L’âgisme encore bien présent chez les employeurs 

Le recours aux travailleurs expérimentés est d’ailleurs la solution à court terme la plus réaliste pour tenter de combattre la pénurie de main-d’œuvre selon M. Milliard.

Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), a lancé un appel aux employeurs de la province mercredi matin. Il estime qu’ils doivent en faire plus pour accueillir des personnes plus âgées dans leurs rangs.


« Vous seriez surpris des commentaires confidentiels de gens qui me disent qu'ils se sont fait poliment dire qu’ils étaient trop vieux pour comprendre la réalité de l’entreprise ou qu’ils allaient mal se mélanger avec les plus jeunes, déplore M. Milliard en marge d’une conférence. Ce sont des affaires épouvantables. »

Le recours aux travailleurs expérimentés est d’ailleurs la solution à court terme la plus réaliste pour tenter de combattre la pénurie de main-d’œuvre selon M. Milliard.

« Il n’est pas minuit moins une en terme de pénurie de main-d’œuvre, il est minuit et 10, indique-t-il. L’immigration c’est un levier, mais ce n’est pas le seul, n’attendez pas juste après ça. L’investissement dans l’automatisation c’est bon, mais ça ne réglera pas le shift manquant dimanche prochain. »

L’embauche de gens à la retraite se prépare selon M. Milliard.

« On n’arrive pas comme ça en disant qu’on recrute des personnes de 65 ans et plus et on verra ce qui va arriver. C’est quelque chose dont il faut parler. Avec les syndicats ça va demander de l’adaptation dans les conventions collectives. Dans beaucoup de secteurs syndiqués, il y a des gens qui voudraient continuer de contribuer, mais qui sont limités par la rigidité de la convention. »

Trois jours par semaine ?

Évidemment, la plupart des personnes à la retraite ne souhaitent pas revenir au travail 40 h par semaine, 50 semaines par année. Les employeurs doivent s’adapter et éviter les idées préconçues selon Luc Godbout, chercheur principal à la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke.

« On tient pour acquis que les aînés veulent travailler trois jours par semaines, souligne-t-il. Ce n’est pas si clair que ça. Certains veulent travailler cinq jours par semaine, mais 40 semaines par année. Quand arrive la relâche, ils veulent skier avec leurs petits enfants. Il faut être à l’écoute. »

Pour Charles Milliard, même une personne qui décide de revenir au travail une seule journée par semaine aura un impact significatif.

« Ça fait la différence pour un commerce de détail que ce soit en région ou à Montréal, mentionne-t-il. Ça va empêcher une diminution des heures d’ouverture, de la qualité du service et un burn-out du propriétaire. J’ajouterais aussi les bénéfices non monétaires pour la personne qui retourne travailler. C’est un élément de socialisation et c’est l’occasion d’apprendre aussi. »