200 personnes marchent pour les Rodriguez-Flores [PHOTOS]

Près de 200 personnes se sont rassemblées, samedi après-midi, afin de manifester leur soutien à la famille Rodriguez-Flores.

Près de 200 personnes se sont rassemblées, samedi après-midi, afin de manifester leur soutien à la famille Rodriguez-Flores qui se terre dans l’église Plymouth-Trinity depuis près de six mois. « Nous espérons que cette fois le gouvernement canadien accorde à la famille Rodriguez-Flores son droit d’être écoutée et de défendre sa cause ! » a lancé Adriana Herrera, qui soutient la famille depuis le premier jour.


Les membres du comité de soutien à la famille Rodriguez-Flores étaient touchés par le nombre de personnes qui ont répondu à l’appel.

« On est très, très heureux. Je suis vraiment touchée que la population soit venue aujourd’hui pour faire cette marche ensemble pour démontrer notre soutien et notre solidarité avec la famille Rodriguez-Flores », a lancé la responsable de la semaine d’actions, Shanna Bernier.

« C’est très réconfortant de vous voir aujourd’hui ! » a ajouté Adriana Herrera qui tenait toutefois à souligner que, même si la semaine d’action prend fin, « la mobilisation continue ! »

Plusieurs membres du comité de soutien à la famille ont prononcé des discours et des témoignages touchants avant le départ de la marche.

« Tant que la famille n’est pas en liberté et en sécurité, non va continuer à frapper à toutes les portes qui sont nécessaires », mentionne celle qui se réjouit d’avoir vu plusieurs nouveaux visages rejoindre les rangs de la mobilisation au cours de la semaine.

La députée fédérale Élisabeth Brière a également témoigné des actions qu’elle a entreprises afin de soutenir la famille, dont une rencontre personnelle avec le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser.

« Maintenant, il faut comprendre que la décision lui appartient. Je peux vous dire qu’il connaissait le dossier, il a été très sensible à la présentation que je lui ai faite et, lundi matin, je pars avec une pétition que Shanna [Bernier] m’a remise de 3000 noms et je vais aussi lui remettre en personne », a-t-elle déclaré, émue.

En effet, le vendredi 22 avril, des membres du comité de soutien à la famille Rodriguez-Flores ont déposé une pétition de plus de 3500 noms et une revue de presse à l’équipe du bureau de la députée de Sherbrooke, Élisabeth Brière, ainsi qu’à l’équipe du bureau de la ministre et députée de Compton-Stanstead, Marie-Claude Bibeau, afin d’ajouter une couche de pression supplémentaire sur le ministre Fraser.

La marche de solidarité, qui partait du Marché de la gare pour se rendre jusqu’à l’église de la rue Dufferin, concluait la semaine d’actions de sensibilisation à la situation que vit la famille.



Des gens de tout âge et de différents horizons étaient présents afin d’apporter leur soutien à la famille Rodriguez-Flores.

Moyens de pression

Rappelons qu’une demande pour que la famille Rodriguez-Flores obtienne la résidence permanente au Canada pour des raisons humanitaires, puisque ses membres ne peuvent retourner au Mexique en raison de craintes pour leur vie, a été déposée.

Comme celle-ci n’a toujours pas reçu de réponse, « les gestes de solidarité avec la famille sont la clé » dans ce combat qui est davantage devenu politique que juridique, selon l’avocat de la famille, Me Stewart Istvanffy. C’est pourquoi des actions ont eu lieu toute la semaine.

Mardi, une délégation citoyenne a réclamé au conseil municipal qu’il accorde la citoyenneté honorifique à la famille Rodriguez-Flores dans l’espoir que cette action puisse aider la cause de la famille d’origine mexicaine. Et mercredi, c’est un blitz d’appels et de courriels au ministre Sean Fraser, qui a été organisé afin de le sensibiliser à la cause de la famille.

Plusieurs avaient des pancartes afin d’afficher des messages d’espoir.

En raison de «l’impunité très importante» qu’ont les cartels de drogues au Mexique et des nombreux conflits qui existent entre l’État et ceux-ci, le gouvernement mexicain «est dépassé» et «ne peut pas intervenir», selon Louise Gagné, responsable pendant de nombreuses années des dossiers des réfugiés au gouvernement du Québec. Aujourd’hui à la retraite, elle fait de son mieux pour «aider» et souhaite que le dossier de la famille Rodriguez-Flores rebondisse dans l’opinion publique.

«C’est la seule option!» lance-t-elle.

Elle tient d’ailleurs à souligner qu’à la base de la Convention de Genève, signée en 1951 par le Canada, existe le statut de réfugié.

«C’est une obligation du Canada de faire entendre une personne qui vient sur son territoire, à la frontière, et qui dit: je ne peux pas être protégée par les autorités de mon pays», mentionne-t-elle.

Dans ce cas-ci, puisque les membres de la famille n’ont jamais eu droit à une audience, elle considère, tout comme Me Istvanffy, qu’ils «sont brimés dans leurs droits fondamentaux».

Georgina Flores (au centre) a livré un témoignage poignant, confiant ses préoccupations et ses peurs.

Combat politique

Après avoir déposé une demande de report du renvoi de la famille qui a été refusée, Me Istvanffy a également déposé une demande de permis de séjour temporaire ainsi qu’une demande de résidence permanente pour des raisons humanitaires. Celles-ci sont néanmoins restées sans réponse jusqu’à présent, les délais habituels sont respectivement de 2 à 3 mois et de 20 à 24 mois, selon lui.

Il craint toutefois un blocage du dossier. C’est pourquoi il encourage la communauté qui les soutient à «faire appel au ministre» surtout qu’«une grande critique [faite] au système canadien, c’est qu’une fois que la décision est prise c’est extrêmement difficile de changer la décision».

En attendant, la situation est très difficile pour Manuel Rodriguez, Georgina Flores et leur fils, Manolo Rodriguez.

Mme Flores a d’ailleurs livré un témoignage poignant en espagnol, avec la traduction d’Adriana Herrera, qui la soutient depuis les premiers jours.

«Je suis très préoccupée, j’ai peur», a-t-elle confié, les larmes aux yeux.

Mme Herrera a d’ailleurs tenu à souligner que les sorties médiatiques sont payantes pour sensibiliser la communauté et le gouvernement, mais que cela «met plus en danger la famille».

Selon Me Istvanffy, dans les circonstances actuelles, «les gestes de solidarité avec la famille sont la clé!»

Solidarité

Afin de créer une vague de solidarité dans la société et que le message se rende au cabinet du ministre, une semaine d’actions est organisée du 18 au 23 avril. Au menu: une intervention au conseil municipal du mardi 19 avril, deux blitz de courriels et d’appels au bureau du ministre fédéral de l’Immigration mercredi et vendredi ainsi qu’une marche de solidarité, dont le départ aura lieu le samedi 23 avril au Marché de la gare de Sherbrooke.

Une pétition, ayant obtenu jusqu’à présent 3 431 signatures, est également accessible en ligne afin de contribuer à mettre de la pression sur le ministre et une campagne de sociofinancement est en cours afin d’aider les membres de la famille à payer, entre autres, leur nourriture et les frais d’avocat.

Selon Me Istvanffy, dans les circonstances actuelles, «les gestes de solidarité avec la famille sont la clé!»