On en arrive même à se demander s’il existe à Sherbrooke une entente quelconque qui ferait que dès que le centre de services scolaire prépare un projet pour une nouvelle école, un processus de collaboration avec la Ville se déclenche automatiquement, non seulement pour s’assurer d’avoir un terrain, mais aussi pour que l’ensemble des intervenants rament dans le même sens et surtout au même moment.
Après tout, l’objectif d’une meilleure concertation du milieu scolaire et du milieu municipal fait quand même partie de la loi 40 qui a créé les centres de services scolaire.
Difficile d’imaginer d’ailleurs que les autres grandes villes du Québec ne disposent pas d’ententes de collaboration de ce genre qui font que de façon systématique, une ville et un centre de services doivent se parler dès qu’un projet de nouvelle école est en préparation. À Sherbrooke, à lire les propos des intervenants cette semaine, on dirait bien que l’on travaille en silo et que finalement, on manque peut-être de coordination.
Pas plus tard que cette semaine, la mairesse nous a parlé d’un projet Mitchell-Montcalm qui pourrait se réaliser dans l’arrondissement Rock Forest plutôt que dans celui de Jacques-Cartier. Au même moment, la direction du CSSRS a fait savoir que l’idée de construire la nouvelle école Mitchell-Montcalm à Rock Forest n’est pas vraiment dans ses plans.
À première vue, l’idée de la mairesse apparaît pertinente. Cependant, quand on prend le temps d’y penser, l’argumentaire du CSSRS et maintenant celui de beaucoup de parents d’élèves concernés l’emporte selon moi puisque les jeunes du bassin d’approvisionnement de Mitchell-Montcalm habitent pour la plupart autour de l’école actuelle.
Peut-on même imaginer que les élèves qui sont présentement au pavillon Mitchell et qui habitent dans le Vieux-Nord devraient être trimballés jusqu’à Rock Forest? En tout cas, côté réduction de GES et sauvetage de la planète, on serait loin d’être conséquent avec nous-mêmes… Il serait donc tout à fait normal que la nouvelle école demeure dans l’arrondissement Jacques-Cartier, d’autant que cela favoriserait me semble-t-il la fameuse densification que certains souhaitent par-dessus tout.
Si on veut arriver à quelque chose rapidement, le fossé entre les propos de la mairesse et ceux du CSSRS devra se réduire grandement, d’autant qu’il est minuit moins une pour Mitchell-Montcalm. L’attente ne peut plus durer.
Quelle solution pour la nouvelle école?
Ne pourrait-on pas penser reconstruire à partir du pavillon Montcalm actuel? Le terrain est déjà là, disponible. Il est en pente, ce qui pourrait peut-être permettre de construire sur deux, trois étages sans même sacrifier le plateau sportif à l’arrière. Surtout, dans le contexte de la création de nouvelles écoles qui s’inspirent de leur environnement. Il y aurait certainement quelque chose d’exceptionnel à faire sur le terrain actuel, notamment en fonction de la vue en plongée que l’on a depuis la partie la plus haute du terrain. On a même l’impression que la pente diminuerait l’effet massif d’un gros bâtiment et que son vitrage orienté vers le sud pourrait être très inspirant pour la luminosité des locaux.
De 150 millions de dollars en 2021 pour la construction d’une nouvelle école secondaire Mitchell-Montcalm, on peut très bien imaginer que dans deux ou trois ans, on parlera sans doute de 250 à 300 millions pour construire ailleurs. Y aurait-il moyen de revoir l’ensemble de l’œuvre en fonction d’un projet sur le site actuel en reprenant une partie des bâtiments actuels tout en demeurant dans la fourchette de 150 à 200 millions, et sans avoir à acquérir un autre terrain?
Des exemples de réfection et d’agrandissement à Sherbrooke
Au cours des dernières années, le Salésien et le Séminaire de Sherbrooke ont réalisé des projets d’expansion sur leurs terrains actuels et ont maximisé leurs espaces en agrandissant par en dedans. Sans dire que la solution est d’agrandir le pavillon Montcalm par en dedans, il y a une marge entre construire sur un nouveau terrain à Rock Forest et réutiliser le site du pavillon Montcalm. Il y a certainement moyen de repenser l’actuel site pour y accueillir le pavillon Mitchell : le terrain est immense, l’espace disponible l’est tout autant et le quartier est déjà socialement habitué à vivre près d’une école secondaire.
Qui plus est, en construisant la nouvelle école Mitchell-Montcalm sur le site de celle qui est déjà là, on pourra plus facilement faire passer la pilule de la construction d’une nouvelle école dans le secteur Rock Forest-Saint-Élie-Deauville lorsque le temps sera venu.
Pour l’heure, la solution doit être au compromis, à l’efficacité et à la sobriété. Je demeure convaincu qu’avec un tel modèle, le nouveau ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, pourrait intégrer un tel projet rapidement dans le budget de dépenses 2023-2024.
Pour réagir à cette chronique, écrivez-nous à opinions@latribune.qc.ca. Certaines réponses pourraient être publiées dans notre section Opinions.