Le coordonnateur de Solidarité populaire Estrie Pascal Florent, qui agit également comme porte-parole pour ConcertAction femmes Estrie et le Regroupement des organismes communautaires de l’Estrie, a cosigné une lettre ouverte sur le sujet.
«On aurait aimé voir un effort et une volonté politique pour aller agir sur les facteurs d’inflation à la source», commence en entrevue M. Florent.
Les 3,5 milliards de dollars investis en chèques remis à la population sont fortement critiqués par les organismes qu’il représente. «Il y a des vecteurs qui créent de la pauvreté et là on fait juste donner de l’argent dans les poches des gens les plus vulnérables. Cet argent-là ne va pas rester longtemps. Si par exemple, tu donnes de l’argent aux personnes ainées en créant un contrôle ou un gel des loyers, ce sont des mesures structurantes qui vont avoir un réel impact. Pour le moment, on a des mesures ponctuelles, mais ce serait bien d’avoir des mesures systémiques, structurelles qui vont aider les gens sur le long terme. 8 milliards en soutien aux ainés, c’est intéressant, mais faudrait retourner à la table à dessin pour que ça puisse profiter à tout le monde.»
«C’est complètement inefficace et inacceptable, ajoute-t-il en parlant des chèques. C’est une mesure qui se veut un contrôle de l’inflation, mais l’inflation n’atteint pas toutes les personnes de la même manière. On donne des chèques à des personnes qui, oui, ont des conditions plus difficiles, mais leurs habitudes de vie ne vont pas réellement changer. Si ces 3,5 milliards de dollars avaient été investis massivement dans le réseau public au lieu de simplement encore le sabrer au profit du privé, ça, ça aurait été des mesures qu’on aurait applaudies.»
Loyer, environnement et réseau public
Selon Pascal Florent, «Il y a deux grands absents dans cette mise à jour économique». «Il y a le logement et l’environnement. La crise climatique va avoir des répercussions dramatiques sur l’inflation dans les prochaines années. Il faut mettre en place des mesures de réduction des gaz à effet de serre si on veut voir un effet sur l’inflation. Ça aurait été intéressant, surtout dans un contexte de COP15, de voir le financement pour agir.»
«On a coupé dans le programme AccèsLogis pour mettre en place un système de logements abordables qui profite au privé. C’est comme ça dans tout le filet social, pour que le privé soit l’alternative au système public. On l’a vu en santé avec le recours grandissant à des agences de placement, en éducation on parle d’un système à trois vitesses. On sait que ce n’est pas en encourageant le privé qu’on va avoir comme par magie un ruissellement de la richesse. L’histoire nous montre que c’est lorsque les états investissent dans leurs réseaux publics qu’on arrive à créer une égalisation sociale.»
«On aurait aussi pu demander un investissement massif dans le filet social, que ce soit en santé, en éducation. Ce sont des mesures d’égalisateurs sociaux qui n’ont pas été prises.»
Pascal Florent admet que financer le système public passe tout de même par une contribution du citoyen. «On nous fait pendre au nez une possible baisse d’impôts, ça va être catastrophique. Même si on nous dit que ça ne réduira pas les services publics, historiquement, c’est ce que ça a toujours fait. Cet argent-là aurait bénéficié au système public. Notre système est en crise, il y a un écart de richesse qui est grandissant, il a raté une bonne opportunité de montrer qu’il avait à cœur le bien-être du public.»