L’annonce a été faite à Oshawa par le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, vendredi. Les informations ont été confirmées au Soleil, sous embargo, lors de l’inauguration du SVEM. Pour les voitures de passagers, le plafond du prix de base qui était de 45 000 $ pour être admissible au rabais passera à 55 000 $. Une extension jusqu’à 65 000 $ (au lieu de 55 000 $) s’appliquera pour les versions plus équipées.
L’exception pour les fourgonnettes Chrysler Pacifica hybrides rechargeables — parce qu’elles étaient assemblées en Ontario — ne sera pas reconduite. Cependant, ce véhicule entre dans la catégorie des VUS et camions (pick-up). Ces véhicules seront admissibles si leur prix de base est de 60 000 $ ou moins, avec une extension jusqu’à 70 000 $ pour les versions plus équipées.
Pour le moment, il est impossible de savoir si l’un des véhicules vedettes du cinquième SVEM, le Ford F -150 Lightning complètement électrique, sera admissible au rabais fédéral, selon les nouveaux paramètres. Son prix de base pour la version XLT — la moins coûteuse — est de 68 000 $.
«C’est ça qui est intéressant. Cela met à portée de mains plus de véhicules électrifiés et on tient compte des préférences des consommateurs», a lancé François-Philippe Champagne, le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie avec qui on a pu s’entretenir après l’inauguration.
M. Champagne a profité du moment pour souligner que le gouvernement fédéral a déjà accordé ce rabais à l’achat pour plus de 150 000 véhicules depuis sa mise en place en 2019. Au dernier budget, la mesure a été prolongée jusqu’en 2025. Rappelons qu’il y a toujours un objectif de vendre uniquement des véhicules branchables au Canada à partir de 2035.
«On a élargi les critères. Maintenant, on souhaite que les constructeurs nous offrent plus de véhicules électriques», a-t-il ajouté, en réitérant la volonté de son gouvernement «à faire la transition vers économie de demain».
«C’est une très bonne nouvelle! D’autant plus que c’est une recommandation que nous avons faite en 2020», a réagi pour sa part le PDG de Mobilité électrique Canada, Daniel Breton.
«En plus de cet élargissement des critères, on a aussi annoncé 1 milliard $ pour améliorer l’étendue du réseau de bornes rapides pour ajouter 50 000 bornes au pays. En plus de favoriser la mise en place d’un écosystème canadien pour devenir un leader dans cette transformation industrielle verte et verdir la chaîne d’approvisionnement. C’est un non-sens d’extraire en Afrique et raffiner en Asie des ressources qui sont disponibles ici pour alimenter des véhicules électriques», a dit le ministre, en citant les récentes annonces de BASF, de General Motors et de Stellantis dans la fabrication de composants pour les véhicules électriques.
Tout le gratin politique était réuni lundi chez un concessionnaire GM de la région de Montréal afin de confirmer cet investissement auquel participeront les gouvernements canadien et québécois. Selon le plan de GM et de Posco, une entreprise sud-coréenne spécialisée dans les matériaux de pointe qui se consacre aux batteries pour la mobilité future, la construction de l’usine va débuter incessamment. Les cathodes provenant de Bécancour serviront à équiper le Chevrolet Silverado, le GM Hummer et le Cadillac Lyriq.
«Nous avons besoin de véhicules électriques dans tous les segments de l’industrie, incluant les camions, et cette usine va fournir les composantes de batteries pour cette gamme de véhicules. Nous avons choisi Bécancour pour l’énergie à faible coût, pour son excellent emplacement et pour l’accès aux minerais canadiens. La production va commencer en 2025», a déclaré Scott Bell, président-directeur général de General Motors du Canada, en précisant que la possibilité d’agrandir l’usine a aussi joué un rôle dans le choix de l’emplacement.
La décision de GM et de Posco de choisir le parc industriel et portuaire de Bécancour réjouit grandement François-Philippe Champagne. Selon le ministre canadien de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie, cette annonce entraîne non seulement le retour de GM au Québec via une usine de pointe, mais permet au Québec d’intégrer la chaîne d’approvisionnement dans les véhicules du futur pour le marché nord-américain.
«Pas de batteries, pas de chaîne d’approvisionnement du futur. La compétition était forte avec différents États américains. L’annonce de GM est cruciale. L’écosystème des batteries est en train de prendre forme chez nous. La prochaine pièce du puzzle est d’avoir une usine de fabrication de batteries au Canada», avance le ministre et député fédéral de Saint-Maurice–Champlain.
Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et du Développement régional, parle de Bécancour et de toute la région comme étant une vallée de la batterie.
«Le retour de GM au Québec, par la porte de l’électrification des transports, me fait chaud au cœur. Considérant que nous avons du graphite, du lithium, ça devenait naturel pour GM de considérer Bécancour. Ce sont des composantes qui entrent dans les anodes et les cathodes», raconte le ministre Fitzgibbon, en précisant d’autre part que Shawinigan, qui désire devenir une zone d’innovation en électrification des transports, aura sa part éventuellement dans la création de cet écosystème incluant Bécancour et Trois-Rivières avec sa filière de l’hydrogène.
Cet investissement massif est aussi accueilli avec joie par le syndicat Unifor, dont l’un des syndicats fondateurs représentait les travailleurs de GM de l’usine GM de Boisbriand qui a fermé en 2002.
«En tant que plus grand syndicat du secteur automobile, nous suivons avec grand intérêt tous les développements liés à la filière batterie. C’est évidemment un groupe que nous souhaitons représenter», a commenté par communiqué le directeur québécois du syndicat Unifor, Renaud Gagné.
Financement à dévoiler
L’annonce de ce projet de 500 millions de dollars n’a pas permis de connaître la participation financière de chacun des partenaires. Les représentants des gouvernements canadien et québécois assurent que celle-ci se fera à l’intérieur de paramètres de soutien déjà existants.
«Le financement sera structuré selon les engagements de GM et de Posco. Il y aura le concept du gouvernement du Québec avec des prêts pardonnables qui sont arrimés avec les emplois qui seront créés», précise Pierre Fitzgibbon.
La contribution des gouvernements dans ce projet devrait être connue d’ici quelques semaines. D’autre part, le gouvernement du Québec assure que ce projet de construction respectera les règles en matière environnementale.
«Au cours des deux dernières années, on a regardé le potentiel à développer sur le territoire. Des travaux ont été faits sur les terrains, les milieux humides, le type d’usine. On a identifié les terrains disponibles, ce qui nous permet d’aller plus rondement. Il y a une procédure et on va s’y conformer», commente Benoit Charette, ministre de l’Environnement, lui qui considère que l’arrivée de cette usine dans le parc industriel et portuaire de Bécancour est un pas de plus dans la progression du Plan pour une économie verte 2030.
Il s’en est coulé de l’eau sous les ponts depuis le déploiement de la première borne rapide à courant continu (BRCC) de 400 volts, en 2013, par le Circuit électrique. La filiale d’Hydro-Québec a annoncé il y a une dizaine de jours que le cap des 500 BRCC vient d’être franchi.
«Une borne parmi les suivantes est la 500e borne rapide du Circuit électrique [nous ne faisons pas de favoritisme]. Bonne route à vous, et merci de nous suivre», pouvait-on lire dans la page Facebook du Circuit électrique.
En tout, au cours des trois derniers mois, plus de 40 bornes rapides ont été mises en service aux abords des routes du Québec.
Dans cette même page Facebook, certains faisaient part de leur hâte de voir apparaître des bornes ultrarapides, comme des 800 volts à 350 kW. «On travaille présentement sur des bancs d’essai pour tester la technologie, et être prêts quand le besoin va être là.»
Une autre personne écrivait: «À quand une BRCC dans le Vieux-Québec ou pas loin de là. Y’a juste quelques niveau 2 et elles sont dans les stationnements souterrains. Merci.»
Une autre personne demandait qu’était le plan futur pour les véhicules avec remorque. «Nous étudions chaque nouveau site avec cette réalité en tête. Lorsque le site nous offre l’espace adéquat, nous installons les bornes en conséquence. Il existe un filtre dans l’application pour mieux repérer les sites adaptés», répondait l’administrateur de la page Facebook.
Du nouveau dans l’application
Par ailleurs, le Circuit électrique a inclus une nouveauté dans son application mobile: un planificateur de trajets. Déjà, à même cette application, plusieurs opérations pouvaient être faites, comme le suivi en direct de la recharge, l’ajout de fonds sur la carte et le repérage des bornes du Circuit électrique et de Flo.
Maintenant, avec le planificateur de trajets, l’électromobiliste peut planifier un trajet en fonction de plusieurs données: les heures de départ et d’arrivée, l’achalandage aux bornes, la météo, le dénivelé de la route et les caractéristiques techniques du véhicule.
«Le planificateur de trajets dans l’application mobile Circuit électrique a été conçu spécifiquement à l’intention des conducteurs québécois de véhicules entièrement électriques. Ce nouvel outil a été pensé en tenant compte non seulement de la topographie de notre territoire, mais également des facteurs climatiques propres au Québec, qui ont un impact direct sur l’autonomie de votre véhicule», peut-on lire dans la communication envoyée par le Circuit électrique. «L’outil utilise l’intelligence artificielle afin d’améliorer ses prévisions; à cette fin, il analyse les données réelles anonymisées de toutes les recharges effectuées à nos bornes.»
Enfin, le planificateur de trajets peut proposer des itinéraires personnalisés, selon le profil de recharge du véhicule.