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Tout juste après notre conversation, il allait servir le repas à la Maison du père à Montréal, comme il le fait chaque mercredi. Deux jours plus tard, ce sera à la Mission Bon Accueil, autre précieuse ressource pour les plus démunis.

«Mon engagement bénévole, j'en ai besoin. Un peu comme un pianiste qui a besoin de faire ses gammes et ses arpèges. Il n'y a rien comme le bénévolat pour te ramener sur le plancher des vaches», me confie-t-il.

Peu probable qu'on le voit animer un jour une émission de rénovation. «Ou de cuisine! À moins que ce soit avec mon ami Jonathan qui a une trisomie 21, ah là, oui! J'aurais besoin d'un aspect humain, qui dépasse le divertissement ou l'émission de services. Je carbure à ça. C'est en cohérence totale avec tout ce que je suis, avec mon passé et vers quoi je me projette. C'est une mission qui m'a choisi et à laquelle j'ai répondu oui.»

Victorieux à deux, sa nouvelle série diffusée sur Moi et cie depuis lundi à 21h, est fidèle à sa nature profonde. Chaque semaine, on met la lumière sur l'entourage immédiat d'un athlète handicapé, ces accompagnateurs essentiels qui sont leurs yeux, leurs bras, leur support.

«Dans les vignettes qu'on voit souvent sur les athlètes olympiques ou paralympiques, le portrait porte exclusivement sur l'athlète et moins sur les proches. Nous, c'est exactement l'inverse; il faut voir et s'attacher à l'athlète mais nous voulons aussi montrer les qualités humaines chez les bénévoles et les accompagnateurs», m'explique Jean-Marie Lapointe, qui a voulu connaître leurs motivations.

On peut voir la relation entre le para-athlète et l'accompagnateur comme une situation de dépendance; en regardant la série, on voit plutôt une symbiose entre des êtres qui se font pleinement confiance et s'apportent l'un autant qu'à l'autre.

C'est manifeste dans l'épisode de lundi, qui s'intéresse à Maximilien Moreau, pilote de vélo en tandem, qui fait équipe avec Benoit Lalumière Cloutier, non voyant dont l'acuité se limite à six degrés, comme dans la série de Simon Boulerice.

Leur parfait synchronisme dépasse le sport, il se mesure aussi dans leur complicité et leur persévérance. Vous les verrez disputer une course enlevante où ils doivent effectuer des virages à 180 degrés. Parce que la série s'appuie aussi beaucoup sur la performance et le dépassement.

«On n'est pas juste dans la personne qui a un handicap et qui veut faire un peu de sport pour être en forme et bouger. Ça va au-delà de ça», précise l'animateur.

Pour Maximilien, l'inspiration est venue de son frère Charles Moreau, rendu paraplégique après un accident en 2008 et para-athlète de haut niveau. Ça lui a ouvert les yeux et donné l'élan pour compétitionner en tandem.

À la différence de Face à la rue et de Fin de mois, les précédentes séries de Jean-Marie Lapointe, qui suscitaient beaucoup de compassion chez le téléspectateur devant les drames vécus par les protagonistes, Victorieux à deux ne génère qu'admiration.

«Quand on parle de faire une émission sur les handicapés, ça peut susciter des mots comme \"pauvre eux autres, c'est pas facile\". Mais c'est tout le contraire, il y a zéro pitié.»

Réalisée et scénarisée par Pierre-Antoine Fournier, cette série de six demi-heures botte le derrière et motive au plus haut point. Victorieux à deux est tout à fait dans la continuité de l'implication de Jean-Marie Lapointe depuis deux décennies comme porte-parole du Défi sportif AlterGo, qui réunit chaque année des athlètes ayant une limitation fonctionnelle.

La plupart des épisodes finissent dans l'apothéose d'une grande compétition, comme le premier, disponible gratuitement sur TVA+, où la caméra était braquée sur la conjointe de l'athlète de paracanoë Mathieu St-Pierre, Julianne Morin-Nolet, qui regardait son chum participer aux Jeux de Tokyo. Essayez de ne pas pleurer.

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Dans Valeur ajoutée, une série d'entrevues menées par Véronique Cloutier avec des personnalités qui incarnent différentes valeurs, disponible à partir du 15 juin dans la section Véro.tv d'ICI Tou.tv Extra, Jean-Marie Lapointe confie que la moitié des messages qu'il reçoit sont des demandes d'aide et qu'il prend le temps de répondre à chacun d'eux. Sans exception.

«Quand une mère t'écrit pour te dire qu'elle ne voit plus son fils qui est dans la rue et se demande s'il est encore en vie. Et là, on apprend que son fils a été trouvé noyé sous le pont Jacques-Cartier. Comment peux-tu ne pas répondre à ça? La pire des choses, c'est l'ignorance. Oui, ça me demande du temps, mais ce n'est jamais lourd pour moi.»

«J'ai tellement de ressources autour de moi que c'est sûr que j'ai une piste de solution. Je ne porte pas sur mon dos la résolution de son problème, je ne joue pas au héros, je suis seulement une courroie de transmission.»

Des nouvelles de Jean Lapointe

Je ne pouvais pas avoir Jean-Marie Lapointe sans lui demander des nouvelles de son père, Jean Lapointe, que le public a revu avec bonheur en entrevue avec Patrice Roy durant les Fêtes.

«Mon père allume avec le kodak, c'est un showman!» me dit Jean-Marie.

«C'est miraculeux ce qui lui arrive. Il y a deux ans, il est entré au CHUM dans un état tellement déplorable. Avec le CHSLD Saint-Georges, ils l'ont ramené, ils l'ont réparé. Papa a des troubles de circulation et d'articulation, quelques petits épisodes de démence, mais malgré tout, il vit dans l'instant présent. Il a toujours été un grand anxieux et aujourd'hui, je le sens beaucoup moins anxieux.»

«Il est fait fort, mon père. Quand il est là, il est tout là. On profite de chaque instant avec lui parce que, qu'est-ce qui me dit qu'il sera là, la semaine prochaine? Il n'a pas reçu de diagnostic de fin de vie, mais je ne prendrai pas la chance.»

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