L’UdeS lance une vaste étude sur le bonheur des aînés

La professeure Mélanie Levasseur dirigera une nouvelle étude visant à déterminer les facteurs de bonheur des aînés. Celle-ci durera trois ans et impliquera 2000 personnes âgées.

Repenser notre vision sur l’aménagement des milieux de vie : voici l’imposante tâche à laquelle s’attaque la professeure sherbrookoise Mélanie Levasseur, qui a entamé avec son équipe une importante étude sur les facteurs de bonheur chez les aînés.


Celle qui est professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l’Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS pourra bénéficier d’un soutien financier de la Fondation Luc Maurice, organe du Groupe Maurice, groupe spécialisé dans les résidences privées pour aînés (RPA).

Concrètement, cette étude se déploiera en trois étapes distinctes. La première sera de sonder 2000 aînés — grosso modo 1000 à domicile et 1000 dans différentes RPA — sur ce qui fait leur bonheur. Le sondage aura lieu à l’automne 2022.

Ce peut être des choses comme « la proximité des ressources, la participation sociale ou l’âgisme qui peut se produire dans le milieu », note la Pre Levasseur.

Ensuite, l’équipe de la chercheuse procédera à des analyses, à l’hiver 2023, pour vérifier les corrélations entre le bonheur et les différents facteurs. Finalement, « des entretiens seront réalisés auprès d’aînés ayant divers niveaux de bonheur et une variété d’expériences pour explorer comment le milieu de vie influence non seulement leur bonheur, mais aussi leur épanouissement, leur participation sociale, l’âgisme et leur intégration dans la communauté », explique-t-elle.

Lors du dévoilement de l’étude, les résidents de la RPA VÜ de Sherbrooke ont pu voir l’exposition<em> Vieillir et beautés</em> de la photogrape Arianne Clément. Cette exposition s’inscrit dans le cadre de la Grande interaction pour rompre avec l’âgisme.

Selon le doyen de la FMSS, le Pr Dominique Dorion, l’exercice est primordial pour déconstruire les idées préconçues de la société sur le bonheur des aînés, afin de créer une société plus accueillante pour les personnes âgées.

« En ce moment, on présume ce qui rend ces gens heureux et on l’impose. C’est un peu une forme d’âgisme. En faisant cette enquête-là, si on se rend compte que le bonheur des aînés passe absolument par avoir une pharmacie à 250 mètres du lieu de résidence, bien ça va indiquer quelque chose aux décideurs et aux promoteurs de RPA, dont le Groupe Maurice. En mettant de l’argent là-dedans, ce n’est pas parce qu’ils sont désintéressés : ils veulent voir comment améliorer leur offre », lance-t-il.

« On ne peut pas encore dire hors de tout doute si les gens sont plus heureux en RPA ou à la maison. Quelqu’un à la maison peut se retrouver à n’avoir aucune implication sociale, donc il serait plus triste que quelqu’un en RPA et vice-versa. Ce que l’on observe par contre, c’est que la plupart des aînés ne veulent pas vivre en RPA. Je pense que c’est une idée préconçue qui n’est pas la bonne, car si on en construit des accueillantes où les différents facteurs qui rendent les aînés heureux sont rencontrés, ça changera la donne », estime pour sa part Mélanie Levasseur.

« En ce moment, on présume ce qui rend ces gens heureux et on l’impose. C’est un peu une forme d’âgisme », estime le doyen de la FMSS, le Pr Dominique Dorion.

Le bonheur pour la santé

Pour Dominique Dorion, le bonheur des aînés est un facteur qui influe largement sur leur santé générale.

« Ça peut être aussi simple que d’avoir un réseau social qui se rend compte qu’un aîné ne va pas bien, qu’il a peut-être une tumeur ou peu importe, et qui incite la personne à consulter avant qu’on la retrouve mal en point avec une possible maladie qui a dégénéré », image le doyen de la FMSS.

« Autrement, continue le Pr Dorion, on remarque déjà dans la documentation une corrélation entre le bonheur des personnes âgées et la fréquence à laquelle elles consomment des soins et services de santé. »

Mélanie Levasseur ajoute que le niveau de formation des professionnels de la santé présents dans les RPA peut être appelé à changer selon ce qui fait le bonheur des aînés, ce qui pourrait bonifier l’offre de services de santé à laquelle ces personnes auraient accès.