« C’était rendu lourd », a commenté en entrevue Mme Beaudin en parlant de l’ambiance qui régnait aux rencontres hebdomadaires du comité exécutif. La mairesse a rapporté ne pas sentir une réelle volonté de travailler en équipe de la part de Mme Godbout, ce qui a mené à sa décision.

De son côté, la représentante du district de Rock Forest a réfuté avoir de la difficulté à travailler en équipe et juge normal d’amener des idées différentes à la table. « On a le droit de ne pas toujours être d’accord », a-t-elle résumé.

Mme Godbout a décrit à La Tribune avoir toujours œuvré en politique en arrivant à des compromis et en cherchant à « coconstruire » avec ses vis-à-vis, une attitude qui ne concordait pas avec la «vision rigide» de la mairesse.

Des différends marqués

Parmi ses griefs envers Annie Godbout, Mme Beaudin l’a par ailleurs accusée de «rapporter des situations du comité exécutif à d’autres personnes dans le but de discréditer le comité et son travail», ce que la conseillère a catégoriquement nié.

« Je reconnais que c’était une erreur », a aussi avoué la mairesse en parlant de la nomination de Mme Godbout et en assurant qu’elle croyait que la collaboration pourrait être possible.

Évelyne Beaudin juge avoir été « patiente » à travers cette situation et précise que « plusieurs interventions » qui n’ont pas eu l’effet escompté ont été tentées. « C’était rendu à un point tel que j’avais l’impression que c’est elle qui souhaitait ça. […] Un peu comme dans une rupture amoureuse, à un moment donné, il faut se rendre à l’évidence », a-t-elle évoqué pour décrire l’expulsion de Mme Godbout.

Pour la conseillère, le désaccord principal entre elle et Mme Beaudin est sa propension à vouloir «être plus forte que le conseil», une posture qui s’est par exemple manifestée récemment dans le dossier des terrains industriels. L’inventaire présenté au comité exécutif en avril dernier n’avait toujours pas été présenté au conseil cet automne, un délai qu’elle impute à la mairesse.

Pas nouveau

Les deux élues avaient affiché quelques désaccords en public depuis le début du mandat, notamment sur la réforme des comités, l’adoption du budget, la rémunération des élus ou bien la création du secrétariat à la participation citoyenne, mais le climat de travail n’était visiblement pas meilleur à l’interne.

Pour sa part, la conseillère Hélène Dauphinais, qui a eu un accrochage avec la mairesse pas plus tard que mardi, voit dans ce nouveau développement un autre signe que Mme Beaudin « veut tout contrôler » et ne supporte pas d’être contredite. Avec elle, « il faut rentrer dans le rang ». Si on apporte un autre point de vue que le sien, on risque d’être « rabrouée », a déploré Mme Dauphinais. Comme Mme Godbout, elle affirme tout de même qu’elle ne cédera pas et continuera à soulever les questions qu’elle juge légitimes.

Exclusivement féminin, le comité demeure maintenant composé de la mairesse et des conseillères Fernanda Luz, Laure Letarte-Lavoie et Danielle Berthold, qui est maintenant la seule indépendante du groupe. Cette dernière n’a pas souhaité commenter la situation, jeudi.

Mme Beaudin a par ailleurs laissé ouverte la question du remplacement de Mme Godbout. Le comité pourrait toujours fonctionner avec quatre membres ou bien accueillir un nouveau venu. La mairesse a affirmé qu’elle tiendra compte de la représentation des indépendants dans sa réflexion, mais ne s’est pas engagée à nommer un ou une élue indépendante pour remplacer Mme Godbout.

Le comité exécutif assure notamment la gestion administrative et financière de la Ville en conformité avec les projets et les budgets approuvés par le conseil municipal. Ses membres peuvent aussi procéder à des analyses sur toute question d’intérêt municipal et en faire rapport au conseil.

Un siège au comité exécutif représente l’un des rôles les plus importants que peut occuper un conseiller.