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Une nouvelle mouture du Plan pour une économie verte 2030 a été dévoilée jeudi par le ministre Benoit Charette et par ses collègues Jonatan Julien et François Bonnardel.

Avec cette plus récente mise à jour, le gouvernement Legault dit avoir désormais défini et financé 51% des actions à mettre en oeuvre pour atteindre en 2030 sa cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Ce n’est en rien une surprise que la moitié seulement de la route soit officiellement tracée.

Depuis le début, il est entendu que le plan est évolutif. Il est prévu qu’on y ajoute de nouvelles actions chaque année. En novembre 2020, 42% des mesures à prendre avaient été identifiées.

La comparaison pourra étonner, mais ce programme est un peu conçu comme les plans de réduction des déficits budgétaires s’étalant sur plusieurs années. Les gouvernements sont généralement capables dès le début d’identifier certaines mesures qui permettront d’atteindre le déficit zéro, mais pas toutes. Les autres sont déterminées au fur et à mesure de l’avancée du temps.

Leadership

Le gouvernement Legault ne veut pas bousculer qui que ce soit. Il sait que nous sommes nombreux à affirmer qu’il faut en faire plus pour lutter contre les sources des bouleversements climatiques. Mais il sait aussi que nous sommes beaucoup moins nombreux à accepter que cela nous coûte quelque chose, soit en termes d’argent, soit en termes de confort.

Comme les autres, le gouvernement du Québec est aux prises avec des demandes et des attentes contradictoires.

Voilà pourquoi aujourd’hui un gouvernement, quel qu’il soit, ne peut agir bien que s’il accepte vraiment de faire preuve de leadership. Tout gouvernement devrait y aller de mesures fortes en se donnant le mandat — la mission — de convaincre son «opinion publique».

À défaut d’avoir passé les derniers mois à tenter de convaincre les Québécois en général qu’il fallait des mesures vigoureuses, le gouvernement Legault veut les convaincre que son plan est sérieux et crédible; que ses mesures, et celles qui viendront encore, permettront réellement d’atteindre la cible de 37,5% de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.

Par rapport à d’autres plans ailleurs au Canada et dans le monde, le plan du gouvernement Legault se défend. Mais il n'offre pas de garantie de résultat. Le marché du carbone ne produira sans doute pas les effets espérés.

Selon le dernier inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre, celles de 2019 étaient inférieures de seulement 2,7% par rapport à celles de 1990… On est loin de l’objectif.

Plus largement, au-delà de ce plan, l’un des problèmes de la CAQ, c’est son tunnel autoroutier entre Québec et Lévis. C’est un gros symbole en la matière.

Québec solidaire

Tout système instaurant des pénalités financières visant à induire de nouveaux comportements n’est pas dans l’ADN du gouvernement Legault. D’où son choix d’opter pour des mesures globalement incitatives.

La beauté de l’affaire pour tous ceux qui, nombreux tout de même, et avec raison, attendent plus et mieux, c’est que des élections générales sont à nos portes.

Les Québécois qui réclament plus d’ambition pourront voter pour Québec solidaire, par exemple.

Mais attention! QS dit vouloir réduire les émissions de GES d’au moins 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990. C’est très ambitieux.

Il faudra que ce parti nous dise précisément quelles mesures il entend prendre pour atteindre cette cible. Sinon, ce ne sera que du vent.

Quelles mesures d’écofiscalité, d’écoconditionnalité et d’écoresponsabilité proposera-t-il?

En cette matière, il faut de la crédibilité, mais aussi de l’ambition. Il faut de l’ambition, mais aussi de la crédibilité.

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