254 559 adultes.
56 349 enfants.
De ce nombre, 56,9 % sont des personnes seules qui ont droit à un chèque mensuel de 684,98 $.
684,98 $. Par mois.
Ce sont les chiffres de juin, en légère augmentation par rapport à ceux de l’année précédente.
Ce sont des chiffres, des comparatifs, des statistiques.
Mais pas que. Ce sont aussi des personnes.
Julienne, Jean-Sébastien, Jonathan et Vicky sont des personnes.
Personnages du documentaire Le bien-être, présenté samedi sur Ici Télé (Radio-Canada), À Doc Humanité, mais avant tout des personnes ayant accepté de se retrouver devant la caméra du réalisateur sherbrookois Jean-Sébastien Dutil pour parler de leur réalité.
Parlons d’abord de cette caméra, magnifique, respectueuse, patiente, véridique, du travail de Dutil et de son complice scénariste Jean-François Vachon, qui ont décidé de déboulonner quelques préjugés bien tenaces associés à l’assistance sociale et à ceux et celles qui y font appel. Les deux amis avaient frayé avec la pauvreté lors d’un projet précédent, Mon Centro, documentaire sur le cœur de Sherbrooke où certains organismes œuvrant avec les plus démunis avaient été mis en lumière.
Le 50e anniversaire de la création de la Loi sur l’aide sociale pointant jadis à l’horizon, Dutil et Vachon ont eu envie de saisir l’occasion, d’embrasser l’humain pour faire taire le manque d’humanité et de bienveillance.
Le bien-être s’ouvre d’ailleurs sur une série de préjugés, insultes et déclarations à l’emporte-pièce tirés de radios poubelles, de commentaires sur les réseaux sociaux. Appelée à réagir, Geneviève Bouchard, coordonnatrice d’Action Plus, organisme de soutien aux personnes à faible revenu en Estrie expose deux choses: nous ne connaissons rien de la réalité de ces individus, et personne n’est à l’abri de se retrouver en pareille situation.
Julienne, Jean-Sébastien, Jonathan et Vicky en sont autant de preuves vivantes, généreuses de leurs histoires, de leurs difficultés, de leurs défis, mais courageuses aussi de leur partage, parce que le jugement du «BS» n’est jamais bien loin.
À l’écran comme dans la vie, Julienne tente de s’intégrer à son pays d’adoption, Jean-Sébastien se bat pour faire reconnaître ses limitations, Jonathan cherche une voie qui serait la sienne, Vicky gère le quotidien et ses défis avec aplomb.
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Dans une société où réussite et travail sont largement valorisés, où la mise en vitrine suinte habituellement le bonheur, le plaisir et le dépassement, leur quotidien peut être confrontant, mais aussi humainement éclairant.
«Ce n’est pas un film sur l’aide sociale, mais sur des gens, des gens qui en ont besoin à un moment de leur vie, pour plein de raisons différentes», notent Dutil et Vachon, qui ont travaillé étroitement avec le monteur René Roberge afin d’arriver à une proposition authentique, douce et humaine pour contrer les préjugés.
«On a décidé d’aller dans le quotidien des gens, sur du long terme, afin de permettre davantage de réflexion et de compréhension des enjeux», poursuivent encore les deux documentaristes, soulignant la générosité des quatre participants.
«Parfois, je tournais pendant deux heures, j’étais là, je ne posais pas de question, mais eux se racontaient avec confiance et générosité», s’étonne encore un peu Dutil, qui a su saisir des regards et des silences qui en disent tout aussi long.
«En acceptant de participer à un documentaire qui, on l’espère, permettra de faire avancer certaines revendications, ces gens ont fait un cadeau au Québec», croient par ailleurs Dutil et Vachon.
Déjà offert sur Tou.tv, Le bien-être se retrouvera à Ici Télé samedi soir, 22 h 30, à Doc Humanité.