Décrire simplement la démarche de cet artiste scientifique est un défi en soi. Disons que son art est principalement fondé sur la théorie du chaos, qu’il exploite sous divers filons.
«L’amalgame d’art et de science est tripant. Les mathématiques ont la puissance d’être tellement abstraites et malléables qu’elles peuvent décrire des champs d’infini qui ne font même pas partie de la réalité. C’est l’outil ultime en art, car on explore l’infini. En commençant à faire des recherches et à écrire des formules, c’est comme si les mathématiques me livraient des trésors», explique Étienne Saint-Amant, qui est maître es science.
«Je me suis alors bâti un catalogue très émotif de référents mathématiques qui me faisaient penser à des insectes, des nuages, des arbres, des alvéoles pulmonaires... J’ai réalisé qu’on pouvait composer visuellement de belles choses avec ça. J’ai utilisé une approche très «beaux-arts» en m’inspirant des peintres romantiques. Mais au lieu de la peinture, j’ai utilisé les mathématiques.»
Réalisés à partir d’encre pigmentée, ses tableaux peuvent laisser croire à de la peinture à l’huile, alors que ce n’est pas le cas. «Je ne suis pas peintre; je suis artiste visuel», tient-il à préciser.
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De ses recherches, plusieurs séries ont vu le jour. Mitose, Transmission, Connectivité, Architectura, Duale, Mémoires, Scène, Jumper et Société ont chacune leur identité propre et leur signature visuelle à nulle autre pareille.
Dans sa série Scène, par exemple, Étienne Saint-Amant joue avec les textures et les ambiances, en concevant chaque œuvre pour qu’elle soit vue de loin, puis scrutée de plus près. «J’aime jouer avec la charge émotive des tableaux, qui change selon la distance. En s’approchant et en découvrant les détails, une section de l’œuvre devient une autre œuvre.»
Choisir l’art
Longtemps, il a mené de front ses passions pour l’art et la science. Durant sa maîtrise, en 2010, le jeune homme a même représenté le Canada à l’exposition universelle de Shanghai en arts visuels.
«C’est à ce moment que ça a déclenché la combinaison talent/reconnaissance dont un artiste a besoin. Je commençais à voir tous les feux verts pour me lancer à temps plein en art. C’était une décision crève-cœur, mais j’ai choisi l’art scientifique, car c’était ma drive depuis le début», raconte le résidant d’Orford.
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Depuis, sa carrière et sa réputation ne cessent de s’épanouir. Il avoue d’ailleurs que le temps commence à lui manquer, occupé qu’il est à créer, à exposer et à répondre à de prestigieux concours d’art public où les œuvres sont monumentales.
Ça tombe bien, car ses ambitions sont immenses. «Ma carrière est dans la lignée de mes rêves. J’ai réalisé celui d’exposer au Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke [NDLR : sa ville natale] et je me rapproche de celui de créer une œuvre de la grandeur d’un gratte-ciel. Ultimement, j’aimerais m’allier à une firme d’architecture pour faire une œuvre flyée intégrée à un édifice, comme on en voit à Dubaï par exemple. J’aime beaucoup matérialiser des œuvres, car je travaille toujours dans l’abstraction. Quand je les matérialise, c’est un gros, gros trip. Ah oui, j’aimerais aussi faire une œuvre qui serait projetée sur la Lune!» lance-t-il le plus sérieusement du monde.
Les avancées incessantes de la technologie lui assurent l’inspiration et le matériel pour s’amuser encore longtemps. «Je ne vois pas la fin d’explorer mes idées!»
Expo à Boréart
Le moyen le plus simple et le plus agréable de comprendre la démarche artistique et d’admirer le travail d’Étienne Saint-Amant, c’est d’aller à sa rencontre.
À titre de porte-parole du symposium Couleurs urbaines de Granby, qui se déroule cette fin de semaine au parc Miner, l’artiste sera non seulement présent sur le site, mais il occupera également la salle d’exposition Boréart, à quelques pas de là.
Une vingtaine de ses œuvres, principalement celles de la série Scène, seront présentées, ainsi que quatre tableaux issus de la collection Jumper. «Pour Boréart, j’ai surchargé la série Scène en la bonifiant d’œuvres jamais vues en galerie ou en musée.»
Intitulée Géométries naturelles, son exposition est proposée jusqu’au 28 août.