« Je vous soumets respectueusement qu’à la suite de ce procès, la conduite du CP ne peut être d’aucune façon considérée comme étant fautive, et encore moins comme ayant contribué de façon causale au préjudice », explique Me Guy Pratte, l’un des avocats représentant l’entreprise ferroviaire devant les recours collectifs à la suite de la tragédie de Lac-Mégantic.
Pour la défense, Tom Harding a agi incorrectement, soit en ne faisant pas le test d’efficacité et en ne mettant pas suffisamment de freins, ce qui fait de lui « la cause directe du déraillement ». Depuis le début du procès, le CP a nié toute responsabilité dans l’évènement qui a couté la vie à 47 personnes en juillet 2013.
« On sait que le comportement fautif de M. Harding est la cause immédiate et logique du déraillement. Est-ce que les fautes commises par M. Harding sont reliées de quelconque façon que ce soit aux fautes alléguées contre le CP ? », soulève Me Pratte en invitant le tribunal ainsi que le public à prendre un « dernier pas de recul ». Pour le CP, il n’y a aucune codépendance entre les actions du conducteur et la compagnie ferroviaire.
Le CP invite le tribunal à conclure « que le CP n’a commis aucune faute et encore moins une faute causale » en précisant que ces affirmations « ne sont pas seulement correctes sur la base du droit et des faits, mais qu'elles sont justes et découlent de l’application rigoureuse du droit et des faits incontestables.»
Lors de ses plaidoiries, la défense n’a pas ignoré la pression populaire à l’égard de ce procès hautement médiatisé. « Les conclusions que l’on vous demande de retenir vont sans doute en décevoir certains qui, depuis le début, ont pensé que le CP devait avoir une responsabilité, mais il n’y a pas toujours une adéquation entre nos réactions naturelles et ce qui doit découler après une analyse approfondie », conclut l’avocat de l’entreprise ferroviaire.
La partie demanderesse regroupant trois recours civils, soit celui d’un regroupement de citoyens, du Procureur général du Québec ainsi que des compagnies d’assurances, aura la chance de répondre pour une dernière fois aux plaidoiries faites par le CP mercredi prochain au palais de justice de Sherbrooke.
Cette étape conclura les plaidoiries de part et d’autre. Le juge Martin Bureau entend prendre la décision en délibéré.
Rappelons qu’une centaine de témoins provenant des quatre coins de l’Amérique du Nord, une dizaine d’experts issus de diverses disciplines, des éléments de preuve par milliers et pas moins de 15 avocats ont pris part à ce procès qui aura duré plus de sept mois.