Chronique|

Une entreprise qui veut outiller les parents des gamers

Les parents peuvent inscrire leur enfant de 12 ans et plus à une ou deux pratiques par semaine.

CHRONIQUE / J’ai eu la chance d’avoir des parents qui, même s’ils ne connaissaient rien à rien aux jeux vidéo, ne m’ont jamais jugé lorsque je gamais pendant des heures au lieu d’aller jouer dehors. Ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde et plusieurs jeunes, encore en 2022, ne sont pas valorisés dans leur passion. C’est quelque chose que souhaite changer l’entreprise de Québec, le Gamer Mentor.


« Je rencontre des parents aujourd’hui qui sont aussi peu outillés que mes parents l’étaient il y a 15 ans et qui n’ont jamais vraiment joué à des jeux vidéo, indique Mathieu Arcand, fondateur du Gamer Mentor. Pour les parents de 40 ans et plus, c’est vraiment le démon encore. Ils ont peur que ce soit le stéréotype des chips et de la liqueur jusqu’à 26 ans dans le sous-sol. »

Le concept du Gamer Mentor est simple. Les parents peuvent inscrire leur enfant de 12 ans et plus à une ou deux pratiques par semaine. Ce dernier choisi un jeu entre Call of Duty, Overwatch, Rocket League, League of Legends, Super Smash Bros, Valorant, Fortnite, Apex Legends, Starcraft 2 ou Legends of Runeterra et il joue des blocs de deux heures en soirée après l’école. Les jeunes doivent aussi obligatoirement participer à un atelier sur les saines habitudes de vie le mercredi soir. 

« On s’est dit qu’on allait encadrer la pratique du jeu vidéo dès un jeune âge au secondaire, mentionne Katherine Mailloux, associée. Ça va être axé sur le plaisir, le développement personnel, l’équilibre de jeu et pas que sur la performance. »

Ce qui est intéressant c’est que l’entreprise implique pratiquement autant les parents. Un webinaire par mois s’adresse d’ailleurs à eux.

« On demande au parent la même implication que s’ils inscrivaient leur jeune au soccer, poursuit Mme Mailloux. On veut que le parent demande à son enfant comment son entraînement a été. S’il s’est fait des amis ? C’est quoi le nom de l’entraîneur ? C’est juste pour ramener un dialogue positif. À partir de ce moment, les parents remarquent une grosse différence. »

Mathieu Arcand et Katherine Mailloux.

Estime de soi

Le gaming n’est pas différent des autres activités sportives. Si un jeune joue au soccer, mais que ses parents ne s’intéressent pas à ses performances ou n’assistent pas à ses matchs, il ne se sentira pas valorisé et ne développera pas une forte estime de lui. Les jeunes qui participent aux programmes du Gamer Mentor doivent d’ailleurs se cibler des objectifs qui n’ont pas nécessairement de lien avec le jeu.

« J’avais un jeune qui allait au cinéma avec une fille et il ne lui avait jamais parlé en vrai, raconte M. Arcand. Il ne lui avait écrit que par texto. Il était stressé et son objectif c’était d’arriver à lui parler. C’est cute, mais d’en parler avec un groupe sans sentir de jugement, c’est super bénéfique. »

L’entreprise accompagne aussi des jeunes en milieu scolaire.

« On a vécu une belle expérience avec un jeune, souligne M. Arcand. Il était là l’année dernière aussi et n’a manqué aucune pratique, aucun atelier et il était toujours à l’heure. J’ai annoncé durant la première séance qu’il était le nouveau capitaine de l’équipe. Il ne s’attendait pas à ça et tout de suite il est allé aider un jeune de secondaire 1. Juste de lui faire voir qu’il a ce leadership là, ça fait toute la différence. »

L’entreprise parraine bien évidemment des joueurs qui ont un bon niveau de jeu, mais il n’est pas axé du tout sur la performance.

« Tu n’inscris pas ton jeune au soccer ou au football pour qu’il devienne professionnel, résume Mme Mailloux. Tu l’inscris pour qu’il se fasse des amis et qu’il apprenne l’esprit d’équipe. »

Le Gamer Mentor a été fondé en mai 2020 et déjà plus de 160 jeunes ont été mentorés.

Pour réagir à cette chronique, écrivez-nous à opinions@latribune.qc.ca. Certaines réponses pourraient être publiées dans notre section Opinions.