C’est ce que révèle une étude réalisée par trois membres de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke. Selon l’étude menée par le professeur Luc Godbout, ainsi que par Frédérick Hallé-Rochon et Suzie St-Cerny, des professionnels de recherche, on doit tenir compte de l’amélioration réelle du pouvoir d’achat des ménages et de celle de l’évolution du revenu disponible en dollars constants, une fois neutralisés les effets de l’inflation.
L’étude démontre une amélioration du pouvoir d’achat pour l’ensemble des situations de ménages pour la période allant de 2000 à 2019.
« La hausse la plus significative sur la période observée pour les situations au revenu disponible médian atteint 64 % pour la famille monoparentale. Même s’il y a aussi des hausses de pouvoir d’achat pour les ménages aînés, elles apparaissent en général plus modestes, notamment pour la personne seule âgée de 75 ans et plus. Les ménages travaillant au salaire minimum ont aussi vu leur pouvoir d’achat croître entre 2000 et 2019 », explique M. Godbout.
L’analyse s’est également intéressée à l’évolution du pouvoir d’achat jusqu’en 2023 en regard de la situation qui existait avant la pandémie, soit en 2019. Les ménages travaillant au salaire minimum ont, dans leur ensemble, perçu une hausse de leur pouvoir d’achat entre 2019 et 2023.
La hausse la plus importante atteint près de 9 % pour les couples sans enfant au salaire minimum. Dans le cas des ménages au revenu disponible médian, l’indice est plutôt stable (variation autour de ±1,0 %) pour cinq ménages analysés sur dix.
Ce sont les ménages dont les membres sont âgés de 65 et 69 ans qui feraient face à des baisses plus importantes (-5,3 % et - 2,7 %) où en période de forte inflation, la hausse des revenus de retraite est souvent inférieure à l’inflation. Les autres ménages aînés auraient des hausses de pouvoir d’achat entre 2019 et 2023 grâce, notamment, à la bonification du soutien des aînés.
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« Bouclier anti-inflation »
L’étude permet d’apprécier la pertinence et l’importance de l’application des mesures d’aide ponctuelles offertes en 2022 par les gouvernements du Québec et fédéral pour tenir compte de la hausse du coût de la vie.
« En l’absence de mesures ponctuelles, la quasi-totalité des situations de ménages observés aurait vu leur pouvoir d’achat diminuer en 2022 par rapport à 2021. La bonification du crédit de soutien des aînés permet aux ménages de 70 ans et plus d’obtenir une augmentation de leur pouvoir d’achat avec ou sans les mesures ponctuelles », soutient Luc Godbout.
« Les mesures ponctuelles ont aidé les ménages, ajoute Mme St-Cerny. On constate aussi que les soubresauts actuels sont temporaires. »
Le trio ne souhaite pas que les mesures d’aide, comme les chèques du « bouclier anti-inflation » du gouvernement de François Legault, reviennent l’an prochain.
La projection de l’année 2023 révèle que l’indexation des régimes d’imposition prend le relais des mesures ponctuelles. Le décalage dans l’application de l’indexation annuelle des régimes d’imposition fait en sorte que contrairement à 2022, elle sera en 2023 supérieure à l’inflation projetée.
Pour le régime fédéral, l’indexation en 2023 est de 6,3 % contre une inflation canadienne projetée de 3,5 %. Pour le Québec, l’indexation est de 6,44 % contre une inflation projetée de 3,7 %.
« Ainsi, de manière générale, l’analyse a montré que les montants ponctuels offerts entre 2020 et 2022, que ce soit pour la COVID-19 ou pour pallier la hausse du coût de la vie, ont permis de stabiliser la variation de l’indice du pouvoir d’achat durant ces années mouvementées », mentionnent les chercheurs.
« Avec les soubresauts durant ces années, les résultats permettent également de comprendre les réactions d’inquiétudes des ménages et confirment la nécessité des actions, notamment de la Banque du Canada, visant à ramener le taux d’inflation dans la cible souhaitée. »