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En 2018, lorsque Pierre Dorion l’a échangé aux Sharks de San Jose, on disait qu’il était un des trois meilleurs joueurs de toute la Ligue nationale de hockey.

On ne disait pas qu’il était un des trois meilleurs défenseurs.

Il était un des trois meilleurs joueurs. Toutes positions confondues.

Il y avait Sidney Crosby, Connor McDavid, et lui. Pas nécessairement dans cet ordre.

Je sais aussi que le talent ne disparaît pas du jour au lendemain. Quand un hockeyeur est aussi doué que Karlsson, il ne disparaît pas, comme ça, du jour au lendemain.

Que s’est-il passé, alors, durant les deux dernières saisons?

Je vous l’ai dit, je ne sais pas grand-chose, dans la vie.

Mais je peux formuler une hypothèse.

À l’hiver 2021, je discutais avec un joueur qui évoluait dans l’Association Ouest de la LNH. Le type en question, un vieux routier, n’en revenait pas. Il avait affronté les Sharks et le Karlsson qu’il avait croisé ne ressemblait pas du tout à celui qu’il avait affronté deux ans plus tôt. On aurait dit un joueur différent.

À ce moment-là, je me souviens d’avoir demandé à mon interlocuteur si les habitudes de travail du numéro 65 pouvaient avoir un rôle à jouer, dans tout ça.

Karlsson, voyez-vous, a évolué sous les ordres de quatre entraîneurs durant ses années à Ottawa. Tous ces hommes, un jour ou l’autre, ont ragé devant son manque d’enthousiasme - pour ne pas dire manque d’engagement - à l’entraînement.

Parfois, le talent ne suffit pas. Parfois, un athlète de grand talent doit y mettre un peu du sien. Surtout quand il atteint la trentaine et qu’il évolue dans une ligue remplie de joueurs plus jeunes, doués et affamés.

À l’hiver 2021, on m’a dit que ma théorie se tenait.

Karlsson a peut-être eu droit à une épiphanie, l’été dernier. Il s’ennuyait peut-être de l’époque où il était au sommet de son sport. Il a peut-être décidé de modifier deux ou trois petites choses.

Je n’ai pas beaucoup de certitudes, mais s’il continue de jouer comme il joue présentement, il pourrait fort bien remporter le trophée Norris pour la troisième fois de sa carrière.

À une certaine époque, les partisans des Sénateurs le surnommaient «King» Karlsson.

Eh bien, le roi est bel et bien de retour.

••••

Je vous raconte tout ça en raison des rumeurs de transaction qui circulent. Je vous parle de Karlsson parce qu’on dit que les Sénateurs ont de l’intérêt.

Toutes ces rumeurs, j’y crois.

Je n’y crois pas beaucoup, mais j’y crois.

Mike Grier occupe le poste de directeur général des Sharks depuis bientôt cinq mois. Quand il a obtenu le poste, il a également hérité d’un lourd boulet. Son prédécesseur, qui a occupé le fauteuil pendant 19 longues années, a consenti un salaire annuel de 11,5 millions $US à son défenseur numéro un.

En tant que dirigeant recrue, Grier doit être impatient de faire ses preuves. Il n’est pas simple d’apporter d’importantes modifications à son équipe, quand un seul joueur occupe près de 15% de l’espace, sous le plafond salarial.

Grier aimerait se défaire de son défenseur vedette. Ça tombe bien. Pierre Dorion est à la recherche d’un coup de pouce. Il a besoin d’un défenseur droitier. Il serait fou de ne pas au moins prendre le temps de s’informer.

Si ça se trouve, les deux hommes ont peut-être même pris le temps de bavarder de tout ça, autour d’un café, lundi, quelque part dans le SAP Center.

J’encourage d’ailleurs Dorion à faire tout ce qu’il peut pour se changer les idées.

Vous avez peut-être vu la mine sinistre du directeur général des Sénateurs, en gros plan à la télévision, vers la fin du match de samedi. On aurait dit qu’on venait de lui annoncer que Jacques Rougeau se cachait dans le costume de Homard le Shérif, avant qu’il ait le temps de regarder en rattrapage le dernier épisode de Chanteurs masqués.

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— Chäntël 💙💛 (@SensFanNL) November 19, 2022

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Je sais, je m’éloigne.

Au lieu de continuer à ronger son frein, durant cette période difficile, Dorion doit trouver des façons de canaliser son énergie. Il ne doit surtout pas laisser la frustration prendre le dessus. Ses prochains gestes doivent être bien calculés.

••••

Karlsson dit qu’il ne se soucie pas des rumeurs. Il a raison. Avec son imposant contrat, il ne sera pas facile pour les Sharks de l’échanger. Une éventuelle transaction prendra des semaines - peut-être même des mois - à préparer.

Un retour à Ottawa serait possible, pour deux raisons.

D’abord, parce qu’il a toujours dit qu’il a l’intention de s’installer dans la capitale à la fin de sa carrière. Son coeur est ici.

Puisqu’il possède une clause de non-mouvement, il est maître de sa destinée.

Un jour, dans la prochaine année, Daniel Alfredsson devrait effectuer son grand retour dans l’organisation des Sénateurs. Ce grand ami de Karlsson ne manquera certainement pas de faire pression.

Alors, Karlsson à Ottawa. Ce serait une bonne ou une mauvaise chose?

Je vous l’ai dit, au début de cette chronique. Je ne suis certain de rien.

Je vais donc poser une question. Karlsson restera-t-il aussi motivé, affamé et sérieux à l’entraînement, chaque année, jusqu’à la fin de son contrat?

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