Les organismes communautaires du Québec manifestent pour renforcer le filet social

La directrice du Regroupement des organismes communautaires de l’Estrie, Dominique Vigneux-Parent, a décrié la situation du sous-financement dans ce milieu lors de son allocution prononcée, jeudi matin.

Plus d’une centaine de personnes de différents organismes communautaires de l’Estrie ont pris la route vers Montréal, jeudi matin, pour se faire entendre dans le cadre de la journée de mobilisation à l’échelle provinciale pour la campagne « Engagez-vous pour le communautaire » qui s’est tenue au carré Viger.


Le but de celle-ci est clair : poursuivre les pressions sur Québec afin de dénoncer le sous-financement. C’est pour cette raison que deux autobus bondés de personnes ont quitté vers la métropole afin d’aller prêter main-forte aux centaines de représentants du milieu communautaire qui proviennent de partout au Québec.

Dans la province, 4000 organismes œuvrent dans différents secteurs de l’action communautaire autonome (ACA). 

« On a toujours un manque à gagner provincial de 460 millions $ en financement pour l’ensemble des organismes du Québec. Lors du dernier budget, on a obtenu seulement 10 % de ce dont on avait besoin. Ce n’est pas assez et ce n’est pas avec ça que la situation va s’améliorer. On est à un point critique puisque cette problématique ne date pas d’hier », a affirmé la directrice du Regroupement des organismes communautaires de l’Estrie (ROC), Dominique Vigneux-Parent.

Les équipes sont « brûlées », a-t-elle ajouté. « En période électorale, c’est le meilleur moment pour se faire entendre et c’est pour ça qu’on en profite. On vit présentement avec beaucoup de difficultés », a mentionné la directrice du ROC qui regroupe 225 organismes communautaires en Estrie.

La coordonnatrice à la Table ronde des OVEP de l’Estrie sonne également l’alarme. Marilou Lépine-Gougeon affirme que les deux dernières années ont été difficiles en raison de la pandémie. 

« Le communautaire est présent partout dans notre société. Les inégalités grandissement et les gens ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Auparavant, le milieu communautaire arrivait péniblement à les soutenir et là on n’en peut plus. Quand on a un filet social fragile, qu’il arrive une crise et que les gens tombent […] on voit qu’il y a un véritable problème », a-t-elle avoué. 

Le sous-financement n’aide en rien la situation, selon elle, puisque ces organismes doivent composer avec la pénurie de main-d’œuvre.

« Avec un sous-financement, ils ne peuvent pas engager, donc c’est un cercle vicieux. On se doit d’avoir des subventions plus importantes afin de tenter de régler ce problème de pénurie de main-d’œuvre auquel on fait face. Les besoins sont très grands. »

Plusieurs personnes du milieu communautaire estrien se sont rassemblées afin de prendre part à la mobilisation nationale « Engagez-vous pour le communautaire », qui s’est tenue à Montréal, jeudi après-midi.

Manque de reconnaissance

En plus d’un manque criant au niveau du financement, ces organismes décrient une autre situation : celle de la reconnaissance octroyée à l’autonomie de ces organismes. 

« Nous sommes des organismes autonomes et de plus en plus on doit répondre aux demandes de l’État en ce qui a trait au filet social. On se doit d’être encore plus présent pour la population et c’est nous qui écopons », a expliqué Mme Vigneux-Parent.

Outre un meilleur financement et de meilleures conditions pour le milieu communautaire, ces organismes demandent une « transformation globale de la société », et ce, avec du réinvestissement massif dans les services publics et les programmes sociaux. 

« En pleine campagne électorale, on sait que les candidats et candidates sont tout d’un coup plus à l’écoute. On espère que le message sera entendu et que ça ne sera pas que de belles paroles, mais plutôt des actions concrètes », a conclu Mme Lépine-Gougeon.