Déjà dans la capitale, Mascate, on en trouve au moins trois, soit le fort de Mutrah construit dans les années 1580 à l’une des extrémités du port.
On y grimpe principalement pour la vue. Un peu plus loin, dans la vieille portion de la ville, le fort Al-Jalali et le fort Al-Mirani, eux aussi des réalisations des Portugais à la même période, sont plus difficiles à visiter, le premier nécessitant une autorisation et le second étant littéralement fermé.
On raconte toutefois que les bâtiments les plus intéressants se situent à l’extérieur de la capitale. Ayant tendance à me lasser des visites répétitives, j’ai choisi de me concentrer notamment sur le fort de Bahla, à environ 180 km sud-ouest de Mascate. Il est ancré au cœur d’une oasis et est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987.
En posant les yeux sur les petites maisons effondrées qui s’affalent près du stationnement de la forteresse, on ne s’étonnera pas que ce patrimoine, aujourd’hui restauré, eût été placé sur la liste des monuments « en péril ».
Les techniques de restauration et de conservation ont toutefois permis de retirer le fort de Bahla de cette liste en 2004. L’intérieur est pratiquement vide, si bien qu’on doit recueillir un minimum d’information auprès du préposé à l’accueil avant de se lancer, question de savoir précisément où on pose les pieds. C’est surtout l’immensité du fort, son âge vénérable et la vue sur l’oasis qui saisissent.
On rapporte qu’il est l’œuvre de la tribu des Banu Nabhan, qui ont fait de Bahla leur capitale entre les 12e et 15e siècles. D’ailleurs, ceux qui résistent au vertige et qui oseront grimper des volées de marches malgré la chaleur omniprésente pourront voir, autour de la ville, les vestiges d’une imposante muraille. L’intérieur même de la forteresse ressemble à un labyrinthe. Il s’agit, selon l’UNESCO, d’un d’exemple important d’un type d’ensemble architectural défensif qui a permis à certaines tribus de prospérer à l’époque médiévale.
En se promenant dans le village, on peut par ailleurs admirer le système d’irrigation propre aux Omanais, le falaj. En tout et partout, on peut facilement y passer deux bonnes heures, et si le cœur nous en dit, on poursuit la route jusqu’au château de Jabrin, une des forteresses les mieux conservées au pays. Il faut toutefois planifier les visites, puisque la plupart des sites du genre ferment leurs portes vers 16 h. Tant pis pour les retardataires comme moi qui pensaient voir les deux dans un même après-midi.
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Reconstituer l’histoire
Sinon, pour peu qu’on s’aventure au sud de la capitale, on aboutira sans doute à Nizwa, deuxième ville en importance au pays. Ses enchevêtrements de ruelles, ses maisons traditionnelles en terre cuite et son souk attirent les visiteurs. Mais l’attraction la plus populaire et la plus importante est bien entendu le fort, qui permet d’en apprendre sur le passé et les traditions d’Oman.
Construite dans les années 1650, la forteresse est l’un des sites les plus visités au pays. Et avec raison, puisqu’elle offre une vraie exposition avec des panneaux d’interprétation.
Impressionnante elle aussi pour sa taille, elle surprend d’autant qu’elle a été construite en seulement douze ans. Un tour de trente mètres de hauteur et au diamètre imposant de 36 mètres constitue un premier arrêt imposé pour un regard sur la ville et la mosquée adjacente.
Au gré des panneaux, on apercevra des trappes qui permettaient de surprendre les intrus qui, on se l’imagine, risquaient une chute douloureuse. On se proposait également autrefois d’ébouillanter ces ennemis à l’aide d’huile bouillante qu’on plaçait dans des marmites accrochées au-dessus des portes. Ouch!
Dans la cour, on offre aux visiteurs une crêpe traditionnelle omanaise cuite sur place, avant de les laisser s’aventurer dans une petite palmeraie. Beau moment pour se poser à l’ombre.
Pour les plus aventuriers qui auraient du temps à tuer, plus au sud, tout près des dunes de Sharquiya, les villages de Jalan Bani Bou Ali et Jalan Bani Bou Hassan comptent eux des châteaux.
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Dans le premier cas, le fort est laissé à l’abandon. Ses murs extérieurs sont percés d’ouvertures qui n’empêcheraient plus le moindre ennemi de s’y aventurer. Dans le calme le plus plat, on peut y accéder à ses risques et périls. Les grosses pierres jonchent le sol, les planchers se sont effondrés et les abeilles se sont approprié les briques de terre cuite pour y faire leur nid. Néanmoins, l’occasion est bonne pour réaliser comment les traces du passé disparaissent lentement, faute de moyens ou d’intérêt.
Ce sont souvent ces moments que je préfère, laissant mon imagination reconstituer l’allure d’antan, là où il ne reste que des indices à déchiffrer.
À quelques rues de là, la mosquée Jami-al Hamoda vaut un arrêt si on est dans le coin. Elle aussi érigée avec des briques crues, elle compte pas moins de 52 coupoles. Les non-musulmans ne peuvent pas la visiter, mais le coup d’œil suffit avant de poursuivre vers Jali Bani Bou Hassan.
Là, le fort est dans un bien meilleur état et peut encore être visité. On verra les échelles typiques, dans le coin de certaines pièces, pour accéder au plancher supérieur. Dextérité essentielle pour ceux qui voudraient s’y aventurer. Traduction : je me suis bien demandé comment redescendre une fois grimpé au deuxième étage.
On ne verra rien de nouveau à Jali Bani Bou Hassan, si les autres monuments figuraient déjà à notre itinéraire. Il s’agit plutôt d’un prétexte pour s’aventurer sur une route moins connue pour accéder à des villages qui attirent pour le moment moins les touristes.