C’est en somme ce qu’évoquait pas plus tard que la semaine dernière l’Association des locataires de Sherbrooke, tandis que le cabinet de la mairie parlait alors de « spéculation ». Cette semaine, la mairesse Évelyne Beaudin a confirmé elle-même que c’est l’approche vers laquelle la Ville se dirige.
Cette orientation a en effet été convenue récemment en comité exécutif, mais le conseil municipal doit encore l’approuver à sa séance publique du 21 juin pour rendre la chose officielle, a fait remarquer la mairesse.
Jusqu’à maintenant, la Ville n’a pas exigé de contribution aux personnes qui se sont retrouvées sans option pour se loger au 1er juin et offre l’aide complète comme l’an passé (premier déménagement, hébergement temporaire, entreposage des biens, prise en charge des animaux de compagnie et allocations alimentaires).
Or, à partir du 1er juillet, les allocations alimentaires seraient maintenant limitées à deux semaines. Il s’agit d’un montant de base de 25 $ par jour par personne, avec modulation lorsque des enfants font partie du ménage.
Évelyne Beaudin a aussi évoqué la possibilité de revoir la prise en charge des animaux de compagnie, qui était aussi aux frais de la Ville jusqu’ici. Il y aurait en effet un enjeu de disponibilité du côté de la Société protectrice des animaux de l’Estrie, qui s’occupe de la garde des animaux. La nouvelle formule à venir n’est pas encore arrêtée. « On va voir si on peut faire un deal avec la SPA », a simplement avancé la mairesse.
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L’Association des locataires reste opposée
Rappelons que l’Association des locataires de Sherbrooke accueillait la semaine dernière tout aussi mal la réduction de l’aide par la Ville que la contribution locataire d’abord évoquée. « C’est une façon détournée » de continuer à réduire les dépenses assumées par la Ville au détriment des locataires, avait dénoncé son porte-parole, Mario Mercier. Il reconnaissait tout de même, comme Mme Beaudin, que le gouvernement provincial devrait être celui qui assume l’entièreté de la facture.
M. Mercier jugeait néanmoins sévèrement ce qu’il considérait comme une « peur de trop dépenser pour les programmes sociaux » de la part des élus municipaux, plaidant qu’il fallait au contraire aider en priorité les citoyens en situation précaire durant cette crise.
La mairesse justifie de son côté la révision des dépenses assumées par Sherbrooke par une comparaison réalisée avec d’autres Villes (Drummondville, Trois-Rivières, Laval et Rimouski). La plupart ne paient pas la prise en charge des animaux de compagnie et aucune ne paie les repas, selon les informations transmises par le cabinet de la mairie. L’hébergement d’urgence fourni est par ailleurs limité dans le temps.
Évelyne Beaudin a reconnu que l’objectif est de réduire le fardeau financier de la Ville, alors que la crise s’annonce particulièrement éprouvante cette année. L’an dernier, elle a apporté de frais de 462 000 $ et on s’attend au double de locataires touchés en 2022. « On a 250 000 $ de budgété, et je souhaite juste que ça nous coûte moins de 1 M$ », a-t-elle déclaré pour donner une idée de grandeur. Rien n’indique que l’aide de Québec, qui s’élevait à 136 600 $ en 2021, sera supérieure en 2022.
La mairesse n’exclut pas non plus de faire appel à la solidarité de la population pour atténuer la crise. La formule n’est pas encore déterminée, mais elle a évoqué quelques exemples comme inviter les gens à se porter bénévole pour la SPA, offrir une chambre supplémentaire inoccupée chez soi, ou simplement faire des dons.