La maison abandonnée de la rue Gordon en voie d’être démolie

La maison abandonnée de la rue Gordon devrait bientôt disparaître du paysage sherbrookois.

La maison abandonnée située aux 43-45 rue Gordon devrait être démolie. La Ville de Sherbrooke a délivré un permis de démolition valide pour un an à Gestion Grand International, l’entreprise propriétaire de la résidence centenaire et de son terrain.


Selon la demande de permis faite à la Ville par l’entreprise, dont La Tribune a obtenu copie via la loi d’accès à l’information, les travaux devraient se conclure le 12 janvier 2023 et coûter environ 30 000 $. Le permis a été octroyé le 1er septembre.

Les propriétaires de Gestion Grand International, Gérard Cuggia et son fils Lionel, mentionnent également dans la demande leur intention de reconstruire dans un délai de plus de deux ans.

Trois mois

Les propriétaires de la maison abandonnée ont l’obligation de commencer leurs travaux de démolition dans les trois mois suivant la réception de leur permis, explique la conseillère municipale d’Ascot et présidente de la commission de l’aménagement du territoire, Geneviève La Roche. Jusqu’à présent, selon des voisins, Hydro-Sherbrooke aurait retiré les compteurs et débranché les fils reliant la maison et les poteaux. La Ville aurait également retiré l’entrée d’eau.

«On a tous les signes positifs que ça va bel et bien se faire», commente la conseillère du district d’Ascot.

Or, aucun autre travail de démolition n’était visible, lundi après-midi.

Le comité de démolition, dont Geneviève La Roche fait partie, n’a pas été informé de l’octroi de ce permis même si cette résidence pourrait avoir un cachet patrimonial. «On a des clauses stipulant que s’il y a une dangerosité au niveau du bâtiment, on n’a pas besoin d’aller en comité. [...] Le permis a été délivré avec l’accord du ministère de la Culture et des Communications. Le bâtiment a un potentiel patrimonial, mais vu son état de décrépitude, il est classé dans la catégorie “D”. Comme il y a des dangers et que le bâtiment est inoccupé et squatté, le permis a été délivré», indique-t-elle.

Geneviève La Roche est conseillère du district d’Ascot et présidente de la commission de l’aménagement du territoire.

Voisinage

Voisin immédiat de cette maison abandonnée, M. Lavoie a donc espoir que cette saga se termine enfin.

«Mais mon pressentiment, c’est qu’il va étirer au maximum et c’est fort possible qu’il dépasse les délais, comme c’est arrivé dans la plupart des cas. Quand la Ville lui envoyait des avis pour faire des travaux, il étirait les délais au maximum et ne les faisait pas», déplore-t-il, mentionnant voir encore des squatteurs entrer fréquemment dans la maison.

Projet de loi 69

Le conseil municipal de Sherbrooke se penche sur l’écriture d’un règlement lui permettant d’intervenir pour que ce genre de situation soit évité.

«C’est quand même extrêmement dommage que des bâtiments aient pu être laissés à l’abandon pendant autant de temps, ce qui amène à prendre la décision de le démolir alors que s’il avait été entretenu, il ferait partie de notre patrimoine», souligne Geneviève La Roche.

«La commission de l’aménagement du territoire et les services souhaitent réviser le règlement pour profiter des nouveaux pouvoirs que le gouvernement provincial nous donne pour renforcer nos actions, poursuit-elle. Lorsqu’un immeuble est vacant durant un bout de temps, on aimerait avoir des moyens d’intervention.»

Actuellement, la Ville peut donner des amendes, mais ses pouvoirs sont très limités. «On va pouvoir aller plus loin, assure Geneviève La Roche, ajoutant que le bâtiment de la rue Gordon était dans un état de décrépitude trop avancé pour être sauvé. On a plusieurs bâtiments patrimoniaux qui sont laissés à l’abandon et qu’on ne veut pas perdre dans notre patrimoine.»

Si rien n’est coulé dans le béton, la Ville étudie chaque option. «La loi pourrait nous permettre d’effectuer des travaux et de redonner la facture au propriétaire. Ce serait de la prévention, de l’entretien», avance la conseillère municipale, ajoutant que le règlement n’est pas encore écrit, mais que cet aspect fait partie des options.

«Il y a aussi des possibilités pour aller en expropriation pour des bâtiments inoccupés. On pourrait décider de le mettre dans nos règlements», dit la conseillère, ajoutant qu’en pleine crise du logement, ces bâtisses pourraient être occupées.

«Ça va valoir pour les immeubles patrimoniaux, mais on pourrait revoir la réglementation pour l’inoccupation des immeubles sans valeur patrimoniale. Ça va nous donner beaucoup de leviers», résume-t-elle.