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En décortiquant les résultats de l’élection du 3 octobre dernier et en revenant sur certaines erreurs stratégiques de la gauche radicale qui dirige Québec solidaire, on comprend mieux pourquoi la gauche ne passe pas au Québec.

Les scores combinés obtenus par la droite représentée par la CAQ et le PCQ ont atteint 53,89 %. Encore plus frappante est l’augmentation des intentions de vote pour la CAQ et le PCQ, soit 15 points de pourcentage de plus que lors de l’élection de 2018. Même s’il est vrai de dire qu’en 2018 le PCQ n’existait à peu près pas, il y a fort à parier que plusieurs électeurs de droite n’étaient simplement pas sortis voter à l’époque, puisqu’ils ne se retrouvaient pas dans l’offre politique.

Parlant des électeurs de droite, l’ex-candidat à la chefferie du Parti québécois, l’humoriste Guy Nantel, en a rajouté à propos du vote de la droite péquiste dimanche dernier, à l’émission Tout le monde en parle. Nantel est revenu sur le fait que même au Parti québécois, une part importante des membres et des sympathisants sont des électeurs souverainistes du centre, mais aussi de la droite. Ainsi, il y a donc fort à parier qu’un pourcentage de l’électorat péquiste n’est pas de la mouvance de gauche, mais qu’il a voté PQ en fonction d’une option claire pour la souveraineté du Québec. Clairement ici, cet électorat ne votait pas en fonction d’un programme souverainiste résolument à gauche, d’autant que tous savent que QS est aussi un parti souverainiste.

Si on ajoute à cela les électeurs libéraux du Grand Montréal et particulièrement les anglophones qui ont voté pour le PLQ et qui se réclament de la droite, il ne reste littéralement que des miettes à la gauche québécoise sur l’échiquier politique.

D’ailleurs, du côté de Québec solidaire, on parle d’un score de seulement 15,43 % en termes de votes exprimés. C’est même une baisse de 0,63 point par rapport à 2018! C’est donc dire que son message ne passe pas, mais surtout qu’il n’est tout simplement pas accepté par la majorité.

La gauche québécoise doit donc faire un examen de conscience si elle souhaite progresser au Québec. Le véhicule Québec solidaire doit-il être revampé ? Est-ce que le discours de la gauche solidaire devrait mettre de côté la souveraineté du Québec pour pouvoir aller chercher le vote de la gauche fédéraliste? Il m’apparaît évident après un tel revers électoral que le message d’une gauche souverainiste ne passe vraiment pas. Alors que les messages portés par Québec solidaire durant la campagne, notamment à propos de l’urgence d’agir massivement pour contrer les changements climatiques, auraient dû convaincre une grande part de l’électorat tant de la gauche que de la droite, il s’avère que cela n’a clairement pas été le cas.

La dernière élection confirme donc que les Québécois n’adhérent pas à l’idéal de la gauche et surtout qu’ils ne se réclament absolument pas de ce côté du spectre politique. Il est aussi assez évident que les fédéralistes de gauche refusent toujours de sortir voter pour QS à cause du message souverainiste qui fait partie de son programme. Une profonde réflexion de la gauche est donc souhaitable à ce niveau si elle veut réussir à conquérir l’électorat du Nouveau Parti démocratique, résolument à gauche, mais profondément fédéraliste.

Il va sans dire aussi que les Québécois qui ont vu les propositions radicales de QS à propos des trop nombreuses taxes orange ont pris conscience qu’ils font partie des citoyens nord-américains les plus taxés et les plus imposés, et ce malgré tous les services qu’ils reçoivent.

Enfin, la gauche québécoise a peut-être fait l’erreur d’oublier la théorie de Jeremy Corbin «For the many not the few» en ratissant trop large dans son obsession à taxer le citoyen et à l’emmerder avec son petit pécule durement gagné. Cette théorie du Labour Party britannique, un parti résolument à gauche et un modèle reconnu de par le monde, vise à créer de la richesse collective, mais sans nécessairement pénaliser celui qui l’a créé.

Le désir de QS de taxer tous les nouveaux millionnaires québécois fut une erreur. Cela est d’autant plus vrai que l’on sait trop bien que le pécule des Québécois est plus souvent qu’autrement gelé dans un avoir immobilier bien standard souvent composé de son humble bungalow dont la valeur a explosé ces dernières années. Cela n’est pas du tout comparable à l’avoir des ultra-riches placé dans des paradis fiscaux, ceux-là même qui contribuent réellement aux inégalités dans notre société. QS a donc failli en tapant sur les mauvaises cibles.

Ainsi on conviendra qu’à moins vraiment que la gauche raffine son message, les Québécois demeureront bien campés à droite et loin d’être prêts à changer leur fusil d’épaule.

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