L’organisme à but non lucratif (OBNL) qui ambitionne de voir Lac-Mégantic devenir la capitale du fait main au Québec a aménagé ce bâtiment pour qu’il devienne à la fois un centre névralgique d’accueil et de formation pour les artisans-entrepreneurs de la province, un lieu de partage avec les citoyens, ainsi qu’une vitrine sur le Quartier artisan pour les visiteurs.
«On vise beaucoup la clientèle de touristes cet été avec des activités de sensibilisation aux métiers d’art. La programmation professionnelle va commencer à l’automne», explique la directrice générale de Quartier artisan, Sarah Girouard.
«On va avoir une personne à l’accueil qui va expliquer le Quartier artisan et qui va faire le lien avec les artisans de la région qui ont une offre pour les visiteurs, détaille-t-elle. L’an passé cette information était disponible dans le guide touristique [de Mégantic], mais là on veut amener les gens ici et leur donner cette information-là avec un contact plus humain.»
Espace convivial
À l’intérieur comme à l’extérieur, le QG du QA, comme on le surnomme déjà, se veut un espace convivial, lumineux et chaleureux.
Le bâtiment acquis l’automne dernier a subi des rénovations majeures grâce à une campagne de sociofinancement et à de généreux partenaires, souligne Mme Girouard, et on a pris soin d’utiliser des produits et des talents locaux pour y parvenir.
Outre l’espace nécessaire pour offrir des services professionnels à ses membres et tenir les activités des cohortes de l’Accélérateur des artisans du Québec, le 6229 rue Salaberry abrite aussi des espaces de bureau pour les gens de passage et met en vitrine les créations des artisans.
«On ne sera pas une boutique au quotidien parce qu’on ne veut pas tenir d’inventaire, ce n’est pas notre travail de vendre, mais à l’occasion on pourrait faire des petits marchés ponctuels, thématiques ou saisonniers avec les artisans», imagine Sarah Girouard, qui souhaite offrir rapidement une programmation annuelle d’activités.
«On trouve ça important que la communauté sache ce qu’on fait, qui on est, et qu’on est ouvert à devenir une plateforme d’activités pour eux.»
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Capitalisation partagée
Quartier artisan, rappelons-le, est né dans le même quartier en 2015, porté par Bernard d’Arche et Cécile Branco, deux jeunes diplômés en entrepreneuriat qui sont venus à Lac-Mégantic pour contribuer à la relance de la ville après la catastrophe ferroviaire de 2013.
La réalisation la plus visible de l’OBNL jusqu’à maintenant, c’est son Accélérateur des artisans du Québec, un parcours de formation d’un an qui en est à sa sixième cohorte en 2022 pour un total de 50 diplômés.
L’automne 2021 a marqué une autre étape pour le Quartier artisan avec le lancement d’un programme d’attraction inédit au Québec pour amener des artisans entrepreneurs de partout dans la province à s’établir à Lac-Mégantic.
Cela prend la forme d’un fonds de capitalisation partagée grâce auquel on aide à défrayer les entrepreneurs de la mise de fonds pour l’achat d’une maison-atelier dans un périmètre délimité de la ville. Si l’artisan vend sa propriété, l’argent retourne dans le fonds pour permettre à un autre artisan d’en profiter à son tour.
«De voir ce programme-là à l’œuvre, ça me fascine», lance Nebojsa Adzic, qui a grandi dans la région et qui est revenu s’y établir depuis peu comme responsable des partenariats et du membership à Quartier artisan.
«Ça vient non seulement permettre à des artisans de prendre leur envol, mais ça va retenir notre population ici, et ça va, avec la vision de la Ville, redynamiser son centre-ville avec des gens qui restent sur place.»
Cette vision, expliquait-on en septembre, est largement inspirée de l’expérience de Paducah, une petite ville du Kentucky qui s’est relevée de la fermeture de son unique industrie en faisant naître un village d’artistes florissant.
Une vingtaine d’artisans établis
Actuellement, le Quartier artisan compte une vingtaine d’artisans entrepreneurs établis qui gravitent dans son écosystème, dont la petite dernière, la vitrailliste Muriel Lassagne, est fraîchement arrivée, attirée ici par le programme d’attraction créé l’automne dernier.
«Ça chemine bien, même si ça chemine lentement, reconnaît Sarah Girouard. Je pense que le genre de décision que ça implique pour les artisans qui sont dans ce processus de déménager pour quitter leur ville ou leur région, ça demande du temps. On sait qu’il faut être patient.»
La directrice générale, qui a elle-même quitté Montréal pour s’installer à Lac-Mégantic depuis presque deux ans, comprend cet enjeu et envisage la suite avec enthousiasme.
«On reçoit beaucoup de messages d’intérêt et je trouve ça super motivant parce que les gens sont curieux, ils veulent savoir comment ça fonctionne, ils veulent venir visiter. Je crois qu’à partir du moment où il y a de l’intérêt et qu’on a maintenant notre quartier général, le pouvoir d’attraction sera encore plus fort.»