Un nouveau traitement contre le cancer sera développé à Sherbrooke

Les thérapies CAR actuelles consistent à prélever les cellules immunitaires d’un patient atteint de cancer et de les modifier afin qu’elles expriment un CAR, un genre de caméra, les rendant aptes à reconnaître et à tuer les cellules cancéreuses lorsqu’elles sont réinjectées dans le patient.

Une nouvelle entreprise qui développe une nouvelle génération de thérapie CAR pour traiter le cancer et prévenir les rechutes s’installera prochainement à Sherbrooke. Immugenia a d’ailleurs déjà reçu plus d’un million de dollars en financement d’adMare BioInnovations, l’ACET et Sherbrooke Innopole.


Pour l’instant, le développement de la technologie provient des travaux du Dr Elie Haddad, clinicien chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur titulaire au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal. La société regarde toutefois les possibilités en Estrie.

« Il y a déjà des laboratoires à Sherbrooke comme Espace LABz, indique Stéphane Gagné, PDG d’Immugenia. On regarde ça ou des laboratoires dans l’environnement du CHUS ou de l’Université de Sherbrooke pour être le plus près possible d’un bassin de chercheurs. » 

C’est le programme de Sherbrooke Innopole qui a convaincu M. Gagné, un Sherbrookois d’origine, de revenir s’installer en Estrie après 18 ans en Ontario.

« Là où Sherbrooke Innopole a, je pense, un modèle gagnant, c’est que parfois ils vont décider d’investir dans les entreprises qui s’établissent à Sherbrooke et ç’a été pour moi un facteur important de localisation, mentionne-t-il. On aurait pu s’établir n’importe où, mais le programme de Sherbrooke Innopole a été déterminant. »


Pour éviter les rechutes

Les thérapies CAR actuelles consistent à prélever les cellules immunitaires d’un patient atteint de cancer et de les modifier afin qu’elles expriment un CAR, un genre de caméra, les rendant aptes à reconnaître et à tuer les cellules cancéreuses lorsqu’elles sont réinjectées dans le patient.

« Les technologies CAR traditionnelles ont malheureusement une durée de vie limitée, ce qui favorise les rechutes, admet Dr Haddad. En modifiant les cellules souches des patients plutôt que les cellules périphériques comme c’est le cas habituellement, Immugenia crée une immunothérapie qui pourra durer continuellement, ce qui diminuera les risques de rechute tout en réduisant les risques de toxicité associés à de trop hautes doses ».

Alors que la thérapie traditionnelle vise principalement les tumeurs liquides comme la leucémie, l’ajout du CAR dans les cellules souches devrait rendre la stratégie plus efficace et élargir ses indications aux tumeurs solides.  

« La particularité des cellules souches, c’est qu’elles vont produire les cellules équipées de cette caméra pour toute la vie du patient, explique M. Gagné. Non seulement on traite le cancer, mais on va permettre de traiter les rechutes potentielles. »

Stéphane Gagné, PDG d’Immugenia.

Encore des tests

Le traitement développé par Immugenia n’est toutefois pas encore approuvé pour les humains.

« On est aujourd’hui encore aux recherches sur les animaux, indique M. Gagné. On a démontré qu’on est capable chez la souris d’avoir uniquement les cellules immunitaires sélectionnées et qu’elles peuvent attaquer le cancer. »

Le financement reçu de la part d’adMare BioInnovations, ACET Capital et Sherbrooke Innopole va permettre à Immugenia de compléter les études chez l’animal pour éventuellement faire une autre ronde de financement, beaucoup plus importante, pour amorcer les tests sur les patients humains.

« On va choisir des cancers en particulier qu’on va valider chez la souris », résume M. Gagné.