«Ce n’est pas demain que je vais remettre mon enfant dans une gondole», a réagi au téléphone Stéphanie Houde, résidente dans le secteur de la station de ski.
Pour madame Houde, skier au Mont-Sainte-Anne n’est plus sécuritaire. Un avis partagé par l’ancien champion de ski de fond Alex Harvey.
«Il y a eu trois accidents en deux ans et demi. On ne parle plus de cas isolés là. C’est dangereux d’aller en haut de la montagne avec les gondoles», a soutenu le coporte-parole d’Avenir Mont-Sainte-Anne.
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Lui-même se rendra par ses propres moyens en haut lorsqu’il voudra dévaler les pistes de ski au Mont-Sainte-Anne. «Je vais y aller en ski touring», a-t-il expliqué.
Des enfants auraient pu se trouver dans la gondole au moment de l’accident, rappelle Alex Harvey. «Les jeunes du club de ski montent avant les clients pour leur entraînement. Cela aurait pu être une véritable catastrophe.»
M. Harvey reproche à Resorts of the Canadian Rockies (RCR), l'exploitant du Mont-Sainte-Anne, de minimiser l’évènement. «J’ai des amis qui ont vu la gondole tomber. C’était assez impressionnant. On parle vraiment d’un enjeu de sécurité publique. Ça justifie de prendre les grands moyens en réponse à cet accident-là», affirme-t-il.
Demandes de remboursement
De nombreux usagers de la station de ski sont remontés de l’incident et beaucoup ont perdu confiance envers le Mont-Sainte-Anne, selon les commentaires publiés sur différents groupes sur Facebook.
Plusieurs détenteurs d'abonnement saisonnier réclament un remboursement de la part de RCR. Mais la politique de l'entreprise n’inclut pas de remboursement pour ce genre d’incident. Seuls un problème médical empêchant de skier et une mutation professionnelle à plus de 150 km du lieu de résidence sont pris en considération pour un éventuel remboursement, peut-on lire sur leur site Internet.
Mme Houde espère au moins recevoir une compensation de 50 %.
Du côté de RCR, on évalue les possibilités d’offrir quelque chose aux clients du Mont-Sainte-Anne. «On n’a pas encore déterminé ce qui allait être fait. On va attendre de voir le rapport sur l’incident», a mentionné le responsable des communications de Mont Sainte-Anne et de Stoneham, Hugues Leclerc.
«Une mauvaise image de la région de Québec»
Pour le président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Québec (CCIQ), Steeve Lavoie, l’accident de samedi envoie une très mauvaise représentation de la région de de Québec. «Ce n’est pas ce qu’on veut voir dans les journaux. Ce n’est pas une bonne publicité pour Québec. On veut attirer des touristes et des entreprises», déplore-t-il.
De ce fait, la CCIQ supporte les demandes de la Coalition Avenir Mont-Sainte-Anne. «On pense à la sécurité des gens et on souhaite que le Mont-Sainte-Anne véhicule une image positive de la région.»
De son côté, l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) espère que les normes de sécurité sont appliquées au Mont-Sainte-Anne. «Il y a une réglementation très stricte sur les télécabines», affirme le PDG de l’ASSQ, Yves Juneau.
L’ASSQ a demandé à RCR de lui fournir le rapport de l’enquête. «Ce qui se passe au Mont-Sainte-Anne inquiète toute l’industrie. C’est une station de niveau international. Ce n’est pas le genre de publicité qu’on souhaite avoir. Mont-Sainte-Anne doit être au contraire un moteur économique», souligne M. Juneau.
Changement d’opérateur réclamé
Face à l’accumulation des incidents au Mont-Sainte-Anne et aux promesses non tenues sur le développement économique, plusieurs acteurs du milieu des affaires, du sport et de la politique réclament le départ de RCR.
«On ne peut pas attendre que les équipements se brisent. Il faut remplacer ceux qui arrivent en fin de vie. Ça prend un plan d’investissement sur plusieurs années», poursuit-il.
La Coalition réclame une enquête du gouvernement sur l’ensemble des installations. Ils exigent également la fin des opérations de RCR au Mont-Sainte-Anne et à Stoneham.
«L’heure n’est plus à négocier pour forcer RCR à réinvestir dans la montagne. L’opérateur a démontré hors de tout doute son incapacité à assurer le développement du Mont-Ste-Anne et, pire encore, la sécurité des usagers. Des intérêts québécois sont prêts à investir et à prendre le relais. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités et agir», a indiqué Yvon Charest, président des Amis du Mont-Ste-Anne.
Questionné par le Soleil, le gouvernement Legault n’ira pas vers l’expropriation comme le réclame la coalition. Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pourrait par contre offrir de l’aide financière pour de nouveaux équipements plus modernes qui consomment moins d’énergie.