«Les serveurs sont déjà au Québec anyway, mais on jette leur chaleur, illustre-t-il. Hydro-Québec pourrait exporter ces surplus au Maine ou en Ontario qui eux autres brûlent encore du charbon, du mazout ou du nucléaire pour se chauffer.»
«Si j’ai le choix, j’aime mieux qu’on gère plus intelligemment le flot de nos barrages, qu’on ait deux utilisateurs pour le même watt et que les serveurs d’Ubisoft au lieu de dormir à Montréal chauffent 20 bâtiments qui eux n’ont plus besoin de brûler de l’électricité pour se chauffer. L’énergie qu’on va sauver, c’est phénoménal, et c’est un peu le nerf de la guerre dans notre société aujourd’hui de réduire notre consommation énergétique.»
Fondée en 2019 dans l’écosystème des projets de Pierre-Philippe Côté alias Pilou à Saint-Adrien, dans la MRC des Sources, Projet BTU se lance cette année dans la commercialisation du module de récupération de chaleur qu’ils expérimentent depuis quatre ans dans l’ancienne église de ce village.
Patrick Lussier explique qu’il a fait de la prospection avec une belle réponse dans les municipalités et les fabriques des trois grandes régions autour de Saint-Adrien, en Estrie, en Chaudière-Appalaches et au Centre-du-Québec. Et récemment il a fait une tournée en Gaspésie pour en revenir avec une quinzaine de bâtiments en processus de soumission. Martinville sera la première à se lancer. L’Ange-Gardien, dans la MRC de La Côte-de-Beaupré, suit «pas très loin derrière».
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/H5AUX6LOPVCI7NNJXYFHOOO43I.jpg)
«On commence mollo parce qu’on ne veut pas arriver d’un coup avec 50 nouveaux bâtiments, explique-t-il. On sait que ce serait risqué de se tirer dans le pied.»
À cause d’enjeux liés à la sécurité des données et à la disponibilité d’internet haute vitesse dans les villages, ces bâtiments serviront dans un premier temps au minage de cryptomonnaie.
Mais l’hébergement de centre de données ouvre plusieurs possibilités qui ne seront pas freinées par les règles de la Régie de l’énergie qui limitent les activités de cryptominage au Québec, entrevoit-il.
«On est en discussions avec d’autres fournisseurs pour de l’hébergement de cartes graphiques pour faire du 2D/3D, du cloud computing et de la force de calcul à distance, des choses qui sont aussi sur le marché et que des compagnies comme le studio Mels à Montréal utilisent pour faire du montage vidéo», dévoile Patrick Lussier.
«Au lieu qu’ils louent une bâtisse à Montréal et qu’ils fassent ce qu’on ne veut pas d’un centre de données [du bruit et de la chaleur qu’on jette à l’extérieur], ils pourraient louer des ordinateurs qui vont être hébergés chez Projet BTU. C’est un autre side qui se trame en même temps.»
Passionné de technologie et sensible aux enjeux environnementaux depuis toujours, Patrick Lussier aime rappeler que c’est sa conjointe qui l’avait mis au défi, il y a quelques années, de récupérer la chaleur produite par leur premier serveur de cryptomonnaie pour chauffer des bâtiments.
Et le sauvetage des églises, qu’on risque de perdre à bon rythme au Québec à cause de leurs coûts d’entretien, s’est imposé comme l’autre priorité pour Projet BTU.
«C’est devenu un peu mon objectif de réussir à réduire l’empreinte de pollution et de gérer plus intelligemment deux choses qui avaient des problèmes chacune de leur côté. Les mettre ensemble et trouver une solution.»