Des ménages bien nantis recevraient aussi le soutien financier aux aînés promis par la CAQ

La Chaire propose quelques alternatives pour mieux cibler les personnes à revenu modeste.

Selon la proposition de la CAQ faite en campagne électorale, le soutien financier aux aînés, qui visent à aider les aînés à faibles revenus, passera éventuellement de 411 $ à 2 000 $ par année. Il rejoindra de ce fait près de 360 000 aînés supplémentaires pour atteindre un total de près de 1,1 million d’entre eux, soit 83 % des ménages québécois comptant un membre de 70 ans et plus. Sous cette forme, il ne rejoindra toutefois pas que les ménages à revenu modeste selon la plus récente étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke.


« Quand on couvre 83 % des ménages, on déborde des aînés à revenu modeste », mentionne Luc Godbout, professeur titulaire à l’Université de Sherbrooke et chercheur principal en finances publiques à la Chaire, lors d’une conférence jeudi midi. Selon les nouvelles modalités proposées par le gouvernement, le seuil de sortie pour un aîné seul, donc le seuil de revenu où la personne cessera de recevoir un montant, sera de près de 65 000 $ et pour un couple d’un peu moins de 120 000 $. Le montant donné variera toutefois en fonction du revenu.

La Chaire propose quelques alternatives pour mieux cibler les personnes à revenu modeste. Un taux de réduction alternatif de 8 %, au lieu de 5 %, permet notamment de diminuer les seuils de sortie et ainsi rejoindre 75 % des ménages en plus de réduire le coût de la mesure de 210 millions de dollars. 

De prendre en compte seulement la situation individuelle pour le versement du soutien financier permettrait aussi de réduire de 5 points de pourcentage les ménages y ayant accès.

La mesure, telle que promise par la CAQ, allège pour l’instant les coffres de la province de quelque 1,9 milliard de dollars. L’étude de la Chaire suggère aussi que l’implantation pourrait être retardée en raison de l’aide ponctuelle déjà reçue en 2022.

« C’est un coût qui va être appelé à augmenter, car il y aura une pression démographique sur le programme, indique le professeur Godbout. La mise en œuvre pourrait être progressive donc au lieu de passer de 411 $ à 2000 $ en une seule année, on pourrait y arriver dans un horizon de cinq ans dans le but de limiter les coûts. On est aussi dans un contexte où la situation budgétaire du gouvernement peut être appelée à changer en raison d’un ralentissement économique. »

Baisse d’impôt

Le gouvernement a également indiqué lors de la dernière campagne électorale sa volonté de réduire les deux premiers taux du barème d’un point d’un pourcentage dès 2023. Le coût estimé pour cette promesse par la CAQ est de 7,4 milliards de dollars durant le mandat. Mais avant qu’une telle mesure puisse être mise de l’avant, Luc Godbout estime que des questions devront préalablement être posées.

« Il faudra que d’ici le budget 2023, le gouvernement présente son plan de résorption des déficits en vue d’atteindre l’équilibre budgétaire et qu’il revoie la loi sur le remboursement de la dette pour voir si on est capable d’atteindre les cibles tout en diminuant les versements au fond des générations »,