Concrètement, une boucle de 32 kilomètres de fibre optique avec des blocs de cryptage quantique, qui va du bâtiment de l’Espace quantique sur la rue Roy jusqu’à Ascot Corner, sera mise à la disposition des entreprises qui souhaitent développer des communications cryptées.
« Ce qu’on veut offrir, c’est l’opportunité aux entreprises qui développent ces algorithmes-là de venir les tester dans un environnement qui n’est pas académique, précise Richard St-Pierre. La fibre est dans les poteaux de téléphone, elle subit les influences du vent, du climat et du changement de température. »
Le gros avantage des communications cryptées à l’aide du quantique? Elles sont tout simplement impossibles à décrypter si on ne possède pas la clé.
« Un super calculateur pourrait, en lui donnant du temps, décrypter un message en ce moment, mais le même message encrypté avec un algorithme quantique serait impossible. La technologie n’existe même pas encore pour pouvoir le décrypter sans en avoir l’autorisation. »
« Pas un dépanneur »
Les entreprises issues des technologies quantiques sont des cibles de choix pour des cyberattaques ou même de l’espionnage industriel. La sécurité sera donc prise au sérieux.
« L’espace quantique n’est pas un dépanneur, indique M. St-Pierre. L’accès sera sécurisé avec un contrôle à l’entrée et on peut imaginer que des cartes d’accès, des codes QR ou des accès biométriques seront mis en place. Des caméras pourront nous aider à refaire l’histoire si quelque chose arrive. »
L’Espace quantique abritera une vingtaine d’entreprises ce qui fait en sorte qu’une simple discussion autour d’un café peut rapidement être synonyme d’un bris de sécurité. Des efforts seront donc mis en place à l’intérieur du bâtiment également.
« Chaque entreprise aura son local distinct, souligne le directeur général. Les entreprises devront montrer patte blanche pour avoir accès aux outils. Les gens des autres entreprises ne pourront même pas accéder physiquement aux réfrigérateurs à dilution lorsque ce ne sera pas leur tour. Chaque entreprise va aussi avoir ses propres serveurs, protocoles, mots de passe et politique de sécurité. »
Si le risque zéro d’être victime d’une cyberattaque n’existe pas, il est tout de même possible de se protéger selon M. St-Pierre.
« La chose à faire est de diminuer la surface d’exposition aux cybercriminels. Si c’était le même accès qu’un Tim Hortons, tant l’espionnage que la cybersécurité seraient un problème. On veut mettre des barrières, car de se dire qu’on ne sera pas touché, c’est de ne pas être réaliste. »
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Des clés USB dans le stationnement
La cybersécurité est mal comprise encore par les citoyens et les entreprises, déplore M. St-Pierre. Il donne en exemple la fameuse histoire des clés USB dans le stationnement.
« Ce sont de vieilles histoires, mais des personnes qui voulaient du mal à une entreprise jetaient des clés USB dans le stationnement en espérant qu’un employé en ramasse une et la branche dans son ordinateur à son bureau. Ç’a été utilisé à de nombreuses reprises pour faire de l’espionnage industriel et ça marche très bien. »