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Il y a quelques semaines, l’espoir des Ducks d’Anaheim a été touché profondément par des allégations de racisme qui ont mené à la démission de deux joueurs racisés de l’Intrépide de l’Outaouais bantam AAA.

Koby Francis et Anthony Allain-Samaké sont sortis de l’ombre en évoquant des épisodes où ils ont été victimes de racisme au cours de la dernière saison. Ne pouvant plus tolérer ce climat toxique, ils avaient fini par remettre leurs chandails avant le tournoi de la Coupe Dodge. Six joueurs et des entraîneurs avaient ensuite été suspendus pendant la tenue d’une enquête pour faire la lumière sur le sujet. Le jeune Allain-Samaké s’était finalement ravisé pour réintégrer l’équipe à temps pour le championnat provincial.

Lui-même né d’une relation entre un père natif de La Barbade et une mère de race blanche, Tyson Hinds s’est senti concerné par l’histoire des deux jeunes adolescents. Rapidement, il a pris contact avec les deux joueurs. Il leur a d’abord conseillé de s’accrocher, puis il leur a lancé une invitation pour venir le voir à son premier match à Gatineau depuis le 23 février 2020 au Centre Slush Puppie jeudi soir. Il tenait à se servir de son statut pour lancer un message éducatif de tolérance.

«J’ai joué tout mon hockey mineur à Gatineau et je ne me suis jamais senti comme un enfant à part des autres, surtout dans notre groupe de joueurs nés en 2003. Nous étions très proches. L’histoire de ces deux joueurs est venue me chercher. Je ne pouvais pas rester insensible à ce qui leur arrivait.»

Tyson Hinds et sa mère, France Lanois, ont donc entrepris des démarches pour que son premier match de la LHJMQ à Gatineau en plus de deux ans serve à quelque chose. Jeudi soir, ils étaient 140 à occuper des sièges derrière le banc du Phoenix de Sherbrooke. Le groupe était composé de leurs proches, majoritairement de Gatineau.

À la conclusion du match contre les Olympiques, Tyson Hinds avait pris soin de s’entourer de tous les joueurs en provenance des minorités visibles sur la patinoire. Chez le Phoenix, Jaheem Lagacé a la même couleur de peau. Israel Mianscum et Colin Ratt sont autochtones. Il avait même tendu une perche vers Noah Warren des Olympiques de Gatineau.

Afin d’afficher le côté inclusif du sport, le capitaine des Olympiques Manix Landry s’est aussi amené sur la patinoire pour la photo prise avec le grand frère de Kobe Francis. Keyshawn Francis évolue pour les Flames de Gatineau dans la Ligue junior AAA du Québec. Allain-Samaké a quant à lui dû décliner l’invitation à la dernière minute pour se diriger au Centre Canadian Tire puisqu’il était l’invité de Mathieu Joseph, un joueur des Sénateurs d’Ottawa, lui aussi sensible à son histoire.

Ensemble, sur la glace du Centre Slush Puppie après la victoire en fusillade du Phoenix, tout ce beau monde a posé pour envoyer un message fort.

«Une photo vaut mille mots. Elle va parler d’elle-même. Nous avons beau avoir des origines différentes, il reste que nous partageons tous la même passion pour le hockey. Au hockey, on se tient», a indiqué Tyson Hinds.

Encouragements

Toujours branché sur son monde en Outaouais, l’ancien de l’Intrépide midget AAA dit avoir été sensibilisé au problème des deux hockeyeurs bantam par l’entremise de connaissances.

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Des anciens entraîneurs m’ont appelé pour me dire que deux adolescents songeaient à abandonner le hockey à cause d’incidents racistes. Je devais intervenir pour les encourager à persévérer. Je voulais leur remonter le moral. Ils n’étaient plus à la bonne place dans leur tête. J’espère que mon appel a pu les aider à se raviser.

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Dans un sport d’équipe où chaque joueur a un rôle à jouer pour obtenir des succès collectifs, Tyson Hinds avance que le facteur inclusif est d’importance capitale.

«Ma couleur de peau n’a jamais été une barrière pour moi dans ma carrière, mais je me rends compte que ce n’est pas la même chose pour tout le monde. Mes coéquipiers qui proviennent de minorités visibles avec le Phoenix ont entendu des commentaires déplacés durant leur jeunesse. Ils ont persévéré pour se retrouver dans la LHJMQ.»

Tyson Hinds pense aussi que ses amis ne le voyaient pas nécessairement d’un oeil différent en grandissant à Gatineau. Ce n’est que maintenant, rendu à l’âge adulte, qu’il commence à comprendre certaines choses.

«Des incidents ont été exposés cette saison dans la Ligue américaine et la Ligue East Coast avec le frère de P.K. Subban et Bokonji Imama. Des fois, ce sont des incidents isolés. Des fois, ça vient des parents. Il y a une jalousie qui se développe et des propos peuvent dépasser les bornes ou des blagues qui vont trop loin. Il faut garder la tête haute et aller de l’avant.»

Chose certaine, en organisant une séance de photos avec la collaboration des Olympiques de Gatineau jeudi soir, Tyson Hinds a pleinement profité de sa rare visite en Outaouais pour jouer un rôle rassembleur.

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Hinds trace son chemin vers la coupe?

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La carrière de Tyson Hinds avance rondement depuis qu’il a porté les couleurs de l’Intrépide de Gatineau dans la Ligue M18 AAA du Québec à l’âge de 15 ans.

Sa progression est facile à mesurer. Au moment de son repêchage dans la LHJMQ, le grand défenseur de 6’3’’ avait été classé comme un espoir de troisième ronde. À l’époque, un recruteur interrogé par Le Droit à la veille de la séance sélection avait fait une projection intéressante.

«Tyson Hinds est en pleine progression. Ça ne fait que commencer. D’ici à son repêchage dans la LNH, il va avoir devancé un paquet de défenseurs qui seront sélectionnés avant lui dans la LHJMQ.»

Ce recruteur a visé juste. Tyson Hinds a finalement été choisi en deuxième ronde par les Caratactes de Shawinigan. Il avait été le 7e défenseur réclamé en 2019. Deux ans plus tard, il a été un choix de troisième ronde des Ducks d’Anaheim. À la séance de 2021 dans la LNH, il a été le deuxième défenseur de la LHJMQ à être sélectionné derrière Evan Nause des Remparts de Québec.

À son premier camp d’entraînement chez les professionnels, Hinds a tellement été impressionnant que les Ducks l’ont gardé avec eux pendant cinq semaines!

«J’avais pourtant commencé mon camp bien tranquillement. J’ai trouvé ma première semaine difficile. J’étais stressé. J’avais de la misère, mais j’ai pris du mieux tous les jours. Quand ils m’ont dit qu’ils étaient satisfaits de moi, les choses ont commencé à aller encore mieux et ils m’ont finalement gardé bien plus longtemps que prévu. Pour la confiance, il n’y avait rien de mieux. J’ai appris à jouer comme un professionnel. L’expérience a été enrichissante et ça m’a donné la motivation nécessaire pour poursuivre mes efforts. Mon objectif à long terme, c’est de faire carrière dans la LNH.»

À court terme, Tyson Hinds aura une première réelle occasion de remporter la coupe du Président à sa troisième saison dans la LHJMQ. Aux Fêtes, il a vécu sa deuxième transaction en carrière quand l’Océanic de Rimouski l’a échangé au Phoenix de Sherbrooke, qui occupe maintenant le premier rang de l’Association de l’Ouest de la LHJMQ.

«Nous avons un bon groupe de gars et qui travaille fort. Nous avons des joueurs avec beaucoup d’habiletés. Ça nous amène beaucoup d’offensive. Nous sommes en bonne posture pour veiller tard.»

À Sherbrooke où le général de la défensive est David Spacek, Hinds occupe une place sur la deuxième unité de l’avantage numérique, mais il conserve ses responsabilités sur la première unité du désavantage numérique. Entre Rimouski et Sherbrooke, il a amassé 32 points en 60 matches jusqu’ici.

«Je continue ma courbe de progression. Je suis bien à Sherbrooke même si un échange représente toujours un choc. Mon échange de Shawinigan à Rimouski a été bon pour ma confiance et mon développement parce que j’ai eu beaucoup plus de temps de glace. Je suis content de mon évolution depuis trois ans même si je sais qu’il me reste encore beaucoup de choses à améliorer.»

Le Phoenix compte trois autres joueurs aux racines «outaouaises». Le gardien Jakob Robillard de Wendover connaît aussi une bonne saison où il a une fiche de 19-7-2 avec deux blanchissages. Il accorde en moyenne 2,63 buts par match avec un pourcentage d’arrêt de ,902. Colin Ratt (Lac Rapide), qui a joué son hockey mineur en Outaouais et Paul Doré, occupent des rôles de soutien.

L’Outaouais à surveiller dans la LHJMQ

Ailleurs dans le circuit Courteau, certains hockeyeurs natifs de la région d’Ottawa/Gatineau peuvent aussi croire en leurs chances de soulever la coupe du Président, dont Conor Frenette à Québec. Dans son cas, il s’agirait d’un doublé puisqu’il a écrit son nom sur le précieux trophée avec les Tigres de Victoriaville l’an dernier.

À Charlottetown, Xavier Simoneau sera un fer de lance pour les Islanders qui aspirent aussi aux grands honneurs. Toujours dans les Maritimes, Hendrix Lapierre est actuellement blessé, mais son retour est attendu pour le premier match des séries du Titan d’Acadie-Bathurst, une autre puissance de la LHJMQ.

Sans être dans le camp des favoris au premier tour, Evan Boucher et David Lafrance (Halifax), Kieran Craig et Alexis Bourque (Blainville-Boisbriand), Vincent Labelle, Anthony Hamel et Manix Sarrasin (Moncton), Mathieu Gagnon (Rouyn-Noranda), Frédéric Brunet (Rimouski), Marc-Antoine Pépin (Chicoutimi), Francis Woods (Val-d’Or) et peut-être même Andrew Belchamber (Baie-Comeau) représenteront l’Outaouais durant la danse du printemps.

Il ne faut surtout pas oublier les Olympiques de Gatineau, qui alignent plusieurs joueurs locaux dont Manix Landry, Emerik Despatie, Vincent Maisonneuve et Tristan Allard.

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