L’exercice est complètement différent d’un débat, mais pas nécessairement plus évident. Si aucun élève ne souhaite piéger le candidat, les questions des jeunes peuvent parfois surprendre. Vulgariser des enjeux politiques à des jeunes du primaire n’est pas toujours facile non plus.
André Duncan avait visiblement une nervosité normale pour ce genre d’activités, mais on sentait aussi une fébrilité de parler politique avec les jeunes. Il aurait pu faire ça toute la journée.
Peut-être parce que lui-même a baigné dans la politique toute son enfance. Ses parents ont milité pour le Parti québécois dès 1976. C’est même là que son père et sa mère ont fait connaissance. Son père a été directeur de campagne de l’ex-député bloquiste Maurice Bernier, qui est aussi son oncle. Son frère, Guillaume Breault-Duncan, s’est présenté pour le PQ dans Saint-François en 2003. La politique est visiblement un membre important de la famille.
Pendant un échange avec les élèves, il admet que lorsqu’il avait leur âge, il ne voyait pas la politique d’un bon œil, il avait l’impression qu’elle prenait trop de place dans la famille Breault-Duncan. «Je ne comprenais pas pourquoi mon père préférait donner du temps pour la politique plutôt que se lancer la balle avec moi. Mais aujourd’hui, avec ma fille, je comprends.»
La famille politique est encore là, à ses 40 ans et à sa première campagne électorale. Sa mère l’aide à gérer la campagne, comme elle l’a fait souvent dans le passé pour d’autres, et son oncle est son directeur de campagne.
Pourquoi le PQ?
Pourquoi se lancer avec le Parti québécois plutôt qu’un autre parti? lui demande une des jeunes. Sans surprise, il souligne les racines péquistes de sa famille, mais ce n’est pas juste ça. L’indépendance, il y croit encore. C’est un projet de société encore porteur et promesse d’un Québec meilleur. Il aime la posture du chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, qui cherche à réunir celles et ceux qui y croient encore.
Une autre jeune lui demande quelles sont ses valeurs. «L’intégrité», répond André, qui explique en même temps qu’il refuse de sacrifier des valeurs pour de l’argent ou pour prendre un raccourci vers le succès. Et l’empathie. «Quelqu’un peut m’expliquer c’est quoi l’empathie?», lance-t-il en défi à la classe. Un jeune suggère que c’est la capacité de se mettre à la place des autres, sous le regard fier de sa professeure.
Les jeunes écoutent attentivement le candidat péquiste. Notons que les mêmes classes recevront aussi la visite des représentants et représentantes des autres partis et tiendront leur propre élection. Après l’exercice, les jeunes trouvent André Duncan motivé et qu’il a l’air «bien fin».
C’est vrai qu’il a l’air motivé. On sent rapidement qu’il y met tout son cœur. Faire mieux, rendre le monde meilleur, la volonté que sa fille, née pendant la pandémie, puisse grandir dans une société améliorée revient dans plusieurs de ses réponses.
J’ai dans ma petite poche une question un peu plus plate pour le candidat. Quand on parle du Parti québécois ces temps-ci, on parle plus de sa chute que de ses possibilités de former le prochain gouvernement.
Rapidement, André évoque sa confiance envers le chef, Paul St-Pierre Plamondon. Il aime son intégrité et ses convictions, son approche. «Le rêve à l’indépendance est encore là», insiste le candidat.
André parle de ses voyages dans le monde. Le péquiste a une longue feuille de route comme barman et créateur de cocktails et a participé à plusieurs compétitions internationales. Il a même remporté la finale canadienne de New Malt Order de 2017, le championnat mondial de Jameson Barrelmen’s Homecoming 2018, et le Choix du jury au championnat mondial de Bartenders Society de 2019.
Ces voyages autour de la planète ont renforcé sa fibre nationaliste et sa fierté québécoise. D’une part en faisant découvrir les saveurs du Québec. Ses créations alcoolisées qui l’ont fait gagner ont toujours été inspirées par le terroir québécois. Mais aussi cette volonté de montrer ce que le Québec peut faire. Ce que lui peut faire. Il admet qu’il était parfois regardé de haut, lui, le «petit québécois» sorti de nulle part devant des personnalités plus reconnues dans ce milieu.
«J’ai été l’underdog toute ma vie», avance André Duncan, concernant ses chances de l’emporter dans Mégantic. Selon l’agrégateur Qc125, le Parti québécois serait cinquième dans les intentions de vote, très loin derrière le meneur, le caquiste François Jacques.
«J’ai forgé mon caractère dans l’adversité», ajoute-t-il. Selon lui, les situations qui semblent perdues d’avance sont de bons tests de leadership, c’est plus facile être rassembleur quand on mène. «Je vais me battre jusqu’au bout. J’y vais à fond, c’est la seule façon de faire que je connais.»
André Duncan a souvent parlé de cœur, de rendre le monde meilleur. Ce sont des phrases qui peuvent facilement sonner comme un cliché. Mais que ce soit pendant la table éditoriale à La Tribune, sa rencontre avec les jeunes du primaire ou avec l’équipe du Centre d’action bénévole, ou pendant nos échanges, jamais il n’a lancé une pointe ou fait une attaque envers l’un ou l’autre des partis.
Personnellement, je suis vraiment las des lignes qui ne servent qu’à donner une jambette à un autre candidat ou qui ne servent qu’à rabaisser les autres. Au-delà des idées politiques, je nous souhaite plus de gens avec cette attitude positive. La politique ne devrait pas écraser les autres, mais élever la société.
Cette chronique est la première d’une série de portraits avec des candidats et candidates de l’Estrie. L’invitation a été lancée à tous les partis et les prochains portraits seront publiés d’ici la fin de la campagne électorale.