Grève à l’ENPQ: «On est à bout» [PHOTOS]

Les quelque 400 fonctionnaires de l’École nationale de police du Québec (ENPQ) débraient depuis jeudi matin aux abords du boulevard Louis-Fréchette à Nicolet.

Les quelque 400 fonctionnaires de l’École nationale de police du Québec (ENPQ) débraient depuis jeudi matin aux abords du boulevard Louis-Fréchette à Nicolet. Affiliés au Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), les grévistes occupent habituellement les postes d’instructeurs, de comédiens ou de préposés à l’entretien, à l’administration, à l’approvisionnement, aux cuisines et à l’hébergement.


Les syndiqués se sont dotés d’une banque de trois journées de grève dans le cadre des négociations qui achoppent actuellement pour le renouvellement de leur convention collective. Les journées de jeudi et de vendredi seront donc utilisées à cet effet par le syndicat, puis une troisième demeure en banque et pourra être exercée au moment jugé opportun.

«Ils pressent sur le citron. Tout ce qu’ils font, c’est d’exiger toujours plus», affirme Josée Dargis, première vice-présidente du local 451 du SFPQ qui représente les grévistes. Celle-ci en profite pour exposer la contradiction entre les demandes qui sont faites à l’ENPQ pour former plus de nouveaux policiers, pendant que les syndiqués n’obtiennent pas les conditions qu’ils exigent. 

«On comprend et tout le monde ici, je peux vous dire, on est de bonne foi et on les fait les efforts. Il y en a des gens qui travaillent le soir, la fin de semaine. On ne peut pas en faire plus qu’on en fait là. Il manque de main-d’œuvre et je m’excuse, mais l’attraction et la rétention du personnel, ils ne l’ont pas du tout», observe-t-elle.

L’ENPQ demeure ouverte

Malgré le moyen de pression des grévistes qui représentent environ 70% du personnel, l’établissement demeure ouvert. «Tout ce monde-là n’est pas là, il n’y a que les services essentiels, donc on a des formations qui ne se donnent pas aujourd’hui», signale Frédérick Dagenais, président du SFPQ Centre-du-Québec-Estrie-Mauricie. «Il y a eu des demandes pour qu’on forme plus de monde, alors ça met de la pression à ce niveau-là. C’est un peu le principe de la grève.» 



«Les cuisines, par exemple, ce sont les gestionnaires qui doivent faire avec et qui s’arrangent. C’est certain qu’il y a eu des demandes pour faire des sandwichs, donc ce sera un buffet froid aujourd’hui à la cafétéria», illustre M. Dagenais. C’est en effet le personnel-cadre de l’établissement qui s’assure d’offrir les services minimaux pour que l’école fonctionne durant le débrayage.

«L’école est ouverte. Le personnel non syndiqué et le personnel-cadre sont là pour maintenir les services essentiels, notamment la cafétéria. Les employés professionnels, qui font partie d’une autre accréditation syndicale, peuvent poursuivre leurs activités», explique Véronique Brunet, responsable des communications à l’ENPQ.

Véronique Brunet, responsable des communications à l’ENPQ.

«On a dû reporter plusieurs activités de formation parce qu’évidemment, les instructeurs et comédiens n’étaient pas au travail.»

Le gouvernement pointé du doigt

Les piqueteurs pointent principalement du doigt le Conseil du trésor du Québec qui gère le financement de l’établissement et impose un budget défini avec lequel l’ENPQ doit composer pendant les négociations. Même si les pourparlers s’effectuent entre l’école et ses syndiqués, c’est ultimement le gouvernement provincial qui attribue les budgets et qui tient les cordons de la bourse.

«Présentement, c’est surtout de réparer certaines choses qui ont été faites à la structure salariale. Ce qu’on veut, dans le fond, c’est réparer ça, mais l’enveloppe ne peut pas être la même, il doit y avoir un ajout qui soit fait. En ce moment, c’est juste la même enveloppe qu’on prend et qu’on rebrasse pour ensuite nous la représenter», poursuit M. Dagenais.

Frédérick Dagenais, président du SFPQ Centre-du-Québec-Estrie-Mauricie.

«C’est sûr que l’école, elle a quand même une certaine autonomie, mais derrière, il y a toujours le Conseil du trésor. Donc M. Legault, Mme LeBel, M. Bonnardel, ce sont tous des gens qu’on aimerait voir s’impliquer dans le dossier», ajoute le syndicaliste.

«On est rendu à bout, ce n’est pas compliqué. Oui, on a le moral parce qu’on veut que les choses changent, mais on est à bout. Je suis à la table de négociations et on se fait toujours dire qu’ils n’ont pas le mandat du Conseil du trésor pour accepter les propositions», déplore de son côté Josée Dargis.

Josée Dargis, première vice-présidente du local 451 du SFPQ qui représente les grévistes de l’ENPQ.

«On leur a fait six propositions, six différents calculs pour restabiliser l’échelle salariale qui a été déstabilisée il y a quelques années. Ils refusent toujours du revers de la main. Alors on demande à M. Legault et à toute sa belle gang d’ouvrir leur portefeuille parce qu’il faut qu’ils changent ça», se désole-t-elle.

Demande de conciliation

Du côté patronal, on confirme que c’est aussi de ce côté que les pourparlers achoppent. «On est directement à la table de négociations avec le syndicat. Par contre, le cadre financier est donné par le Conseil du trésor effectivement, par le gouvernement. Donc, on se doit évidemment de respecter le cadre financier gouvernemental qui nous est donné», rapporte Véronique Brunet.

Les gestionnaires de l’établissement ont demandé jeudi au ministère du Travail du Québec de nommer un conciliateur pour dénouer l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations.

«On a fait beaucoup de travaux récemment. On a eu beaucoup de rencontres de négociations et on va continuer d’être disponible et de s’asseoir à la table avec le syndicat. On croise les doigts pour que ça puisse se conclure», indique la responsable des communications de l’ENPQ.