Pas moins de 7389 personnes avaient signé la pétition virtuelle en espérant que le Vert & Or revienne sur sa décision, lundi soir au moment d’écrire ces lignes.
Mais les raisons de l’Université de Sherbrooke sont nombreuses et pas question de ramener le club masculin et le club féminin de rugby à court terme: il s’agit bel et bien de la fin.
Situation dangereuse
Fracture ouverte, annulation de parties faute de participation, des joueurs peu expérimentés : Simon Croteau assure que la situation devenait inquiétante.
«Les équipes jouaient du rugby à 15 avec seulement 15 joueurs dans l’alignement. Certains arrivent au sein de l’équipe et n’ont aucune expérience et il n’y a aucun remplaçant sur le banc. Trois parties ont dû être annulées la saison dernière: deux chez les filles, une chez les gars. Une autre a été suspendue, parce que les joueuses étaient rendues 12 sur le terrain. C’est le mélange parfait pour voir des accidents arriver et des blessures majeures sont déjà survenues.»
«C’est une décision crève-coeur, assure-t-il. Si je me suis investi dans le sport, ce n’est pas pour mettre fin à des programmes. Mais je suis prêt à vivre avec la critique et les menaces plutôt que voir des incidents majeurs survenir dans le futur.»
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/GBJXNWJKNJFDDPPPFRRHFXNWRQ.jpg)
La situation a pris de l’ampleur lors des derniers jours.
«Il y a des débordements. Je m’attendais certainement à une réaction, parce que j’étais moi-même déçu de mettre fin à ce programme. Je crois que tout part des programmes civils et scolaires, au primaire comme au secondaire. Il doit y avoir une relève et le jour où les joueurs seront plus nombreux, on pourrait alors relancer le programme. Ce n’est pas irréversible», soutient le directeur du programme d’excellence du Vert & Or.
Chute de popularité
Ce dernier soutient que contrairement aux autres équipes du circuit universitaire, le Vert & Or commençait parfois ses saisons avec 25 joueurs plutôt que 40.
«J’ai normalement une nature plutôt optimiste, mais cette fois, je dois être réaliste. En 2016, en région, il y avait 170 joueuses de rugby et 109 joueurs, excluant ceux inscrits dans les écoles anglophones, puisque ces joueurs-étudiants ne se dirigent pas normalement vers l’Université de Sherbrooke. En 2022, il y avait 55 joueuses et 31 joueurs. Et au Québec, chez les 776 joueuses, il y en avait 393, dont la plupart iront à l’Université Laval, qui a battu notre équipe féminine par la marque de 117-0 en septembre dernier. Mais ce n’est même pas une question de pointage!» soutient Simon Croteau, tout en rappelant qu’il y a près de 8300 joueuses de flag football et 20 000 joueuses de volleyball au Québec.
«Même avant la pandémie, les chiffres dégringolaient. Il suffit de lire le rapport des Abénakis de Sherbrooke pour comprendre qu’en 2019, ils avaient déjà de la difficulté à recruter des joueurs d’âge junior. L’organisation a été forcée de mettre fin au programme junior. Ça ne s’en va pas en s’améliorant. Le Collège Champlain évalue aussi la possibilité de mettre fin à son programme de rugby. Je comprends les gens du milieu, comme Rugby Québec ou les membres des équipes, de se battre bec et ongles pour leur sport, mais il faut se faire à l’idée que pour le Vert & Or, c’est impossible de maintenir le programme en ce moment.»