C’est de la salle de contrôle campée dans la petite municipalité que toutes les opérations en Amérique du Nord de l’entreprise de production d’énergie renouvelable sont supervisées. Elle compte 11 projets éoliens en exploitation en ce moment au Québec, notamment à Thetford Mines, Frampton, Saint-Ferréol-les-Neiges et en Gaspésie, en plus de 6 projets hydroélectriques. À travers le monde, Boralex compte aussi 11 parcs solaires en plus de 60 parcs éoliens en France.
Les installations québécoises de l’entreprise fondée en 1990 sont toutefois appelées à prendre beaucoup d’expansion puisque les besoins en électricité ne feront qu’augmenter dans les prochaines années.
«On a ce qu’il faut pour nos besoins aujourd’hui, mais nos besoins de demain seront importants quand la flotte de véhicules sera électrifiée et quand les grands joueurs de l’aluminium vont décider de faire des produits plus verts», indique Hugues Girardin, vice-président au développement de Boralex.
Hydro-Québec dévoilait d’ailleurs dans son plan stratégique 2022-2026 qu’il aurait besoin de plus de 100 TWh additionnels d’électricité propre d’ici 2050, ce qui correspond à plus de la moitié de la production actuelle.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/WS2MESWHXJCIHFRELSX7ZMHPGQ.jpg)
Plus de place pour l’éolien
La grande majorité de l’électricité produite au Québec ou acheté par Hydro-Québec l’est dans une centrale hydroélectrique (88,72 %) alors que l’éolien ne correspond qu’à 7,4 % de la production.
Hydro-Québec a toutefois la volonté de se doter d’un portefeuille de projets éoliens totalisant 3000 MW d’ici 2026. Toujours selon le plan stratégique de la société d’État, la diminution attendue des coûts des équipements de production éolienne s’est matérialisée, si bien que l’éolien apparaît aujourd’hui comme une filière énergétique concurrentielle.
«Hydro en arrive à la conclusion que les projets éoliens sont moins chers que les projets de développement hydroélectrique», explique M. Girardin.
Il indique que les éoliennes utilisant les technologies les plus récentes sont plus grosses et nécessitent moins de vent pour tourner à puissance maximum.
«D’avoir moins besoin de vent pour produire plus a amené une diminution de nos prix et c’est là qu’on a attiré l’attention d’Hydro-Québec, explique-t-il. L’hydroélectricité suit la courbe inverse parce que les projets sont plus loin et les prix montent. Depuis quelques années, clairement, l’éolien est moins cher.»
Hugues Girardin donne en exemple Appuiat, un projet éolien de 200 MW sur le territoire traditionnel (Nitassinan) de la Première Nation de Uashat mak Mani-utenam, qui vient tout juste d’obtenir son décret environnemental. La construction près de Sept-Îles devrait démarrer à l’automne et la mise en service est prévue en décembre 2024.
«On va vendre le MW 60 $, alors que si on recule en 2012 ou 2013, les projets publics tournaient autour de 85 $ du MW et c’était encore plus cher avant.»
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/324ORG4JYZC5LEDQEKQFVVUT5I.jpg)
Des projets à venir
Dans ce contexte, Boralex a plusieurs projets en chantier dont une nouvelle expansion de l’éolien sur le territoire de la seigneurie de la Côte-de-Beaupré en partenariat avec Hydro-Québec et Énergir. L’entreprise de Kingsey Falls souhaite aussi construire près de chez elle alors qu’elle a en tête un projet potentiel de 80 éoliennes dans la MRC d’Arthabaska, plus précisément dans les municipalités de Saint-Albert, Sainte-Élizabeth-de-Warwick, Sainte-Séraphine, Victoriaville et Warwick.
Au niveau du solaire, Boralex vient de remporter un contrat de 540 MW dans l’état de New York. Elle vient aussi de faire l’acquisition d’Infinergy qui dispose d’un portefeuille de 338 MW de projets éoliens, solaires et de stockage d’énergie en Angleterre dont le parc éolien de Limekiln. Récemment optimisé, ce projet a obtenu les autorisations en mai 2022 pour une puissance de 110 MW, ce qui permettra de fournir de l’électricité à plus de 96 000 foyers britanniques.
Si l’on compte tous les projets à l’international, la puissance totale installée de Boralex est de 2478 MW ce qui correspond grosso modo à l’électricité générée par le barrage Manic-5. Il est prévu dans sa planification stratégique de doubler sa puissance installée dans le monde d’ici 2025 pour atteindre 4,4 GW, et de la doubler à nouveau entre 2025 et 2030. À titre de comparaison, la puissance totale d’Hydro-Québec, en comptabilisant l’électricité produite par des tiers comme Boralex, est de 47 543 MW.