Le président de l’OMH à Sherbrooke, Raïs Kibonge, explique que cette situation est «chronique». «La Société d’habitation du Québec qui finance l’OMH donne de l’argent pour les nouveaux projets, mais très peu pour la maintenance», indique le conseiller municipal, ajoutant que le parc immobilier de 1700 logements est âgé de «plusieurs décennies».
«Contrairement aux habitations régulières, les gens peuvent quitter l’OMH à peu près quand ils le veulent. Donc les gens partent et arrivent tous les mois. On doit maintenir certaines normes pour les immeubles, donc ça allonge certains délais.»
Une équipe de six personnes s’occupent de rénover le parc immobilier. Habituellement, entre 60 et 70 logements sont vacants, mais «de façon exceptionnelle, avec la pénurie de main-d’œuvre, on en a 102», confirme Raïs Kibonge.
«Pour le montant actuellement si on ne reçoit rien de plus ça va nous prendre, avec notre équipe de quatre à six concierges, trois ans pour retaper tous les 102 logements. Et ça, c’est sans compter les logements qui s’ajouteront à ce chiffre. Il faudrait multiplier les équipes par le double au moins pour être plus efficace», confirme le président de l’OMH de Sherbrooke.
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Il est impossible de louer un appartement qui ne répond pas aux normes, estime M. Kibonge, même si les rénovations sont prévues pour plus tard. «On l’a envisagé, mais la SHQ ne voulait pas que ça devienne une habitude. Ils ne veulent pas que les gens vivent dans un logement de l’OMH qui a une cuisine ou une salle de bain qui ne fonctionne pas.»
Est-ce que l’OMH reprendra le dessus ou le nombre de loyers à rénover augmentera encore? «Pour le moment, on essaie de maintenir la situation. On essaie aussi de mettre de la pression et des demandes à Québec pour qu’il nous aide un peu plus. Une enveloppe pour les réparations nous aiderait énormément», répond le conseiller.
La pénurie d’entrepreneurs pèse également dans la balance, selon M. Kibonge.
Intervention de Christine Labrie
La députée solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie, est intervenue à l’Assemblée nationale mercredi matin pour demander une aide d’urgence à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest.
«Non seulement la CAQ n’est pas capable de se déniaiser pour protéger nos OBNL des ventes au privé, mais en plus, ils ne financent pas les OMH [pour l’entretien des logements sociaux]», a-t-elle lancé à la période de questions à l’Assemblée nationale, soulevant les huées des députés de la Coalition avenir Québec.
Le président de l’Assemblée nationale, François Paradis, a ensuite demandé à Mme Labrie d’être prudente dans les termes employés.
«En pleine crise du logement, avec 1300 ménages sur la liste d’attente pour un logement social à Sherbrooke, savez-vous combien il y a de logements sociaux vacants ? Une centaine de logements sociaux vides, parce que l’OMH de Sherbrooke ne fournit pas avec seulement six employés pour les rénover. On a besoin d’aide d’urgence, est-ce que la ministre va nous aider?» a poursuivi Mme Labrie.
«Je vais y aller calmement pour ma réponse, a commencé Andrée Laforest, sous les rires de ses collègues. À Sherbrooke, on travaille bien avec l’Office d’habitation. Depuis le 1er octobre, 191 logements ont été livrés et 62 sont en chantier. [...] Maintenant, quand vous dites que les Offices d’habitation n’ont pas les moyens, M. le président, ça me fait plaisir de vous le dire, on vient d’investir 150 M$ pour ajuster les coûts des matériaux de construction dans tous les projets des offices d’habitation.»
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Mme Labrie n’a pas semblé réjouie de la réponse de sa consœur. «Ce que la ministre fait ne suffit pas. À Sherbrooke, une trentaine de ménages risquent d’être à la rue le premier juillet. Et ça, c’est avant l’annonce de l’éviction de l’Hôtel Albert. Des logements, il en manque. Et durant ce temps, on a une centaine de logements sociaux vacants à Sherbrooke, car on n’est pas capable de les entretenir. Six personnes pour entretenir 1700 logements, pensez-vous que c’est raisonnable? Ils ne sont même pas capables d’avoir un électricien ou un plombier dans leur équipe avec le montant qu’ils reçoivent. Ça ne peut pas marcher. On a besoin d’aide d’urgence», a-t-elle rétorqué.
«Quand on parle de Sherbrooke, tous les projets qui ont été déposés dans le programme d’habitation abordable Québec sont présentement en analyse et d’ici une semaine, on pourra dire combien vous avez de projets à Sherbrooke. Il y a un équilibre entre les locataires, les propriétaires, le privé et le public», a ajouté Andrée Laforest.
Raïs Kibonge espère que l’intervention de Christine Labrie fasse avancer les choses plus vite. «On va voir si on peut rencontrer Mme Labrie pour avoir des demandes précises», résume-t-il, ajoutant qu’un «financement récurrent de 2,5 millions serait nécessaire pour vraiment avoir une OMHS répondant aux besoins.»