Ce dernier a joint sa voix à des actrices du milieu communautaire de la région ainsi qu’à Andrés Fontecilla, député de Laurier-Dorion et responsable solidaire en matière de logement, pour détailler le programme du parti sur le sujet en vue des prochaines élections.
« Dans Brome-Missisquoi, la crise du logement est plus grave qu’à Montréal. Je dénonce les élus caquistes qui siègent au conseil des ministres, dont la députée Isabelle Charest. Si rien n’a été fait dans la région depuis quatre ans, c’est parce que la députée n’a pas fait le message ou que François Legault s’en fout », somme le candidat.
À quelques semaines du 1er juillet, Alexandre Legault craint que plusieurs personnes se retrouvent à la rue à Cowansville, où le taux d’inoccupation des logements se situe à 1,4 %, selon Statistique Canada.
Un moratoire et des lois plus strictes
Le phénomène des « rénovictions », où les propriétaires de logements évincent les locataires sous prétexte d’y effectuer des travaux, est en partie responsable de l’actuelle crise que traverse la province. Pour la contrer, Québec solidaire propose d’imposer un moratoire sur cette réalité dans les municipalités où le taux d’inoccupation est en dessous de 3 %.
Andrés Fontecilla avance même qu’une enquête menée dans l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie à Montréal rapporte que 85 % des « rénovictions » sont frauduleuses. « Les gens demandent un permis, mais ne font pas de travaux », explique-t-il.
« Le logement, c’est le pactole. On utilise tous les stratagèmes possibles pour faire le plus d’argent. Il faut un encadrement beaucoup plus strict », poursuit le député de Laurier-Dorion.
Parmi les autres mesures que les solidaires veulent mettre de l’avant se trouve une bonification de la loi Françoise David. Ce texte, adopté en 2016 et porté par l’ex-porte-parole du parti, empêche l’éviction des locataires de 70 ans et plus, qui vivent dans le même logement depuis au moins 10 ans et qui ont un revenu admissible pour vivre dans une habitation à loyer modique (HLM).
M. Fontecilla aimerait élargir ces critères pour que cette loi touche les aînés de 65 ans et plus qui demeurent au même endroit depuis cinq ans et dont le revenu est 150 % plus élevé que celui qui permet de vivre en HLM.
Il évoque le cas de Clément Robitaille, un septuagénaire décédé en juillet dernier alors qu’il vivait dans sa voiture après avoir été évincé de son logement quelques mois plus tôt. M. Robitaille était admissible à l’actuelle version de la loi Françoise David, mais il n’était pas au courant de cette mesure et a été contraint de quitter sa demeure.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/SWT3OW77JZCLXH2HKOY3UMOLKU.jpg)
« Le gouvernement Legault ne croit pas au logement social. Il assure une responsabilité très minime sur le dossier. Il ne considère pas le logement comme un droit, mais comme une marchandise », soutient M. Fontecilla.
Retrait de la clause F
S’il est élu au pouvoir en octobre prochain, Québec solidaire promet la construction de 10 000 logements sociaux par année pendant cinq ans. Ce chiffre est nettement au-dessus de celui annoncé par le gouvernement actuel, qui vise en construire 500 par année d’ici 2028. « Une goutte d’eau », selon Alexandre Legault.
« À la toute fin de la législature, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a déposé le projet de loi 37, mais on est loin de s’attaquer aux véritables causes de la crise du logement. La CAQ a échoué en matière d’habitation », estime Andrés Fontecilla.
Québec solidaire se dit également prêt à financer des logements locatifs, mais à condition que les propriétaires promettent et signent un gel des loyers à long terme. « C’est la pérennité qui nous intéresse », affirme le responsable du parti en matière d’habitation.
Finalement, la fameuse clause F des baux, qui permet une hausse illimitée du loyer pour les logements de moins de cinq ans, doit être abolie, selon les solidaires.
M. Fontecilla dit être conscient qu’il peut arriver que des propriétaires se trompent dans les calculs de rentabilité d’un immeuble et qu’une hausse des loyers doit s’imposer, mais il estime que ces situations doivent être traitées au cas par cas et qu’ils ne doivent pas être protégées par la loi.
Un problème d’information
Évelyne Auger, agente de mobilisation chez Action Plus Brome-Missisquoi, était présente à la conférence au parc Davignon pour dénoncer la « lenteur et la lourdeur » du gouvernement dans les dossiers à l’aide sociale, « du jamais-vu », selon elle.
De plus, Mme Auger déplore les coupures dans les chèques d’aide sociale d’un prestataire qui vit avec une autre personne. « Les loyers augmentent et les gens sont contraints d’habiter seuls. Un couple occupe deux logements alors qu’il pourrait vivre ensemble », souligne-t-elle.
Du côté de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) Montérégie-Est, c’est le manque de renseignements des locataires visés par des avis d’éviction que l’on condamne.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/XMLQAX2XWVELRDA7V54SG4YWVM.jpg)
« Une personne à Granby s’est fait évincer pour un changement d’affectation du logement. Le propriétaire veut en faire un logement à très court terme, de style Airbnb. À Cowansville, des propriétaires ont repris un quatre et demi pour division du logement. C’est insensé. Les gens ont des recours contre ça, mais ils ne le savent pas », affirme Julie Coderre, conseillère budgétaire de l’organisme.
Cette dernière s’inquiète également qu’une entreprise de Montréal ait fait l’acquisition de dix immeubles de 12 logements à Cowansville. La compagnie a offert 3000 $ et plus aux locataires afin qu’ils quittent le logement. Selon Alexandre Legault, un « nombre substantiel » de gens ont accepté, mais ne trouvent pas de place où aller.
« Il y a plusieurs mesures qui auraient dû être mises en place dans les quatre dernières années, mais le gouvernement de la CAQ préfère attendre que ça nous pète dans la face. Nous y voilà », regrette le candidat solidaire de Brome-Missisquoi.