Celle qui aura 23 ans en juin veut aussi montrer que l’on n’a pas à être un athlète de haut niveau pour se dépasser.

Ce «triathlon réinventé», qui doit s’amorcer fin juin, prévoit une première portion du trajet en vélo, sur la Route verte. Anabelle roulera de Saint-Denis-de-Brompton, son lieu de résidence, jusqu’au pied du mont Albert en Gaspésie. Les quelque 715 km du trajet se vivront en camping.

Tout au long du voyage, l’étudiante en psychologie de l’Université de Sherbrooke sera autonome.

«Pour moi, c’est important que ce voyage se fasse en autonomie. Oui, il va y avoir une équipe de tournage qui va documenter le tout, mais je vais toujours avoir mes bagages avec moi (…)»

Elle effectuera ensuite 250 km à la marche entre le mont Albert et le parc national Forillon, en Gaspésie, en empruntant le Sentier international des Appalaches. Cette distance devrait prendre environ deux semaines.

Là où Anabelle sortira le plus de sa zone de confort, c’est lorsqu’elle ramera de Forillon à l’Île du Havre Aubert, sur une distance d’environ 250 km.

Mais rien n’est laissé au hasard : elle est encadrée par sa mentore, l’aventurière Mylène Paquette, qui a traversé l’Atlantique Nord à la rame en 2013. Depuis octobre, elle peut s’entraîner avec un bateau à rame océanique, qui provient de Suède. «Ça a été tout un défi de le faire venir», dit-elle en citant des mois de démarches.

«C’est la partie la plus insécurisante, parce que c’est quelque chose que je n’ai jamais fait et je serai toute seule au milieu de l’océan. C’est aussi une section très technique. C’est ce que Mylène m’expliquait : ça reste assez difficile la section que je vais parcourir à la rame.»

Une affaire de famille

Le plein air a toujours fait partie du quotidien de la famille. Un voyage en cyclotourisme proposé par son père alors qu’elle avait huit ans a constitué un point tournant. Le périple les avait alors conduits de l’Île-du-Prince-Édouard... jusqu’en terre madelinienne.

«Ça m’a ouvert les yeux sur le fait qu’on est capable d’atteindre nos objectifs.»

«Depuis que je suis toute jeune, j’allais à l’extérieur, on faisait du sport, on allait dans la nature : ça faisait partie du quotidien. C’est comme si je ne me retrouvais pas dans les modèles qu’il y avait (…) C’est drôle comment dans les sports on valorise les corps d’athlète et comment il faut être performant.»

En vue de l’expédition, elle est encadrée par l’entraîneur Xavier Roy.

Un film et un outil de sensibilisation

Une équipe de tournage permettra de documenter cette odyssée, qui prendra vie sous la forme d’un récit documentaire et qui deviendra un outil de sensibilisation.

Parmi les membres de cette équipe, on compte l’aventurière Caroline Côté, qui se prépare pour l’Antarctique en solitaire. Elle fait partie de la bande comme réalisatrice, aux côtés de Véronique Vigneault comme productrice.

«On veut créer un film qui va toucher autant les jeunes que les grands pour que l’on voie enfin quelqu’un qui n’est pas un athlète de haut niveau qui s’en va monter le mont Everest…»

Avec ce film, elle veut aussi aller à la rencontre des jeunes pour faire entendre son message; plaider pour une pluralité des corps et le développement d’une estime de soi positive.

«L’inclusion dans le sport, je pense que ça passe par la représentation de modèles qui sortent un peu de la norme que l’on est habitué de voir, et c’est ça l’idée avec ce documentaire-là : peu importe qui l’on est, grand, petit, on est capable de se dépasser et de croire en nos ambitions…»

Le lancement d’une grande campagne de financement est prévu d’ici la fin du mois de novembre.

Pour plus de détails : https://anabelleguay.ca/