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Mon invité m’avait donné rendez-vous à ce restaurant italien de l’Ouest d’Ottawa, à deux pas du Centre Canadian Tire. «La bouffe est excellente», m’avait-il dit.

Je l’attendais à l’extérieur lorsqu’il est arrivé avec une vingtaine de minutes de retard. «Désolé de te faire attendre, me dit-il. Le coach voulait me parler».

—Pas de problème, que je lui réponds. Mais je crois qu’il faudra choisir un autre resto. Celui-ci est plein à craquer.

—Suis-moi, réplique-t-il en haussant les épaules. Ils nous trouveront sûrement un petit coin quelque part. Puis il est entré. Alors je l’ai suivi.

Tous les clients se sont tus en l’apercevant. On aurait pu entendre une mouche voler.

«Alfie!, lui crie le propriétaire du resto en souriant. Welcome my friend!» Puis on nous a guidés vers une table tout au fond de la pièce. Une table qui s’était libérée… comme par magie.

Une table loin des regards, loin du bruit ambiant, loin des chasseurs d’autographes et de selfies. Un endroit parfait pour réaliser l’entrevue avec lui.

On a jasé de sa vie en Suède avant d’être repêché par les Sénateurs. De sa mère qui était malade et qui devait se déplacer en fauteuil-roulant. Des auteurs qu’il lisait. De golf. On a beaucoup parlé de golf, l’un de ses sports préférés. On a parlé de bouffe, de ses enfants, de sa vie à Ottawa. On n’a presque pas parlé de hockey. Et c’était bien correct comme ça. On a juste jasé. De tout et de rien. Comme deux vieux amis.

C’était mon dîner avec Daniel Alfredsson.

Un beau moment. Un moment agréable que je n’ai pas oublié. Et lorsqu’on célébrera son intronisation au Temple de la renommée du hockey, lundi soir au Centre Canadian Tire, ce moment avec lui me reviendra en mémoire.

••••

Ce n’était pas la première fois que je faisais une demande d’entrevue avec un joueur des Sénateurs d’Ottawa. Et chacun avait son endroit pour s’entretenir avec un journaliste.

L’ancien gardien Patrick Lalime avait choisi le vestiaire. Juste là, assis sur le banc de bois lui et moi, son équipement de hockey accroché derrière nous.

L’autre ancien gardien, Pascal Leclaire, avait choisi une petite salle de conférence dans les bureaux administratifs des Sénateurs pour notre entretien. Vous souvenez-vous de Pascal Leclaire? Non? C’est normal, il était presque toujours blessé. Bon gardien, mais toujours blessé. Ça coûte cher un cerbère qui porte plus souvent des plâtres que des jambières. Et ça ne fait pas longue carrière.

Le défenseur Marc Méthot, lui, avec choisi de prendre place dans les estrades vides du CCT pour me jaser.

Trois joueurs différents, trois endroits différents, mais jamais très loin de la chambre des joueurs. Jamais très loin de leur zone de confort.

Le capitaine Alfredsson, lui, m’a surpris.

«As-tu dîné?, m’a-t-il demandé lorsque je me suis présenté devant lui dans le vestiaire après la pratique des siens.

—Heu… non. (Sa question m’a décontenancé. Habituellement, le joueur me demande combien de temps j’ai besoin pour l’entrevue).

—As-tu déjà été chez Fratelli? C’est tout près d’ici et la bouffe est excellente. Ça te tente?

—D’accord…

—Parfait. Je te rencontre là-bas dans une trentaine de minutes.»

••••

Je n’en croyais pas mes oreilles. Moi, le fan inconditionnel des Sens, allait dîner avec nul autre que le grand Alfie.

Pour lui, c’était juste un autre lunch. Il devait m’accorder une entrevue, c’était convenu, alors joignons l’utile à l’agréable s’était-il sûrement dit.

Mais pour moi, c’était un moment magique. Un honneur. Un moment inoubliable où, le temps d’un repas, le journaliste est redevenu p’tit gars devant son idole.

Merci pour ce beau moment Alfie.

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