Il propose d’emblée de prolonger la période où il est possible de changer d’idée après avoir reçu un premier versement du Régime de rentes du Québec.
« Actuellement, si tu prends ta retraite sur un coup de tête à 62 ans, tu as 6 mois pour changer d’idée, mentionne M. Godbout qui prenait la parole à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie de Sherbrooke. Dans le reste du Canada, ils ont un an. Pourquoi ce ne serait pas la même chose ici ? Ça ne coûte pas cher de l’offrir. »
Le chercheur estime aussi qu’on pourrait rendre les cotisations au RRQ facultatives après 65 ans. La CAQ a avancé qu’elle mettrait cette mesure de l’avant lors de la dernière campagne électorale.
« Un immigrant qui est arrivé au Québec à 40 ans aura peut-être intérêt à continuer à cotiser, mais quelqu’un qui a commencé à travailler à 18 ans, peut-être qu’il a déjà le maximum de la rente. Si tu as 78 ans, ça vaut-tu encore la peine de continuer à cotiser ? Encore une fois, c’est ce qu’ils font dans le reste du Canada. »
Les travailleurs plus âgés bénéficieraient aussi de rendre remboursable le crédit d’impôt pour prolongation de carrière du Québec, d’en mettre un en place au niveau fédéral et d’exclure des revenus de travail dans le calcul de la récupération de la pension de la Sécurité de la vieillesse. Luc Godbout note aussi que de repousser l’âge de conversion du REER pourrait inciter des gens à rester sur le marché du travail.
« L’âge à laquelle tu es obligé de convertir ton REER était de 71 ans en 1957 et est à 71 ans en 2022, mentionne-t-il. L’espérance de vie est bien plus longue aujourd’hui. Normalement, l’âge de conversion devrait bouger avec l’espérance de vie des retraités. On pourrait facilement aller à 75 ans. »
M. Godbout propose finalement que les travailleurs de plus de 65 ans puissent conserver le droit de cotiser aux Fonds des travailleurs.
Analyse de cas
En ce moment, une personne à la retraite avec un revenu de 20 877 $ qui va chercher un salaire de 10 000 $ retiendra 73,2 % de cette somme. En mettant en place les cotisations facultatives à la RRQ et en rendant remboursable le crédit d’impôt pour prolongation de carrière, ce ratio monte à 82,3 %.
Dans le cas, d’une personne retraitée retirant 36 066 $ en revenu, un salaire de 20 000 $ serait conservé à 61,5 % sans ces deux mesures et à 65,8 % si on les applique. Si on ajoute un crédit d’impôt pour prolongation de carrière au niveau fédéral et qu’on exclut les revenus de travail dans le calcul de la récupération du PSV, on se retrouve avec un ratio de 72,6 %.
« C’est plus payant que les gens pensent de retourner sur le marché du travail, même si on perd certaines prestations et qu’il y a certains éléments qui pourraient améliorer la situation, résume M. Godbout. Dans bien des cas, une hausse du revenu disponible, ça veut dire une hausse du niveau de vie. »