Chronique|

Deadpool est cool

«J'ai vu plusieurs films de Ryan Reynolds. Il est pas mal drôle», a dit Tim Stützle, jeudi matin.

CHRONIQUE / En milieu de journée, jeudi, j’ai croisé notre collègue, le photographe Étienne Ranger. Je savais qu’il s’apprêtait à passer la soirée au Centre Canadian Tire. J’en ai profité pour lui passer une commande spéciale.


J’étais convaincu qu’au moins un spectateur porterait un masque du super-héros Deadpool, durant le match opposant les Sénateurs aux Golden Knights de Vegas. Ou un costume complet. Il fallait à tout prix photographier ce partisan.

Je me suis trompé et c’est dommage. Les partisans non-costumés ont quand même passé une belle soirée. Ils ont surtout apprécié la deuxième portion de la partie.

Mais on ne s’attardera pas trop sur le match.

On parlera plutôt de Ryan Reynolds, ce matin, si vous le permettez.

On a rarement vu une rumeur se propager aussi rapidement, dans la petite capitale. Dire que ça part de presque rien! Un simple emoji pensif lancé par une vedette hollywoodienne. Un innocent gazouillis qui pourrait nous laisser croire que, peut-être, la star aimerait se joindre au groupe de propriétaires...

Et tout le monde - vraiment, tout le monde - semble emballé.

Cam Talbot a déclaré qu’il ferait peindre Deadpool, sur son masque, si jamais ça se produit.

Mathieu Joseph nous a confié que Reynolds fait partie de ses acteurs favoris. «Toute cette histoire ne me concerne pas», a-t-il réagi, presque gêné.

«Mais... J’aimerais vraiment le rencontrer, un jour.»

Est-ce que Reynolds est sérieux?

A-t-il vraiment des chances de se joindre au prochain groupe de propriétaires des Sénateurs?

En ce moment, les chances sont probablement minces.

C’est une simple question de probabilités. Selon ce qu’on nous laisse croire quatre, cinq ou six groupes d’acheteurs potentiels seront dans les blocs de départ.

Tous ces investisseurs feraient quand même bien de prendre des notes. La réaction spontanée des partisans, dans les 24 dernières heures, nous laissent croire que les Sénateurs ont vraiment besoin de ce que Reynolds peut offrir.

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On peut le résumer très facilement, dans une courte phrase. Ryan Reynolds est cool.

Il est beau bonhomme. Avant toute chose, il a l’air cool.

Est-ce que Ryan Reynolds est sérieux?

Son charme opère 10 fois plus quand il ouvre la bouche. Son sens de l’humour unique le rend encore plus cool.

Ses comédies d’action ont fait sa renommée, mais c’est sur YouTube qu’on retrouve ses vidéos les plus hilarantes.

Reynolds et si cool que tout ce qu’il touche devient automatiquement cool.

Sa distillerie est cool. Son agence de marketing et de communication produit du contenu qui est cool. Son dernier film de super-héros a généré des recettes de 785,8 millions $US au box-office.

Avec son partenaire Rob McElhenney, Reynolds a fait l’acquisition d’un club de soccer anglais de cinquième division, Wrexham AFC, durant la pandémie.

Au cours de la dernière année, les ventes de produits dérivés de l’équipe auraient atteint la somme de 360 000 euros. Durant l’année précédente? La vente des mêmes produits avaient permis au club d’empocher un peu moins de 60 000 Euros.

Cool. Cool. Cool.

Les Sénateurs ont grandement besoin d’une grande dose de ce que Ryan Reynolds peut apporter.

Il y avait encore des centaines de sièges vides, jeudi soir, au CCT. Et le scénario risque de se répéter très souvent, dans les prochains mois.

Le président des opérations commerciales, Anthony LeBlanc, nous a bien prévenus à quelques heures du début de la saison. «Nous partons de très loin.»

Ça signifie que le nombre d’abonnés annuels demeure assez bas. La pente à remonter est importante.

LeBlanc le sait sans doute mieux que nous. S’il a pris le temps de sonder leur clientèle, il a sans doute compris que les fans ont graduellement tourné le dos à l’organisation parce qu’ils ne la reconnaissaient plus.

Dans la dernière décennie, les Sénateurs ont souvent été leurs pires ennemis. Les décisions douteuses de la direction ont souvent eu un effet négatif sur l’image de marque de toute l’organisation.

On va dire les choses franchement. Durant les dernières années du règne d’Eugene Melnyk, les Sénateurs étaient perçus comme une organisation pauvre, qui cherchait à économiser partout où c’était possible, et qui peinait à exister dans le même écosystème que leurs rivaux.

Les Sénateurs sont aussi devenus l’équipe de Kanata, la banlieue maudite, et l’équipe du Centre Canadian Tire, l’aréna qui commence à vieillir et dans lequel on n’investit pas toujours les sommes nécessaires.

J’ai une pensée pour tous ces partisans croisés, avant le match inaugural à domicile. Sur la coursive qui mène au sièges des niveaux 200 et 300, il y avait des tas de jeunes adultes. Des gens qui étaient un peu trop jeunes pour s’acheter eux-mêmes des billets, au début des années 2000, lorsque les Sénateurs appartenaient à l’élite du circuit.

Pour fidéliser cette clientèle qui va occuper de plus en plus d’espace, au sein de la communauté, les Sénateurs doivent se réinventer. Ils devront gagner plus souvent qu’ils perdent. Ils doivent participer aux séries. Ils devront être capables de retenir leurs meilleurs joueurs.

Ils devront déménager sur les plaines LeBreton. Il n’y a plus d’avenir dans l’ouest.

Enfin, il faudra un peu de magie.

Un magicien du marketing et du divertissement comme Ryan «Deadpool» Reynolds pourrait être très utile.