«L’an dernier, il y a eu une initiative avec le COGESAF et le MFFP (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs) qui ont travaillé conjointement pour faire un protocole de détection précoce de la moule zébrée. Ils ont décidé d’avoir une approche de science citoyenne, et d’impliquer des citoyens volontaires pour installer eux-mêmes les dispositifs sur leur quai, le long des rivières Massawippi et Saint-François. À la lumière des résultats, ils se rendaient compte que ce n’est pas faute de vouloir, mais il y a des enjeux de logistique», explique d’entrée de jeu Jannick Champagne, technicienne en technique de bioécologie du Cégep de Sherbrooke.
On constatait alors une grande différence entre ce que les riverains avaient détecté et la chargée de projet responsable du dossier.
Elle y a vu une belle occasion pour les étudiants de combler les lacunes dans ce processus.
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Des résultats attendus
Ce protocole de détection précoce est aussi déployé dans d’autres plans d’eau, note Mme Champagne, en soulignant que l’association du lac Brome a aussi embarqué dans le projet.
Certaines conditions physicochimiques font en sorte que certains plans d’eau sont plus à risque de voir la moule zébrée proliférer.
Le lac Lyster fait partie de ceux qui sont le plus à risque, explique-t-elle, en soulignant notamment son taux de calcium assez élevé. «Présentement, on n’en a pas. Ce n’est pas aussi critique que le lac Massawippi, qui est dans le haut de la liste des lacs les plus risqués, si on veut, mais on n’est pas loin derrière», vulgarise-t-elle, en soulignant que l’achalandage accru sur le plan d’eau amène aussi plus de risques d’invasion, surtout si les plaisanciers se promènent d’un lac à un autre.
Le groupe s’était réuni à la plage du lac Lyster à Coaticook.
Mme Champagne et l’enseignante au département de technique de bioécologie Marie-Claude Fontaine ont expliqué aux étudiants comment installer les collecteurs dans l’eau avant qu’ils ne se déploient dans le secteur.
L’exercice permet aux étudiants de s’exercer à suivre un protocole de ce genre, résume Yohan Wegener, un étudiant de deuxième année.
«Cet automne, on va venir les récolter. On va s’exercer à identifier des petites moules immatures. C’est quand même assez complexe, c’est pour ça que parfois les riverains n’arrivent pas à faire la détection et les données sont un peu biaisées. Nous, ça permet de nous pratiquer avant d’arriver sur le marché du travail», explique-t-il.
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En allant sur le terrain avec les étudiants, les données du projet auront un réel impact pour la communauté, qui n’a pas nécessairement les installations nécessaires, note Mme Champagne.
«C’est tellement gagnant-gagnant quand on peut avoir un projet concret, collé, intégré aux besoins du milieu…»
L’équipe reviendra en octobre pour la collecte. Les résultats devraient être connus fin novembre ou début décembre.
Croisés sur place, les riverains Jean-Pierre Daigle et Madeleine Provencher avaient permis aux étudiants d’accéder à leur propriété pour le projet. Le couple raconte avoir plusieurs préoccupations pour la santé du lac, dont le niveau de l’eau particulièrement bas l’été dernier.
«Le lac a toujours été en santé. L’eau est plus chaude… On n’a pas un gros bateau et on a eu de la difficulté à le sortir l’été dernier», raconte Mme Provencher, en soulignant que l’on retrouve un peu de myriophylle à épis dans son secteur.
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Des mesures pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes
Plusieurs mesures ont été mises en place au lac Lyster afin de faire la lutte aux espèces exotiques envahissantes.
Le conseiller municipal Vincent Brochu, responsable du dossier de l’environnement, souligne que la lutte au myriophylle à épis demeure la première préoccupation du côté des espèces exotiques envahissantes.
«On a consulté des spécialistes en environnement et ils nous ont recommandé de l’arracher… Il y a une section qui a été traitée l’an dernier. Cette année, c’est un peu tôt pour savoir si ça a fonctionné. C’est comme la végétation, ça prend un certain temps avant que ça repousse.» Selon l’état de la situation, des solutions seront mises en place.
Parmi les mesures mises en place pour éviter la propagation des espèces exotiques envahissantes, on retrouve la présence d’une station de lavage à la descente de bateau de la plage.
Un règlement municipal oblige les plaisanciers à faire laver leur bateau, note M. Brochu.
Certains défis demeurent, observent des riverains, puisque les embarcations légères vont débarquer à d’autres endroits sur le plan d’eau, comme au camping.
La patrouille bleue revient pour une deuxième année au lac Lyster.
Coaticook envisage aussi de modifier la vitesse sur le plan d’eau, mais l’initiative requiert une série d’étapes avant d’en arriver là, puisque la navigation est de juridiction fédérale.
«C’est un projet qui devrait être théoriquement sur une période de sept ans. On en serait à notre troisième année. Dans les enjeux de réglementation, il faut penser à toutes les choses que l’on peut mettre en place à la base.»
L’un des principaux facteurs de propagation de cette espèce est de transporter des fragments de myriophylle avec les embarcations d’un plan d’eau à un autre. La canopée qui se crée bloque la lumière, entraînant notamment une perte de biodiversité. Le myriophylle diminue l’oxygène sous l’eau, en plus d’entraîner des conséquences chez les poissons.