La MRC des Sources se mobilise pour venir en aide à ses élèves en difficultés

De gauche à droite: Sylvie Bibeau, directrice générale du CJE des comtés Richmond Drummond Bois-Francs; Éric Lafrenière, directeur général de la Caisse Desjardins des Sources; Isabelle Forcier, directrice générale de la CDC des Sources, Marie-Andrée Bergeron, coordonnatrice du service Alternative des Sources; Philippe Pagé, maire de Saint-Camille et représentant de la MRC des Sources; Audrey Archambault, intervenante pour le CJE et Marie-Josée Langlois, représentante du regroupement des écoles de la MRC des Sources pour le CSS des Sommets et directrice du Centre d’éducation des adultes de Val-des-Sources.

Différents intervenants de la MRC des Sources mettent sur pied certaines mesures afin de mieux accompagner les élèves suspendus de leurs classes dans les établissements scolaires de son territoire.


En 2019-2020, les écoles primaires et secondaires de la MRC comptaient 750 jours de suspension à la maison pour leurs élèves. 

Devant l'ampleur du phénomène, le milieu se coordonne pour prendre en charge et accompagner ces écoliers pendant leur suspension et prévenir les récidives, au lieu de les laisser à eux-mêmes à la maison.

Le projet Alternative des Sources prend logis dans les locaux du Centre d’éducation des adultes de Val-des-Sources. En fonction depuis septembre, les élèves du primaire et du secondaire en suspension y sont reçus sur une base volontaire et accompagnés par des intervenants. Le local comprend des tables, des chaises, des tapis, des fauteuils. La première moitié de leur journée est consacrée à leurs travaux scolaires et les enseignants de l’établissement sont mis à profit comme ressources au besoin. L’après-midi est meublé par un accompagnement personnalisé afin d’éviter des récidives, explique la coordonnatrice du service, Marie-Andrée Bergeron. 

« On va faire des ateliers sur la gestion de la colère, l’affirmation de soi, la connaissance de soi, comment gérer nos émotions… On vient vraiment renforcer le développement personnel et social pour leur permettre de faire les bons choix dans leur cheminement de vie. »

Elle ajoute que l’accompagnement dépasse le jeune lui-même : « Je veux travailler avec l’ensemble de la communauté. Je reçois des élèves avec toutes sortes de problématiques. On peut accompagner le jeune, sa famille. On est là pour les référer, on va travailler avec des travailleurs sociaux, le CIUSSS, des infirmiers, la DPJ (…), les écoles. On veut les élever à un niveau confortable pour eux. On veut leur offrir un temps d’arrêt et des outils. Au final, on va les voir essayer, évoluer, tomber et se relever. »

Selon le maire de Saint-Camille et représentant de la MRC, Philippe Pagé, c’est l’affaire de tout le territoire que de prendre en main les chances de réussite et le bien-être de ses jeunes.

Des statistiques « épeurantes »

Maire de Saint-Camille et représentant de la MRC des Sources pour le développement psychosocial, Philippe Pagé ne mâche pas ses mots concernant la réalité du milieu : « Les statistiques font peur, on a deux fois plus de cas retenus à la DPJ si on se compare à Sherbrooke, c’est environ un garçon sur deux qui arrive à obtenir son diplôme en 5 ans au secondaire, le taux de diplomation universitaire est de 8 % ici, 25 % à Sherbrooke. 8 % des parents font des activités de littératie une fois par semaine avec leurs enfants de 3-4 ans. ». Il ajoute que ce sont des ressources comme celles-ci qui vont permettre aux jeunes d’atteindre de meilleurs standards. 

Tout un milieu mobilisé

Selon M. Pagé, c’est l’affaire de tout le territoire que de prendre en main les chances de réussite et le bien-être de ses jeunes. C’est d’ailleurs 50 000$ que son organisation investit annuellement dans le Fonds pour la réussite éducative et la lutte à la négligence. Et cette collaboration, elle se concrétise.



« Le projet répond au besoin de soutien au niveau des apprentissages et aussi au niveau psychosocial » - Marie-Josée Langlois, directrice du Centre d’éducation des adultes de Val-des-Sources.

La directrice du Centre d’éducation des adultes de Val-des-Sources et représentante du regroupement des écoles de la MRC des Sources au Centre de services scolaires des Sommets, Marie-Josée-Langlois, a des étoiles dans les yeux. « Le projet répond non seulement à un besoin criant pour nos jeunes, mais il trace également la voie aux partenariats structurants dans la communauté. On est tellement plus forts quand on est une gang », dit-elle. 

La MRC des Sources, le CIUSSS de l’Estrie CHUS, le regroupement des écoles de la MRC des Sources, le Carrefour jeunesse-emploi des comtés de Richmond-Drummond-Bois-Francs et la Corporation de développement communautaire mettent la main à la pâte. Le Grand Mouvement Desjardins contribue aussi pour 115 000 $. Elle affirme que « ce type de projet a fait ses preuves dans d’autres régions du Québec, comme au YMCA à Montréal. Ça a des répercussions sur le taux de motivation, de persévérance et sur le taux de récidive. Ici, la nouveauté, c’est qu’on accueille aussi des jeunes du primaire. »

Un besoin

Marie-Josée Langlois travaille directement dans le milieu scolaire. Pour elle, « la suspension est une solution ultime, quand on est à bout de ressources et qu’on ne sait plus quoi faire. Au moment de réfléchir le projet, on comptait 750 jours de suspension dans nos écoles. Ça frappe l’imaginaire, mais ça parle aussi de la détresse de nos jeunes. Le projet répond au besoin de soutien au niveau des apprentissages et aussi au niveau psychosocial. Il permet de ne pas laisser les jeunes à eux-mêmes pendant la durée de leur suspension scolaire qui va normalement de un à cinq jours. Il permet aussi de créer une habitude de service et d’assurer une réintégration harmonieuse à l’école. »

« C’est important de leur donner une 2e, 3e, 4e chance pour terminer leur cheminement » - Sylvie Bibeau, directrice générale du Carrefour jeunesse-emploi.

La directrice générale du Carrefour jeunesse-emploi, Sylvie Bibeau, dont l’organisme fournit une intervenante pour les jeunes du secondaire, affirme que de « retourner à la maison sans supervision n’est pas la meilleure solution. On offre un accompagnement personnalisé pour la gestion du stress, des dépendances, pour faire le point sur les raisons de la suspension et aller chercher des ressources (…). Les intervenants vont créer une expérience enrichissante pour aider les étudiants à terminer leur secondaire. C’est important de leur donner une 2e, 3e, 4e chance pour terminer leur cheminement. »