacer cet écran très basique par un neuf chez le concessionnaire, la facture franchit aisément la barre des 2000 $, alors qu’un reconditionné coûtera autour de 1000 $ avec la programmation et l’installation.

La plaque de montage iDatalink Maestro, de la compagnie québécoise ADS, intègre parfaitement bien le nouvel écran. À gauche, l’écran d’origine, et à droite, un écran de remplacement plus grand avec la nouvelle plaque.

Selon mon concessionnaire, je suis « chanceux » d’avoir un modèle de base, car certains écrans peuvent coûter plus de 6000 $. Même si vous faites religieusement l’entretien mécanique de votre véhicule, vous n’êtes pas à l’abri d’une panne du système électronique qui, lui, même s’il ne nécessite pas d’entretien, peut lâcher sans avertissement. En substituant molettes et boutons par des fonctionnalités sur un écran, les manufacturiers sont en mesure d’offrir des habitacles épurés tout en économisant sur le coût de fabrication. Mais à long terme, cette technologie onéreuse peut s’avérer le talon d’Achille d’une voiture, qui devient ainsi victime d’obsolescence technologique au même titre qu’un vulgaire téléphone cellulaire.



Dans mon cas, payer plus de 2000 $ pour un écran dont la technologie date d’une décennie est irrationnel, certes, mais en même temps, un reconditionné va-t-il me jouer le même tour dans quelques mois ? Est-ce que je suis obligé d’installer l’écran d’origine ou je peux installer un produit d’un manufacturier tiers comme Alpine ou Kenwood ? Sur une Honda Civic 1999, il est facile de remplacer le lecteur CD d’origine par un équipement plus performant, mais dans une voiture récente, la manœuvre est un peu plus complexe.

L’ensemble iDatalink Maestro pour le Jeep Cherokee est complet et facile à installer.

Pour certains modèles de véhicule, il est possible de remplacer l’écran d’origine par un équipement tiers plus performant tout en conservant les fonctionnalités. Certains manufacturiers chinois proposent des écrans de remplacement abordables avec la plaque de montage du tableau de bord ainsi que le câblage qui se branche directement sur celui d’origine. Par contre, la qualité des écrans est plutôt aléatoire et l’intégration des fonctionnalités d’origine l’est parfois tout autant. C’est-à-dire qu’il est possible que certaines fonctions soient absentes de l’écran même si elles se retrouvent dans la description du manufacturier. Ainsi, même si le prix peut sembler alléchant, il est déconseillé d’opter pour ce type d’écran.

Une innovation québécoise à la rescousse

Pour ma part, j’ai décidé de remplacer l’écran d’origine défectueux par un écran Kenwood Excelon de bien meilleure qualité ! Par contre, l’installation est beaucoup plus complexe que pour la Civic 1999, car pour conserver les fonctionnalités d’origine de mon véhicule, je dois installer un petit boîtier d’interface programmable qui récupère les informations du véhicule. L’entreprise montréalaise Automotive Data Solution (ADS) propose des solutions complètes pour simplifier le remplacement des écrans d’origine. J’ai décidé de bien faire les choses et j’ai acheté l’ensemble complet pour mon Cherokee, lequel comprend une plaque de remplacement pour le tableau de bord, un harnais de branchement avec le câblage d’origine ainsi que l’interface iDatalink. La plaque de montage est fabriquée d’un plastique qui semble moins robuste que celui d’origine, mais l’apparence est identique. La configuration du boîtier d’interface iDatalink est d’une étonnante simplicité. Le logiciel est complet et fournit des instructions détaillées pour installer votre nouvel écran.

Le système d’infodivertissement est essentiel au fonctionnement de certaines voitures, mais en cas de bris, son remplacement peut aisément dépasser les 5000 $. La photo est à titre indicatif.

L’installation dans mon Jeep se fait aisément et en moins d’une heure mon nouvel écran est fonctionnel ! J’ai tenté de rejoindre ADS à quelques reprises, mais au moment d’écrire ces lignes, je n’ai encore pas eu de réponse. Je suis impressionné à quel point ADS a réussi à simplifier ce qui est si complexe au départ. L’ensemble est facile à configurer et j’ai pu récupérer toutes les fonctions d’origine de mon véhicule et plus encore. En effet, j’ai accès maintenant à la télémétrie de mon véhicule et à certains réglages plus pointus que dans la configuration d’origine de mon Jeep. Par contre, cette simplicité a un prix, car les accessoires d’installation m’ont coûté plus cher que l’écran. L’ensemble plaque de montage et harnais coûte plus de 400 $ à lui seul, mais le rendu est pas mal plus propre que si vous coupez le plastique du tableau de bord d’origine ! L’interface iDatalink Maestro RR, vendue autour de 250 $, est essentielle pour relier le véhicule au nouvel écran.



Dans un avenir relativement rapproché, il ne sera pas rare de voir des véhicules envoyés au recyclage en raison du coût de remplacement trop élevé des écrans.

Pour ce qui est de l’écran Kenwood Excelon, j’ai opté pour le modèle DMX709S, un excellent rapport qualité-prix à moins de 600 $. Après plus d’un mois d’utilisation, je peux affirmer que je suis agréablement surpris par la rapidité et la fluidité de l’écran tandis que la qualité sonore est à des années-lumière de ce que mon écran d’origine pouvait offrir. Cette cure de jouvence technologique fait en sorte que mon véhicule est désormais compatible avec Android Auto et Apple Carplay. Par contre, l’écran Kenwood n’a qu’un seul port USB, tandis que mon véhicule en a deux. J’ai dû sacrifier le port de carte SD ainsi que le port USB dans le coffre à gant, mais le port USB principal est fonctionnel.

Pour certains modèles, il est encore possible de remplacer l’écran d’origine, mais pour plusieurs nouveaux modèles, dont une majorité de véhicules électriques, cette modification est impossible. Dans un avenir relativement rapproché, il ne sera pas rare de voir des véhicules envoyés au recyclage en raison du coût de remplacement trop élevé des écrans. Certains manufacturiers proposent déjà des fonctionnalités sur abonnement et licences, ce qui réduit grandement les options de remplacement des systèmes d’origine. Dans un monde où l’environnement est au cœur des préoccupations, l’obsolescence technologique risque d’être un désastre dans les prochaines décennies.