Pendant deux ans, des équipes étudiantes du baccalauréat en administration du cours Moi, gestionnaire socialement responsable se relaieront pour accompagner huit organisations à réaliser «un projet d’impact social». Cette initiative est en quelque sorte le prolongement du Programme d’intervention dans la communauté (PIC) du Centre Lemaire de l’École de gestion qui a permis, ces deux dernières années, à plus de 1482 étudiants de réaliser 270 mandats auprès de 130 partenaires de l’Estrie et de la Montérégie.

«Nous observons deux types de mandats de la part de nos partenaires : réactif et prospectif», explique Sondès Allal, coordonnatrice du PIC. «Dans les deux cas, l’apprentissage par l’intervention sur le terrain est indéniable. En mode réactif, les étudiants répondent à un problème, un besoin ponctuel. C’est du court terme. En mode prospectif, ils sont appelés à réfléchir aux enjeux futurs. Les équipes étudiantes se relaient en fonction des besoins de nos partenaires. On est dans l’évolutif. Dans le moyen terme.» 

Mais comment encourager l’impulsion de projet à innovation sociale sur le long terme? «En assurant aux partenaires des laboratoires pendant deux ans, sur six sessions, avance Sondès Allal. Avec 500 étudiants au service de la collectivité par année, on peut assurément faire plus. Osons. Soyons audacieux. Développons des solutions durables.»

Huit partenaires ayant déjà collaboré avec les étudiants de l’École de gestion ont ainsi été sélectionnés : La Ville de Sherbrooke (développement économique et loisirs), la MRC des Sources, la municipalité de Saint-Camille, le Festival Cinéma du Monde de Sherbrooke (FCMS), le Croquarium, l’Accorderie et la Maison Margot.

Le mandat pour cette dernière, par exemple, sera de développer la capacité d’agir et de savoir des femmes en difficulté.

«Pour être un bon partenaire, il faut non seulement avoir des besoins à combler, mais il faut croire à une cause qui est au-dessus de son propre intérêt. Celle de former la relève, de l’exposer et de la contaminer positivement», indique Sondès Allal.

De la recherche... à l’action

Une nouvelle maison de chambres entièrement dédiée aux femmes est effectivement attendue dans l’est de Sherbrooke au printemps 2023. La Maison Margot comptera 12 chambres à prix abordable pour les femmes avec des finances précaires ou aux prises avec divers enjeux sociaux. Elle sera située dans le même édifice que la maison des jeunes La Maize sur la rue Galvin.

«Même si la construction n’est pas entamée, ça bouille d’idées ici», raconte avec enthousiasme Denise Godbout, directrice générale des Habitations l’Équerre, qui aimerait développer un réseau de microstages entre l’UdeS et la Maison Margot. «Les étudiants en musique pourraient donner des ateliers aux femmes, d’autres en psychologie pourraient venir faire de l’art-thérapie, en communication, des étudiants pourraient nous aider à créer des capsules d’information ou aider nos femmes avec la rédaction de certaines lettres», donne-t-elle en exemple.

Les premières équipes étudiantes s’occuperont donc de la phase de recherche en recueillant, notamment, ce qui se fait déjà ailleurs. Les autres équipes, sur un total de six sessions universitaires, seront davantage dans la mise en place du plan d’action.

«Une maison de chambre, c’est la dernière étape avant la rue, mais la première pour s’en sortir, exprime Mme Godbout. C’est en ce sens qu’on espère aller chercher l’intérêt de jeunes gestionnaires pour nous aider à créer un milieu de vie agréable pour ces femmes que nous accueillerons.» 

«Et nous sommes tellement reconnaissants du travail que font ces étudiants, ajoute-t-elle. Ils sont jeunes. Ils sont allumés. Souvent, ils en font plus que ce que l’on demande parce qu’ils s’impliquent émotionnellement dans nos projets», raconte la directrice générale des Habitations l’Équerre, un organisme à but non lucratif d’habitation sociale qui a comme mission d’offrir des logements de qualité à prix abordables.

Des gestionnaires socialement responsables

Le doyen de l’École de gestion, Jean Roy, se réjouit devant l’évolution du PIC et de ses retombées au sein de la communauté. «Si nous avions la volonté de former des gestionnaires socialement responsables, force est de constater que Sondès Allal (la coordonnatrice) a amené le programme à un autre niveau. C’est un apprentissage expérientiel tant pour les étudiants que les partenaires», mentionne-t-il.

«Sans tenter d’influencer nos étudiants à l’idée de privilégier le milieu communautaire, nous souhaitons les exposer à divers enjeux de société. On veut leur ouvrir les yeux sur un secteur d’économie sociale, où des connaissances en gestion peuvent être utiles», ajoute-t-il admettant que la majorité des étudiants en gestion optent, au final, pour le milieu privé qui offre des conditions de travail plus attrayantes.

«Une portion d’entre eux vont tout de même se reconnaître dans le milieu communautaire et auront envie de redonner, professionnellement ou personnellement, tout au long de leur carrière», avance le doyen.

Sondès Allal est aussi de cet avis. «Les jeunes sont à la recherche de sens. Ils souhaitent laisser leur trace, contribuer à un monde plus viable, être des acteurs de changements. Tout le monde espère cela, mais la jeune génération, encore plus.»

L’ambassadrice des LABOS PIC sera par ailleurs nul autre que la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, diplômée de l’École de gestion. «J’ai particulièrement hâte de voir les résultats du labo qui vise à favoriser l’inclusion et la mixité sociale au sein et autour du QG (quartier général) de l’entrepreneuriat. C’est un enjeu réel qui nous préoccupe depuis plusieurs années à la Ville de Sherbrooke. Et même si ça s’annonce complexe, je suis certaine que les étudiants et étudiantes sauront nous étonner», a-t-elle exprimé lors du lancement des LABOS PIC qui se déroulait jeudi soir au Centre culturel de l'UdeS.