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Mascate, la capitale discrète

La corniche de Mutrah est prisée en soirée, à Mascate, notamment pour les couchers de soleil et pour son souk.

CHRONIQUE / La capitale d’Oman, Mascate, détonne avec la démesure de Dubaï, pourtant à moins de deux heures à vol d’oiseau. Étendue, elle vacille entre traditions et modernité, un heureux mélange qui permet de passer des maisons traditionnelles à l’extravagance de l’Opéra royal ou du palais du sultan.


Déjà à l’arrivée, la gentillesse des Omanais déconcerte. À l’aéroport, on nous rend rapidement nos sourires et on nous offre des conseils pour notre séjour. Dans la file d’attente pour tamponner les passeports, j’accumule les recommandations. Oman, moins prisé des touristes que les Émirats voisins, sait bien traiter les visiteurs.

Mascate se parcourt surtout en voiture. Mais il faut savoir s’y retrouver entre les grandes routes qui relient les trois quartiers principaux, Ruwi, moderne, Mutrah et sa corniche, en bord de mer, et le Vieux Mascate, un enchevêtrement de rues, de vieilles maisons et de forteresses. Surtout, il faut planifier pour profiter des heures d’ouverture, en matinée pour la Grande Mosquée, ou idéalement en soirée pour le souk de Mutrah. L’après-midi, trop chaud, peut-être une occasion de découvrir l’Opéra royal.

Celui-ci peut valoir le détour pour assister à un spectacle en soirée, alors que des troupes de partout dans le monde s’y produisent. Sinon, des tours guidés sont offerts pour découvrir le bâtiment de marbre blanc commandé par le sultan Qabous bin Said Al Said.

On aime en premier lieu son stationnement étagé, qui permet de garer la voiture à l’ombre, un détail d’une grande importance dans un pays aussi ensoleillé. En attendant le début d’une visite, on peut flâner dans les chics boutiques attenantes à l’opéra ou même manger dans un des restaurants haut de gamme de l’endroit. Les jardins entourant l’édifice sont aussi magnifiques.

L’Opéra lui-même, commandé en 2001 et inauguré 10 ans plus tard, compte sur une collection d’instruments impressionnante, dont certains, comme une guitare rappelant un visage souriant, ont une forme tout à fait unique. À l’intérieur de la salle, un siège particulier est réservé pour le sultan, et le sultan seulement.

Le prix d’un tel édifice? « Quand c’est le sultan qui paye, on ne connaît jamais le prix », se limite à répondre le guide.

Une visite guidée de l’Opéra royal s’impose. Il est bordé de boutiques et de restaurants.

La construction de l’Opéra a été assurée par la même entreprise qui a érigé la Grande Mosquée, un monument incontournable qui n’ouvre aux visiteurs qu’entre 8 h et 11 h du samedi au jeudi. Il importe d’arriver plus tôt que tard, si on veut avoir le temps de flâner, et de prévoir des vêtements appropriés couvrants les bras et les jambes. Les femmes et les filles de plus de sept ans doivent se couvrir la tête.

C’est une fois de plus le sultan Qabous qui a commandé le bâtiment pouvant accueillir 20 000 fidèles à la fois. Il s’agit, on s’en doute, de la plus grande mosquée du pays. On y trouve notamment le deuxième plus grand tapis tissé à la main au monde, un tapis persan de 70 m sur 60 m couvrant la salle de prière principale. On rapporte que 600 ouvrières y ont travaillé pendant plus de deux ans. Certaines sources rapportent même qu’il a fallu quatre ans de boulot.

La salle de prière est par ailleurs impressionnante pour son chandelier de 14 mètres dont on prend toute la mesure en se plantant tout juste en dessous. Avec ses 600 000 cristaux et ses 1122 ampoules, il pèse la bagatelle de 8,5 tonnes. C’est là qu’on fait un pas de côté pour le toiser plus longuement. On ne voudrait surtout pas qu’il nous tombe sur la tête.

Ce fameux chandelier a été le plus gros du monde jusqu’à l’inauguration de la mosquée Sheikh Zayed à Abu Dhabi.

Sinon, la vieille ville compte le Musée national, le palais du sultan et quelques forts. On s’y attarde moins que sur la jolie corniche de Mutrah, que longent des maisons à moucharabiehs, des cloisons ajourées qui permettent une aération naturelle. Si l’envie nous en dit, on peut parcourir les 4,5 km de la corniche jusqu’à un grand parc où sont installés quelques manèges pour enfants.

Dans la baie, on peut généralement voir une ou quelques boutres, des embarcations traditionnelles, et le yacht du sultan.

L’Opéra royal, majestueux, a accueilli des artistes internationaux de renom comme Andrea Bocelli et Placido Domingo.

Le souk, pratiquement désert en après-midi, s’anime particulièrement en soirée. On n’y a pas encore pris les mauvais plis de sollicitation des touristes comme dans les autres grands marchés des pays avoisinants, ce qui permet de le parcourir sans une méfiance exagérée.

Après le coucher du soleil, les terrasses de la corniche deviennent très populaires. Mieux vaut réserver une table si on pense s’y poser, sans quoi on risque de se buter à des établissements pleins à craquer. Les touristes rencontrés avaient particulièrement un faible pour Bait al-Luban, un restaurant au décor traditionnel servant des plats omanais près du marché de poissons. Parce qu’il faut savoir s’émerveiller, on craque non seulement pour la cuisine et l’ambiance, mais aussi pour l’eau aromatisée à l’encens et le café traditionnel offerts gratuitement.

Il suffit donc d’une journée et demie bien remplie pour faire le tour des principaux attraits de cette capitale bien discrète.