Une lutte dans la cour des municipalités

La directrice générale du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE), Jacinthe Caron.

Les municipalités se retrouvent au front avec la lutte aux espèces envahissantes, estime Claude Lavoie, professeur à l’Université Laval et spécialiste des plantes envahissantes. «Ça a surtout commencé avec la berce du Caucase, un enjeu de santé publique.»


La Ville de Sherbrooke compte un règlement qui interdit de planter ou d’introduire des espèces exotiques envahissantes, mais celui-ci ne légifère pas sur la vente. Pourquoi ne pas aller aussi loin?

«En tant que ville-centre, quand on vient légiférer sur la vente, ça a un impact sur les municipalités autour de nous. Il y a des validations juridiques qui sont nécessaires quand on légifère à ce niveau-là», commente Ingrid Dubuc, directrice du Bureau de l’environnement à la Ville de Sherbrooke.

«Pour le moment, ce n’est pas un élément qui est ressorti comme une priorité de réflexion ou d’action», explique-t-elle.

«Si la Commission de l’environnement nous donnait le mandat d’aller plus loin, on le ferait, mais ce n’est pas quelque chose qui a été considéré comme prioritaire en date d’aujourd’hui.»

Si un citoyen rapportait la présence d’une plante envahissante chez son voisin, par exemple, la Ville pourrait intervenir pour valider le tout et lancer un processus de non-conformité.

Selon Nicolas Bousquet, biologiste au COGESAF, plusieurs municipalités ont un règlement générique sur les espèces exotiques envahissantes (EEE), mais ces règlements demeurent vagues et peu appliqués.

Le projet de lutte à la berce du Caucase à Racine.

L’enjeu ne soulève pas les passions dans la population… à moins que ce soit une espèce comme le myriophylle à épis qui envahit les lacs et qui nuit aux activités nautiques. «Une plante qui influence l’environnement, je ne ferai pas beaucoup de millage avec ça», lance M. Lavoie. 

Le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE) avait ciblé cet aspect dans un plan d’action et prévoyait faire des représentations au sujet de la vente libre des plantes envahissantes, mais a délaissé ce projet vu son ampleur.

«Finalement, c’est certain que c’est plus gros que nous. On peut aller voir les commerces, sauf que ça demande un travail important et on peut juste faire de la sensibilisation», commente la directrice générale du CREE, Jacinthe Caron, en ajoutant qu’une démarche devait être lancée au niveau provincial.

Le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) s’est récemment doté d’un comité sur les espèces exotiques envahissantes.