Au lendemain d’une sortie conjointe de l’Association des locataires de Sherbrooke et du Front d’action populaire en réaménagement urbain, qui ont vertement critiqué ce changement d’orientation, Mme Beaudin a défendu la mesure en entrevue avec La Tribune.
«On veut favoriser l’engagement, la mise en action des personnes qui se retrouvent dans cette situation problématique», a-t-elle insisté. «Même les intervenants croient que c’est important qu’il y ait un certain engagement», a-t-elle aussi ajouté, pointant notamment vers les représentants de l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke.
L’Association des locataires de Sherbrooke et le Front d’action populaire en réaménagement urbain jugeaient plutôt que cette contribution contrevient «aux principes de gratuité et d’universalité qui doit guider l’offre de programmes sociaux», compromet «dangereusement» le droit au logement, et risque de placer certains ménages dans une situation de précarité plus importante.
Rappelons que la contribution exigée sera équivalente au montant du loyer que payait le ménage avant de se retrouver sans toit au 1er juillet. En fait, l’aide d’urgence a même été devancée d’un mois cette année afin de couvrir les personnes qui se retrouveraient en situation problématique au 1er juin.
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Selon la mairesse, ce sont les élus qui ont insisté pour élargir la période «dans une perspective de ne pas échapper personne». L’aide d’urgence reste en effet «un service qui met l’humain à l’avant-plan», a-t-elle assuré en affichant également une ouverture à des exceptions sur la question de la contribution monétaire pour certaines personnes en situation plus précaire.
Réalité papier et réalité terrain
Elle reconnaît toutefois qu’aucune exception n’est balisée dans les documents présentés au conseil ce mardi. «Après ça, les personnes qui sont sur le terrain, ils sont avec des êtres humains. Il y a ce qui est écrit, et il y a comment ça fonctionne sur le terrain», a-t-elle commenté en se disant confiante que les locataires touchés seront bien accompagnés.
La mairesse a donné l’exemple d’une personne qui vient de se séparer. «Est-ce qu’elle devrait payer la moitié du loyer qu’elle avait avant? Je pense que oui», a-t-elle raisonné.
Le service reste ouvert à tout résident de Sherbrooke. La Ville prendra en charge l’hébergement temporaire, l’entreposage des biens, le premier déménagement, la garde des animaux de compagnie et la nourriture pour les personnes à la recherche d’un logement.
L’an dernier, ces dépenses se sont élevées à 462 000 $, et elles risquent d’être encore plus importantes cette année, puisque la Ville s’attend à un plus grand nombre de personnes touchées.
Dans ce contexte, la mairesse Beaudin a une fois de plus critiqué le manque d’appui du gouvernement provincial. «Si on avait le soutien du gouvernement pour payer à 100 % [l’aide d’urgence], peut-être qu’on le ferait» et que la contribution pourrait tomber, a-t-elle avancé, réitérant qu’elle trouvait néanmoins important de conserver un certain engagement de la part des locataires.
Les mesures annoncées jeudi par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest visant à faire face à la crise du logement concernaient principalement une bonification du programme de Supplément au loyer, ce qui représente une enveloppe de 75,8 M$. On note également une somme de 2 M$ réservée aux Municipalités pour couvrir les frais reliés à la crise du logement, mais pour l’ensemble du Québec. L’an dernier, l’appui de Québec équivalait à 136 600 $ pour Sherbrooke, soit 0,80 $ par habitant.
Pendant ce temps, d’autres actions se multiplient sur plusieurs fronts afin de faire face à la criante pénurie de logements que connaît Sherbrooke, assure la mairesse. «On est en train d’essayer d’acquérir une propriété», a-t-elle notamment avancé, sans préciser les détails du projet.